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CHRONIQUE DU JOUR


Bénin: Le spectre du blocage ?

 

16 octobre 2008 - FRATERNITE

par Sulpice O. Gbaguidi

Nouvelle désillusion pour le camp présidentiel. Le parlement rejette le collectif budgétaire demandé par le gouvernement du changement et crée le désarroi dans la famille cauri. La noyade se poursuit pour Force Cauri pour un Bénin émergent (Fcbe) qui s’enfonce dans les profondeurs de l’eau.

Nouvelle désillusion pour le camp présidentiel. Le parlement rejette le collectif budgétaire demandé par le gouvernement du changement et crée le désarroi dans la famille cauri. La noyade se poursuit pour Force Cauri pour un Bénin émergent (Fcbe) qui s’enfonce dans les profondeurs de l’eau.

Boni Yayi n’a donc pas obtenu l’aval des députés pour son budget remanié. La disette parlementaire frappe Fcbe. Véritable galère pour le pouvoir contraint d’avaler la couleuvre. Les néophytes politiques et prosélytes du régime du changement gèrent une logique défaite, fruit de l’égotisme partagé dans le cercle du pouvoir. Ils continuent d’asphyxier le chef de l’Etat et de l’induire en erreur.

Le vote négatif de l’Assemblée Nationale ne devrait surprendre personne même si les thuriféraires du pouvoir actuel n’ont jamais cessé de confondre rêve et réalité, et de prendre leurs désirs pour les aspirations du peuple. Ce terrible amalgame a faussement fait prendre de galons aux démarcheurs et prélats du changement. Le harcèlement politique et le chantage envahissant encrés dans les racines de l’exclusion pèsent sur les élans d’un Président déterminé et volontaire. C’est la faute à son entourage, un entourage visiblement hostile à l’ouverture.

La rebuffade parlementaire essuyée par les cauris s’enferme dans une logique politique. On ne peut s’attendre à un bel été quand on a saccagé le printemps. L’entourage reclus n’avait pas des raisons de rêver d’un vote rapide du collectif budgétaire. Le Non des députés a sans doute discipliné les ardeurs et dissipé le brouillard qui aveugle les faucons du régime. J’ose croire que Boni Yayi a perçu le message des opposants au vote du collectif budgétaire. J’ose croire, puisque ce régime du changement a depuis, affiché un refus de faire la lecture politique des actes du parlement. J’ose enfin croire, simplement croire que le Non des G et Force clé va maintenant guérir la crise de croissance politique qui frappe la troupe cauri malgré les bonnes intentions de Boni Yayi. Le spectre du blocage est réel. Les reports sine die fertilisés par la crise politique et le refus de ratifier les accords de prêts ravivent encore les mémoires. La prise d’ordonnance, cruel épilogue du feuilleton du blocage, est au débit des mauvais conseillers du chef de l’Etat. Boni Yayi va-t-il recourir à une nouvelle ordonnance et inaugurer le gouvernement par ordonnance ?

Le mal du pouvoir du changement vient du zèle étouffant de l’entourage du chef. La demande d’une deuxième lecture offre au gouvernement une nouvelle chance mais ne peut concrètement briser la chaîne du blocage car le veto parlementaire est politique. La dangereuse hypocrisie des hommes du Président contourne malheureusement cette réalité. Pour évacuer les difficultés au palais des gouverneurs, Yayi doit enfiler le manteau politique et se libérer du diktat de la mafia Fcbe désormais incapable de lui conférer une notoriété à l’hémicycle. Le leader cauri doit revoir sa copie politique et s’ouvrir aux forces anti-cauris qui ont verrouillé l’Assemblée nationale. Le vote très serré, 42 voix contre, 39 pour, 1 abstention et 1 non votant témoigne de la bipolarisation du parlement.

Ce vote négatif des députés suggère le dialogue politique sincère avec les leaders des partis influents du pays. Seuls de nouveaux alliés politiques dégageront, pour le chef de l’Etat, le chemin des anicroches du blocage. L’espoir est encore permis. Yayi a toujours les cartes en main. Mais il doit d’abord lutter contre un entourage réfractaire à l’ouverture politique et s’offrir le sésame pour débloquer efficacement la situation à l’Assemblée nationale. Le prochain remaniement ministériel aura valeur de test pour le Président. Le poids des faucons va-t-il encore écraser les ambitions du chef et entretenir le blocage ?

Sulpice O. Gbaguidi



Tag(s) : #EDITORIAL
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