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La France, les ivoiriens et les élections

Si tout le monde s’accorde pour reconnaître que seule des élections libres et crédibles peuvent permettre à la Côte d’Ivoire de sortir de la crise, tout le monde sait également que la classe politique ivoirienne est à la fois versatile et inconsciente, c’est ce qui fait craindre déjà un syndrome kenyan avec son lot d’affrontements, de destructions, de meurtres et d’émeutes post électoraux.

Dans cette perspective, la France qui est le protagoniste principal de la crise ivoirienne à travers sa présence militaire, son soutien visible et invisible à la rébellion doit jouer franc jeu pour aider la Côte d’Ivoire à sortir de cette crise qui a affecté toute la sous région ouest africaine. Pour cela il faut se poser la question de savoir :

Qu’attend-t-on de la France en Côte d’Ivoire ?

 

Les ivoiriens attendent de la France qu’elle renonce à vouloir choisir à leur place celui qui doit diriger la Côte d’Ivoire. L’idée d’un chef d’état ivoirien gardien des intérêts français en Côte d’Ivoire est une idée ridicule, stupide, insensée, fondamentalement inacceptable au regard des souffrances du peuple ivoirien et plus que dépassée à l’heure de la mondialisation.

En observant l’Etat Français et ses représentants, les africains ont le sentiment que la France est un pays maudit, frappé d’une sorte de maladie congénitale, qui fait que du Général De Gaulle au petit Sarkozy, la France Soutien toujours les dictatures contre les peuples africains. Nous avons l’impression que la classe politique Française éprouve une sorte de jouissance et une tendresse passionnelle pour les Généraux de pacotille.

De Félix Malloum hier à Ndjamena, au sinistre Mobutu de Kinshasa, de Sassou Nguesso à Brazzaville, à Moussa Traoré de Bamako, d’Habyarimana à Kigali, à Eyadema et fils à Lomé, de Jean-Bedel Bokassa et autres Bozizé à Bangui sans parler des Houphouët, EL Hadj Omar Albert Bernard Bongo Odimba le mollah de Libreville, au roi de Yaoundé Paul Biya et autres capitaine Blaise Compaoré, l’assassin de Thomas Sankara, qui règne sur Ouagadougou et le Burkina Faso. C’est tout cela qui disqualifie la France à parler des droits de l’homme et de démocratie devant les africains et des ivoiriens en particulier.

Le rôle jouer par la France dans les élections présidentielles togolaises, est encore dans toutes les mémoires. Si radio France internationale s’amuse dans le cas de la Côte d’Ivoire de désigner un vainqueur alors que le décompte n’est pas terminé et si le président français s’amuse à envoyer un message de félicitation à un candidat ami de la France quand le résultat du scrutin n’est pas encore proclamé par la commission électorale.

La France créera toute seule les conditions d’un immense désastre post électoral. La Côte d’Ivoire n’est pas la France , encore moins une partie de la France , et cela doit être bien compris à Paris une bonne fois pour toute af in d’éviter un autre désastre en Afrique après la tragédie Rwandaise, dont la France était le complice.

C’est en voulant protéger une dictature clientéliste, un régime pourri, celui du général d’opérette Juvénal Habyarimana et non d’aider un peuple, que La France à poussé le Rwanda dans l’immense désastre que fut le génocide dont - elle s’en lave les mains aujourd’hui comme Ponce Pilate hier devant la condamnation de Jésus Christ. C’est cela qui fait de la France un problème en Côte d’Ivoire et non une solution.

Au Rwanda la France à soutenu, par cécité politique, le camp hutu d’Habyarimana en prétendant aujourd’hui qu’elle ignorait sa puissance mortifère et la haine féroce qui le séparait du camps tutsi. La France avait soutenu les fameux accords d’Arusha en sous-estimant l’isolement international dans lequel elle poussait son dictateur ami. En Côte d’Ivoire Les accords de Linas Marcoussis d’inspiration française, ont fait plus de mal que de bien à ce pays malade qu’est la Côte d’Ivoire.

Voilà pourquoi les ivoiriens ne veulent même plus entendre parler de Marcoussis qu’ils considèrent comme les accords de la combine et de la discorde. voilà des choses simples qui doivent donner à réfléchir aux énarques de l’Elysée et du quai d’Orsay qui pensaient mieux connaître La Côte d’ivoire que les ivoiriens.

La situation de monopole des entreprises françaises en Côte d’ivoire mérite d’être révisée au gré des intérêts de la Côte d’ivoire à l’heure de la libre compétitivité économique et industrielle. Le temps ou les entreprises françaises faisaient de gros bénéfices en Afrique sans verser le moindre impôt à nos malheureux pays est fini et bien fini, car c’est du vol et une spoliation indigne de la France.

En ce qui concerne les accords de coopération entre la France et la plupart des pays africains dont la Côte d’Ivoire. Nous pensons qu’il est temps de les réviser de fond en comble. Car ces accords ont pour buts : la vass alisation pure et simple de nos malheureux pays africains.

Au demeurant, nous considérons d’une manière générale que la souveraineté d’un pays ne doit s’accommoder d’aucune allégeance quelle Qu’elle soit, et que la coexistence des Etats a besoin, pour être durable et profitable à tous, doit être établie sur le respect et la considération réciproque et non sur des rapports entre tuteur et mineur. Elle doit être exempte de toute contrainte et laisser intacte, chez chacun, la capacité de choisir et de refuser.

Les africains en général et les ivoiriens en particulier souhaitent l’avènement d’une vraie coopération franco-africaine qui doit prendre à bras le corps la lutte contre la pauvreté, pour que nous puissions avoir chez nous aussi des routes praticables en toutes saisons, des hôpitaux pour nous soigner, des écoles pour éduquer et former notre jeunesse, bref, faire en sorte que des choses simples comme se loger, mettre son fils à l’école, trouver un travail et se nourrir convenablement, ne soient plus un rêve pour notre génération

Finalement, nous invitons la France et sa classe politique, à apprendre à se regarder autrement, rien n’est en effet plus urgent que la révolution des regards qui sont tournés vers l’Afrique mais aussi vers les français et la France , pour sortir la coopération franco-africaine des réseaux de barbouzes, des combines mafieuses et affairistes qui ne tiennent compte que des petits intérêts sordides et mesquins de la seule France qui croit être le centre du monde.

Nous avons dit au début de notre intervention que la classe politique ivoirienne est versatile. Observons ici les hommes et la nature des casseroles qu’ils traînent tous derrière eux pour comprendre ce qui sera leur avenir dans le nouveau destin de la Côte d’Ivoire post conflit.

Henri Konan Bedié :

La politique, est un domaine de la vie dans lequel la médiocrité et l’incompétence d’un acteur politique s’étalent au grand jour avant de l’enfoncer dans les abîmes de l’histoire tragique dont il est aussi le sujet. La plus grande erreur politique de M. Bédié a été de croire par manque d’humilité qu’il allait être comme M. Houphouët-Boigny, le président à vie de la Côte d’Ivoire. C’était un mirage, et une inconscience lamentable, la Côte d’Ivoire avait changé entre temps et M. Bédié ne le savait pas.

Le successeur d’ Houphouët-Boigny était-il l’homme de la situation ? n’a-t-il pas porté des habits plus grands que lui ? C’est l’homme qui a crée l’ivoirité en politique, ce concept débile qui a fait tant de mal au corps social de la Côte d’ivoire en détruisant le vivre ensemble et tout ce qui va avec.

C’est malheureusement sa gestion qui a conduit les ivoiriens au coup d’état de décembre 1999. Est ce que lui et son parti le PDCI-RDA, ont vraiment tiré les leçons du putsch de noël 1999, qui plongea le pays dans l’instabilité chronique ?

Pourquoi est-il aller manger et fêter dans son village de Daoukro sans régler un problème anodin comme le versement des primes de s soldats ivoiriens de la MINURCA ? Pourquoi est-il allé se réfugier à la résidence de l’ambassadeur de France à Cocody ? Pourquoi à l’annonce de sa destitution par le général Robert Guei, son parti le PDCI-RDA et ses clubs de soutien n’ont-ils pas bougé ? pourquoi son appel à la résistance face au coup d’état, est-il resté sans suite ?

Nous pensons que l’ancien président doit chercher en urgence à trouver des réponses sincères à toutes ces questions et il comprendra que les ivoiriens lui reprochent de s’être planqué dans une chancellerie étrangère, pour leur demander de s’offrir en holocauste pour lui.

sa propension à aller fêter ses milliards et son accession au pouvoir comme une coupe ou une médaille olympique, n’est pas du goût des ivoiriens. Beaucoup de ses compatriotes ne lui pardonneront pas d’avoir inoculer le virus de l’ivoirité dans la vie politique de la Côte d’Ivoire.

Les nombreux scandales financiers, qui tournent autour de lui et de ses proches. Des membres de sa famille avaient le monopole de l’importation de riz en Côte d’Ivoire, sous sa présidence, alors que le pays pouvait développer aisément la production de cette denrée sur place. Bref il est affairiste de nature et loin des ivoiriens. Il ne connaît pas le prix d’un litre d’huile, d’un Kg d’igname, de viande ou d’un régime de banane. Il n’a jamais payé de loyer, car il vivait soit dans sa propre maison ou dans des logements de fonction.

Depuis l’âge de vingt six ans jusqu’à ce jour M. Henri Konan Bédié, est un homme qui d’Ambassadeur, à la Fonction de Ministre en passant par la présidence de l’assemblée nationale jusqu’au sommet de l’Etat ivoirien, n’a fait que vivre dans les ors et les lambris de l’Etat.

Il faut qu’il retrouve un peu la réalité des quartiers pauvres et des campagnes ivoiriennes. Il doit apprendre aujourd’hui à payer de sa poche l’eau, l’électricité, le gardien, le cuisinier, le maître d’hôtel, le jardinier, les études des enfants, le loyer, la popote, l’essence pour la voiture etc. pour devenir simplement un ivoirien comme les autres, c’est à ce prix qu’il pourra gagner les cœurs de ses compatriotes.

Les ivoiriens n’oublieront pas son penchant pour les gros cigares, l’alcool. Les vins du bordelais et le champagne rosé en particulier. Sa manie de jouer au pourrissement en faisant traîner les problèmes avant de les résoudre, son manque de vision pour l’avenir commun et son incapacité à gérer la Côte d’Ivoire au bénéfice de tous les ivoiriens, sont à la base de l’immense clameur de joie, de délivrance et des fêtes populaires à travers le pays qui ont salué le Coup d’Etat du général Guei à la Veille de Noël 1999.

C’est ce qui explique aussi le ralliement de nombreux cadres membres du PDCI-RDA au putsch de noël 1999. son penchant affairiste et le fait que lui et ses proches figuraient dans plusieurs conseils d’administration d’entreprises, a provoquer un profond dégoût chez les ivoiriens, qui veulent avoir à la tête de leur pays un homme au dessus de tous soupçons .

C’est pourquoi , Mr Bédié et ses amis fr ançais doivent tirer en toute humilité les leçons de l’Histoire récente de la Côte d’Ivoire dont-ils furent tous des acteurs. Car Dans l’isoloir électoral, les ivoiriens se souviendront très bien de ce passé récent.

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Tag(s) : #Politique Africaine
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