YAYI BONI : INVITE DECEVANT SUR R.F.I.
Par Benoît ILLASSA
26 septembre 2008
Le roi Boni 1er, de passage à New York pour assister à l’Assemblée Générale des Nations Unies, était l’invité de RFI ce vendredi 26 septembre 2008. C’était l’occasion pour lui de faire le point sur plusieurs dossiers dont la crise financière internationale et le mandat d’arrêt lancé par la C.P.I. contre le Président soudanais, Omar el-Béchir.
CONCERNANT L’IMPACT DE LA CRISE FINANCIERE MONDIALE SUR LE BENIN
Le Docteur-Président a sévèrement critiqué le plan de 700 milliards de dollars présenté par le Secrétaire d’Etat au Trésor, Henry Paulson. Pour notre multi-docteur en économie, consiste à dépouiller les chinois et les japonais de leurs économies à travers les obligations qui seront levées. Par conséquent, c’est dépouiller ces deux pays de la part de l’aide au développement qui revient au continent africain. Par cette intervention très peu diplomatique, de surcroît sur leur sol, le Docteur-Président risque d’attirer le courroux des américains.
Sur la forme, rappelons juste qu’il y a seulement quelques mois, Yayi Boni, accompagné d’une forte délégation ministérielle, était allé quémander 65 milliards de FCFA en aide à ces américains qu’il vilipende aujourd’hui. Parce que la délégation avait reçu un refus franc mais poli ?
Sur le fond, on se demande encore pourquoi le Docteur-Président émérite en économie n’a pas lui-même prévu la crise. A moins qu’un Docteur qui devient Président cesse de réfléchir !!! Boni Yayi, à défaut de s’emballer sur un sujet qu’il ne maîtrise pas, aurait dû commencer par balayer devant sa propre porte.
En effet, on peut tout reprocher aux gouvernants américains sauf celui du respect de la démocratie qui est désormais chancelante chez nous, au Bénin. Le plan américain a été âprement débattu au Congrès (l’équivalent de notre Parlement) sans aucune « procuration ! ». Yayi Boni peut-il en dire autant ? Bien sûr que non.
Le Docteur-Président qui critique l’interventionnisme américain est lui-même un interventionniste patenté depuis son arrivée au pouvoir. Parmi ses faits d’armes, on peut citer :
- Gestion solitaire des fonds de l’escorte sans contrôle parlementaire ;
- Budget de l’Etat de 53 milliards de FCFA pour l’organisation du sommet de la Cen-Sad sans autorisation parlementaire préalable ;
- Immixtion dans la gestion des PADME, sociétés de droit privé ;
- Distribution anachronique du budget de l’Etat aux associations cultuelles dans un but de propagande ;
- Main basse sur la SONACOP, société de droit privé, etc.
De retour au bercail, le peuple béninois attend que le Docteur-Président élabore un plan de sauvetage de notre économie. Prendre la crise financière internationale comme bouc émissaire pour justifier son absence de vision pour notre pays ne serait pas tolérable pour longtemps.
CONCERNANT LA C.P.I.
Dans ce domaine, l’ignorance de Yayi Boni est tout simplement impardonnable pour un Docteur-Président. En confondant le T.P.I.R. (Tribunal Pénal International pour le Rwanda), le T.P.I.Y. (Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie) et la C.P.I. (Cour Pénale Internationale) le Docteur-Président nous a fait honte. En effet, si les deux premières juridictions internationales (juridictions internationales provisoires) ont été créées par décisions du Conseil de sécurité des Nations unies, la troisième, la C.P.I., est la première cour pénale internationale permanente. Elle a été créée pour connaître des « crimes les plus graves ayant une portée internationale ». Son siège est situé à la Haye (Pays-Bas).
Si Omar el-Béchir devrait être jugé un jour, il le sera donc devant la C.P.I. Pour avoir confondu les trois juridictions internationales, Yayi Boni s’est égaré en s’attaquant au Conseil de sécurité des Nations unies. En effet, la C.P.I. ne relevant pas de cette institution, que l’Afrique ait deux ou plusieurs membres permanents en son sein (demande légitime par ailleurs du continent africain) ne changerait rien au sort du Président Omar el-Béchir.
La C.P.I. a été créée par le traité de Rome signé le 17 juillet 1998 par la Conférence diplomatique de plénipotentiaires des Nations unies qui définit son statut. C’est depuis 2002 que la Cour Pénale Internationale a une existence légale (elle n’est pas reconnu par les Etats-Unis). Au 1er juin 2008, 106 Etats ont ratifié le Statut de Rome et acceptent l’autorité de la C.P.I.
Ce Statut a été ratifié par le Bénin le 22 janvier 2002.
Dans son intervention, Le roi Boni 1er s’est lancé dans une diatribe contre les juridictions internationales qui feraient la chasse « aux Hommes d’Etat africains ». On croit rêver, venant de la part de celui qui se comporte comme un dictateur à la tête du Bénin. Pour mémoire, le Docteur-Président a fait enfermer ses adversaires politiques que sont le Président du MADEP, Séfou Fagbohoun et Alain Adihou. Ce dernier croupit encore en prison, sans avoir jamais été condamné par un tribunal.
Se transformer en défenseur du Président Omar el-Béchir, c’est méconnaître les faits qui lui sont imputables. En effet, c’est le Procureur de la C.P.I. l’argentin Luis Moreno-Ocampo qui a requis l’inculpation du Président soudanais pour « génocide et crimes contre l’humanité ». Selon la C.P.I., le Président Béchir « a mobilisé l’ensemble de l’appareil d’Etat, y compris les forces armées, les services de renseignement, la diplomatie, les services publics d’information et le pouvoir judiciaire, afin de soumettre intentionnellement les 2.450.000 personnes vivant dans les camps pour personnes déplacées, pour la plupart membres de groupes ciblés, à des conditions d’existence qui ne pouvaient qu’entraîner leur destruction physique ».
Yayi Boni craint-il de devoir répondre un jour devant les juridictions internationales ?
That is the question !!!
Benoît ILLASSA
Juriste d’Entreprises