La nouvelle tribune - - 29 mai 2008 Vente de l’essence kpayo, La démission du gouvernement du changement |
---|
![]() Dans la lutte contre l’essence illicitement importée du Nigéria communément appelée ‘’kpayo’’, l’Etat béninois a montré des signes flagrants de démission. Les Béninois ont encore souvenance qu’au début du mandat du président Boni Yayi, la lutte contre le kpayo était une priorité. Le gouvernement du changement avait affiché clairement ses intentions d’éradiquer ce commerce que Moudjaïdou Soumanou, alors ministre du commerce et de l’industrie, qualifiait de honte pour le pays. Car, disait-il, ‘’dans aucun pays au monde, on ne vend en pleine rue l’essence’’.
Beaucoup de béninois avaient jubilé pensant que le gouvernement avait pris la mesure du danger permanent que ce trafic constitue pour eux et pour le pays. Ils ne tarderont pas à se désillusionner. Pour des considérations politiques et de sauvegarde de potentiels électorats, plus que par souci d’apaisement social, la lutte fut très vite abandonnée. Boni Yayi et son gouvernement ont capitulé face aux menaces des vendeurs et gros trafiquants du kpayo. La contrebande a repris de plus bel. Certains membres du gouvernement se sont accoquinés avec les trafiquants. Ainsi, des gros bonnets de ce commerce illicite ont participé aux côtés du pouvoir à certaines joutes électorales. Aujourd’hui, le phénomène prend davantage d’ampleur et ses dégâts s’alourdissent davantage. Malgré cela, le gouvernement ne semble aucunement préoccupé. Il ne pipe plus mot, et s’est enfermé dans un silence à la limite de l’intolérable. Des citoyens Béninois meurent presque tous les jours du fait de ce trafic et cela ne semble guère émouvoir le gouvernement du Dr Boni Yayi. Au point où on se demande s’il n’a pas démissionné avec ce silence complice et coupable. A part ce projet de construction de mini stations, initié pour formaliser le secteur, que des barons de son sérail ont tôt fait de s’approprier et récupérer à leur compte, plus rien ne profile à l’horizon. Aucune politique clairement définie n’a été proposée par l’Etat béninois. Et pourtant, le président de la république, Dr Boni Yayi a encore à ses côtés son ex-ministre Zorro de la lutte contre le trafic du kpayo comme conseiller technique à l’industrie. Il peut encore avoir recours à ses expertises pour réorganiser le secteur. Ce manque de politique dans le secteur pétrolier est davantage préoccupant quand on sait que des études ont prouvé l’existence du pétrole aux larges des côtes du Bénin. Il est donc impérieux qu’une solution soit trouvée. Des réflexions approfondies doivent être menées pour définir les actions idoines à entreprendre de manière chronologique pour assainir le secteur. En laissant le commerce illicite de l’essence frelatée perduré sans prendre des mesures appropriées, le gouvernement avoue son impuissance et se rend complice des dommages causés à la population par ses contrebandiers.
Des engagements, deux ans après !
Beaucoup d’engagements avaient été pris par le gouvernement béninois dans le cadre de la lutte contre le trafic des produits pétroliers de contrebande. Deux ans après la série de rencontres que le chef de l’Etat assisté des membres de son gouvernement ont eues personnellement avec les acteurs de cette activité illicite et dangereuse, l’on est encore presque à la case de départ. Les abords des principales voies continuent d’abriter dans les grandes villes du Bénin ces stands de vente de l’essence de contrebande connue sous l’appellation population « Kpayo ». Pis, le lot quotidien de dégâts causés par cette activité est désormais des plus préoccupant. Et pourtant, il y a deux ans, alors qu’il venait de s’installer, le régime du changement avait pris d’importantes résolutions au bout desquelles, le miracle devrait se produire. Il s’agit, selon les engagements pris devant les acteurs consentants par le président de la République lui-même, de mobiliser au besoin les établissements financiers, les bailleurs de fonds et autres partenaires au développement afin d’aider à la réinsertion sociale des vendeurs reconvertis. Cette reconversion consistera selon les explications données à l’époque par l’ancien ministre de l’industrie et du Commerce, Soumanou Moudjaïdou à accorder des facilités et des crédits aux acteurs qui désireraient continuer dans le secteur des hydrocarbures, pour l’installation et l’exploitation de mini stations trottoirs. D’autres qui voudraient changer d’activités bénéficieront eux aussi des appuis nécessaires pour le démarrage et le développent de leur nouvelle activité. Les promesses étaient si fermes et sérieuses à l’époque que même le directeur général de Banque régionale de solidarité, M. d’Almeida, invité à l’une des rencontres à la salle des peuples du palais de la présidence avait rassuré Oloyé le grand transporteur des produits pétroliers de contrebande et tous ses camarades de l’appui de son établissement financier. Le bilan deux ans après toutes ces belles promesses sont là à la portée de tous. En revanche, le gouvernement a peut-être réussi un exploit, celui de maintenir les prix des produits pétroliers à la pompe à des taux défiant toute concurrence dans les pays de la sous région. Aussi a-t-il réussi avec le règlement partiel de la nébuleuse affaire de la Sonacop Sa à désormais assurer la disponibilité des produits au niveau des stations services tournant ainsi la fumante page des pénuries dont il hérité du régime défunt.
Benoît Mètonou et Ludovic D. Guédénon |