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Le silence des agneaux

Le silence ignoré de ces agneaux innocents m’effraie.
Leurs noms? Inconnus!
Leurs visages? Inconnus!
Leurs histoires? Inconnues!
Leur nombre? Inconnu!
Inconnus, ils disparaissent aussitôt nés. Seul demeure leur silence. Mais qui écoute ? A la rigueur, un fait connu d’eux: depuis quelques semaines, ils naissent mal et meurent tristement. Agneaux silencieux, ils sont les vraies victimes innocentes de la grève sans service minimum du personnel de santé des hôpitaux publics. Ils sont les victimes les plus symptomatiques d’un système sanitaire qui concentre les plus grandes fragilités d’une nation béninoise pauvre en moyens financiers et techniques mais surtout en organisation et en volonté politique. Ils sont les victimes les plus vulnérables d’une société où ils meurent silencieusement parce qu’incapables de parler et de se défendre. Et qui donc écoute leur silence ?


La plus part des citoyens et des décideurs répondent à leur silence innocent par un silence coupable parce que nous sommes tout simplement indifférents, ou trop absorbés par des causes prétendues plus sérieuses, plus rentables ; ou encore nous nous croyons incapables de réagir utilement face à des vies en danger. A moins que nous soyons tellement habitués à nos misérables conditions de santé et de sécurité que la banalisation de la vie humaine n’a autre limite que l’instinct de conservation le plus strictement égoïste.
Autrement, comment comprendre que ces agneaux innocents continuent depuis des jours de servir de moyens de pression pour les syndicalistes, d’instruments de contre-pression pour le gouvernement dont le silence et le dilatoire font paraître les syndicalistes comme de vilains revendicateurs? Dans cette cause où l’œil de Caïn regarde la conscience de tous indépendamment de qui a raison et qui a le dessus, il est inquiétant que beaucoup d’autres décideurs et leaders politiques, religieux et privés dans ce pays observent aussi la loi du silence.


Notre silence d’indifférence est encore plus troublant que le silence d’impuissance de ces agneaux innocents pour qui ne seront jamais érigés ni monument aux morts ni place du souvenir.

 

 

Abbé André S. Quenum

Tag(s) : #Politique Béninoise
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