Après la Cen-Sad, le Bénin !
19 juin 2008
Le 10ème sommet de la communauté des Etats Sahélo-sahariens (Cen-Sad) est désormais entré dans l’histoire. Adieu Cotonou 2008. Boni Yayi, nouveau président de la Cen-Sad va redescendre sur terre. Les réalités béninoises ont la vie dure et elles réclament que le dédoublement ne pénalise le président du Bénin au profit du chef de la Cen-Sad successeur de Kadhafi.
L’actualité de la crise de l’installation des conseils communaux n’a pas été éclipsée par la Cen-Sad. En plein sommet, les politiciens avaient jeté le pavé dans la mare. La conférence de presse tumultueuse, sans doute inopportune, n’a pas moins réveillé les esprits. 24 conseils communaux souffrent d’installations. Les cérémonies avortées le 03 juin ont laissé des séquelles.
Les prédateurs de la paix se complaisent dans une situation rendue compliquée par le défoulement politique et les manœuvres hideuses. La spirale de la violence dans certaines mairies et les déclarations belliqueuses d’acteurs politiques ne sont pas source d’apaisement. Le gouvernement du docteur Boni Yayi peut maintenant se concentrer sur la résolution de la crise des installations. Ainsi, les communes concernées par les actes de sabotage et le report de l’élection des maires pourront rattraper la légalité sortie des urnes le 20 avril et le 1er mai 2008. Les agitations politiques survenues à l’heure de la Cen-Sad pour revendiquer l’installation des conseillers communaux n’ont certes pas faibli la notoriété du régime mais le temps joue contre le pouvoir.
Deux mois après les élections locales, communales et municipales, la question du remaniement ministériel envahit les débats politiques. Le vote des populations semble lui-même dicter de profondes modifications au niveau de l’ossature gouvernementale. Le principe de l’ouverture et d’une gestion concertée du pouvoir, validés dans les urnes attend une réaction positive du chef de l’Etat. Si dans ce cas, le temps ne joue pas forcément contre Boni Yayi, il effrite cependant le système fondé sur le régime Fcbe. A mi-mandat, le président de la République, plébiscité en mars 2006, ne devrait pas banaliser la volonté des électeurs. La seule Fcbe n’est plus apte à gouverner avec le leader du changement. Boni Yayi gagnera à tout mettre en œuvre pour respecter les futurs accords avec le G13. Ce partenaire du pouvoir a déjà prouvé sa bonne foi en multipliant les gestes de rapprochement. La présence du G13 à la cérémonie d’ouverture du sommet de la Cen-Sad est éloquente. L’essentiel est de ramener la balle à terre. Le prochain remaniement tiendra compte de ce changement d’attitude. Yayi a la clé de l’ouverture.
Le chef de l’Etat est aussi et toujours face à la dure réalité des effets de la crise alimentaire. L’espoir né du sommet de la Cen-Sad n’est pas un décret signant la fin des souffrances des populations. De nouvelles mesures devraient accélérer la marche vers l’autosuffisance alimentaire. Pour que la double casquette soit mise au service du changement, le président de la Cen-Sad doit constamment aider le président de la République du Bénin. Ainsi, Boni Yayi doit jouer ses deux cartes. Le développement rural et la sécurité alimentaire au cœur du sommet de la Cen-Sad sont inspirants. Il faut privilégier la méthode de l’anticipation.
Et maintenant après la Cen-Sad, Boni Yayi est accueilli par les grèves. L’inspection générale du travail et les agents administratifs et des transmissions des préfectures boudent le gouvernement. Du ciel de la Cen-Sad à la terre béninoise, Yayi retrouve les caprices de la rue et les artisans du débrayage. Thalès occupé à regarder le ciel s’est retrouvé dans un puits. Le piège est encore visible sur le chemin du double président du Bénin et de la Cen-Sad.
Le gain de galons à la Cen-Sad n’octroie pas un bâton magique pour résoudre les problèmes intérieurs. Le slogan du changement et la devise de l’émergence exigent une constante concentration du chef de l’Etat sur les tâches de développement. Il revient à Yayi de suivre sa vision, celle qui marque la rupture. Ainsi le président de la République aidera son homologue de la Cen-Sad. Yayi ne sera pas en conflit avec lui-même.