CHERTE DE LA VIE: Mobiliser la troupe de production
02.08.2008
Par François Adjallala, Ingénieur Agronome
L’heure n’est pas aux querelles de chapelles politiques encore moins au soutien fallacieux. Il s’agit plutôt de nous ceindre les coudes pour aller à l’assaut de la cherté de la vie.
Incroyable mais vrai. Qui pouvait imaginer que le kilo de maïs coûterait 600 F CFA ? Il ne s’agit pas d’un récit de fiction mais d’une réalité et le fait a eu lieu en cette année 2008 chez nous au Bénin. Combien de familles à faibles revenus peuvent alors nourrir leurs progénitures dans ces conditions ? Pour un agronome, comme moi, qui a connu les années 1989-1990, il s’agit d’une situation douloureuse et regrettable qui est de retour, car en ces années-là, la faim a engendré des dégâts importants dans les familles et les cités. Oui la crise alimentaire et la cherté des produits de consommation de première nécessité sont là patentes, indiscutables. Elles sont là comme une armée ennemie de la démocratie, de la paix sociale et de la stabilité des nations. Mais face à cet ennemi puissamment armé et décidé à l’échelle planétaire de déstabiliser les familles et les peuples, où est l’armée de combat du peuple béninois ?
C’est vrai, il y a un général de combat et de commandement qui s’appelle Dr Boni Yayi, mais où est la troupe ? Il n’est pas exagéré de dire que le général de combat n’a pas beaucoup de soldats derrière lui qui ont la même préoccupation que lui et qui sont prêts au sacrifice pour les intérêts supérieurs de la Nation. En effet, combien de cadres du Maep, d’agents de terrains, de producteurs, de commerçants de produits vivriers, de vendeurs d’intrants, de banquiers, de maires, de citoyens lamda etc. ont décidé, sagement et par amour pour la patrie, chacun à son niveau, de se mettre dans les rangs pour combattre la crise alimentaire?
Souhaitons vivement qu’il en existe. Même si toutes les composantes décident de se regrouper, sont-elles capables de faire bloc ? Les cadres ne vont-ils pas continuer le jeu «de tombe et je prends ta place» ou «si je suis là, tu ne viens pas». Les agents de terrain sont-ils capables de comprendre les efforts du gouvernement pour résoudre leurs problèmes afin de travailler avec plus d’engagement et d’encadrer au mieux les producteurs? Les paysans éviteront-ils d’être opposés parce que les uns sont G13, G4, Force Clé et les autres Fcbe afin de partager savoir et savoir-faire? Plaise au ciel!
Ecoutez citoyens béninois, la faim n’a pas de chapelle politique. Si nous nous amusons et que la faim connaisse la victoire sur nous, tout le monde sera «cadavéré» comme le dit le chanteur congolais Zao, y compris les partis politiques. On dit que le Bénin est un peuple intelligent. Voici bien un exercice d’intelligence que le destin nous donne à résoudre avec l’arrivée d’une crise alimentaire à nature d’hydre. Où sont-ils alors les dignes fils et filles de la Nation ? A ceux-là, s’ils existent qu’ils se mettent en une Union sacrée des forces rurales, agronomiques, agro entrepreneuriales, etc. face à la cherté de la vie et à l’insécurité alimentaire. Cela est urgent. C’est ainsi que cela se passe dans toutes les grandes démocraties : si la Nation est menacée, tout le monde fait bloc autour du chef suprême des armées. Dans cette armée de combat soudée que je souhaite de tous mes vœux, le premier combattant de la Nation doit trouver avec lui des lieutenants capables de mobiliser fortement la troupe de production. Ce n’est pas encore le cas.
L’heure n’est pas aux querelles de chapelles politiques encore moins au soutien fallacieux. Un sursaut patriotique pour l’unité et le travail est obligatoire. Que le Dieu de Mgr Isidore de Souza et du Cardinal Bernardin Gantin nous écoute comme en 1990. La pierre de chacun est attendue.