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Après la déclaration conjointe du G 4, du G13 et de Force Clé : Vers la gestion du Bénin par ordonnance

 

LE MATINAL 30 juin 2008


 

Les forces politiques dites de l’opposition semblent sur le point de priver progressivement le gouvernement du changement de tous les actes législatifs. En effet, la paralysie des activités à l’Assemblée Nationale ainsi que leur déclaration conjointe du jeudi 26 juin 2008 pourraient obliger le président Yayi Boni à recourir désormais aux mesures exceptionnelles pour se tirer d’affaire.

Les contraintes politiques actuelles pourraient obliger le gouvernement à recourir à l’article 68 de la loi fondamentale pour liquider les affaires courantes avec la situation qui prévaut désormais dans le pays. L’Assemblée Nationale est plus que jamais paralysée : aucune plénière n’est en vue et les uns et autres attendent désormais l’invitation du président Mathurin Nago pour assister à la clôture de la première session ordinaire de l’année au cours de laquelle les députés n’ont pas pu se réunir au moins dix fois. Et la déclaration conjointe, jeudi dernier, du G 4, du G 13 et de Force Clé qui fait déjà trop de bruit dans le pays, risque de resserrer autant que possible l’étau autour du président Yayi Boni au point où les grands dossiers qui poireautent dans les tiroirs au Palais des Gouverneurs à Porto-Novo en viennent à être gérés par ordonnance comme l’indique la constitution. En effet, au terme des dispositions de cet article 68, lorsque les institutions de la République , l’indépendance de la nation, l’intégrité du territoire national ou l’exécution des engagements internationaux sont menacés de manière grave et immédiate et que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics et constitutionnels est menacé ou interrompu, le président de la République , après consultation du président de l’Assemblée Nationale et du président de la Cour Constitutionnelle , prend en conseil des ministres les mesures exceptionnelles exigées par les circonstance sans que les droits des citoyens garantis par la constitution soient suspendus. C’est bien dans ce cas que le pays s’est finalement retrouvé. A cause du manque de vision prospective qui a caractérisé la prise de certains actes politiques dans le pays depuis un peu plus de deux ans. Parce qu’on a fait croire au chef de l’Etat qu’il peut se passer des formations politiques traditionnelles et grâce à sa liste Force Cauris pour un Bénin Emergent (Fcbe), il peut se doter d’hommes politiques neufs pour l’aider à conduire son quinquennat et même rempiler en 2011 sans difficulté. Ce qui est très faux et il doit désormais le savoir à ses dépens. Parce qu’au Bénin de l’ère du renouveau démocratique, les partis ou groupes de partis qui se créent autour d’un chef d’Etat en exercice ne lui ont jamais permis d’atteindre ses objectifs. Simplement parce que les hommes politiques qui les composent viennent par intérêt et partent aussitôt après la lune de miel. L’histoire rappelle la situation de la Renaissance du Bénin (Rb) créée de toute pièce sous le mandat de Nicéphore Dieudonné Soglo. Les courtisans qui y avaient adhéré pour se faire directeurs, ambassadeurs, préfets ou ministres, sont tous partis avant que la barque ne chavire en 1996. C’est d’abord Thimotée Adanlin qui a été le premier a claqué la porte pour créer son propre parti avec certains de ses amis communistes en vue de préparer l’après Soglo. D’autres grandes personnalités insoupçonnables vont lui emboîter plus tard le pas et la Rb, comme le dit souvent sa présidente, Mme Rosine Vieyra Soglo, aura désormais mieux à faire en comptant d’abord sur la famille. Comme les causes produisent toujours les mêmes effets, l’Union pour le Bénin du Futur (Ubf) du Général Mathieu Kérékou n’a pas survécu aux aléas. Le comble, c’est que nombre de partisans du Général qui croyaient fermement qu’on pouvait réviser sans problème la constitution et ont œuvré pour la cause pour être toujours aux affaires ont basculé, au dernier moment et, contre toutes attentes, à la Fcbe et sont même devenus les meilleurs penseurs du changement.

Les autres causes du malheur de Yayi Boni

Au delà de l’inopportunité de la Fcbe , il y a ensuite ces bases qui n’étaient du tout pas solides contrairement à la vague des partis politiques qui avaient permis de créer la Rb et l’Ubf. En dehors de l’Union pour la Démocratie et la Solidarité (Uds) de Sacca Lafia, la Fcbe est actuellement formée de quelques mouvements, de confessions religieuses et de certaines personnalités qui n’ont pas le poids politique nécessaire pour consolider les bases de leur groupe. La preuve en est qu’ils n’ont pas pu donner le résultat escompté lors des dernières élections locales. Pourtant, c’est encore eux qui jouent aux meilleurs stratèges pour écarter les plus méritants dont le président Yayi Boni a bien besoin pour un quinquennat paisible. La preuve en est aussi qu’il a été admis au second tour des présidentielles de mars 2006 avec 35% de l’électorat national alors qu’il avait le soutien des groupes politiques comme le Parti National Ensemble (Pne) de Jean-Pierre Ezin, l’Uds de Sacca Lafia, l’Upd Gamesu de Jean-Claude Hounkponnou en ce moment et du parti Echelle de Edgar Alia. Et on peut avancer qu’en dehors de la personnalité de Yayi Boni même, ces groupes n’ont pas apporté plus des 10% de ces suffrages qui l’ont conduit au second tour. Il a fallu que le Parti Social Démocrate (Psd) de Bruno Amoussou, le Mouvement Africain pour la Démocratie et le Progrès (Madep) de Séfou Fagbohoun, la Renaissance du Bénin (Rb) de Rosine Vieyra Soglo et bien d’autres personnalités de grande notoriété se mêlent à la danse pour qu’il gagne la magistrature suprême à 75% des suffrages. Un apport de 40% dont il a dû se séparer à cause des thuriféraires qui vont l’abandonner d’ici peu. On dit même qu’ils sont déjà un certain nombre à faire double jeu et attendent du côté du Palais des Gouverneurs à Porto-Novo un vote secret pour lui faire la fête. Parce que c’est comme çà que la politique fonctionne dans le pays et c’est quand c’est rose que tout le monde est là.

Les considérations économiques et sociales

Le pays a connu, par le passé, des situations de blocage du genre que les dirigeants d’alors ont su gérer. La première date des années 1994 et1995 sous le président Nicéphore Dieudonné Soglo et 1999 et 2000 avec le Général Mathieu Kérékou où l’exécutif et le législatif étaient à couteaux tirés. Le comble, c’est en décembre 2000 où l’Assemblée Nationale n’a pas voté le budget 2001 et le Caméléon a dû faire exécuter la loi des finances par ordonnance. Cependant, on dira que la situation qui prévaut dans le pays, par ces temps qui courent, aura été unique en son genre. Les complications actuelles sont dues à la crise économique mondiale pour laquelle les caciques du régime Yayi Boni peinent à trouver la solution locale adéquate. D’un autre côté, il y a les intrigues politiques qui ont généré à leur tour des grèves perlées dans plusieurs administrations du pays juste pour faire du mal au chef de l’Etat qui ne veut pas vite prendre ses responsabilités en s’éloignant de ces hommes politiques qui ne peuvent rien pour lui avec la situation actuelle très pourrie. Car, la solution des ordonnances vers laquelle on le pousse, le rendra plus impopulaire pour le finir politique. Alors qu’il a 2011 à préparer et la situation telle qu’elle se présente maintenant risque de compromettre son retour aux affaires en 2011. Et, à terme, ce sont les mêmes qui lui conseillent de foncer la tête baissée qui montreront qu’il est trop dur d’oreille avant de lui claquer la porte au nez.

Jean-Christophe Houngbo (Br./Ouémé Plateau)


Tag(s) : #Politique Béninoise
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