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Vendredi 31 Octobre 2008
     
Bénin: Les limites de l'ouverture politique  
     
 
     

   Au moment où s’ouvre ce jour, la session budgétaire au parlement, session ordinaire de l’assemblée nationale, consacrée à l’étude du budget exercice 2009, il convient de s’interroger sur les actes de chacun des protagonistes de la crise. Et le président de la république et les députés n’ont été élus que par la volonté du peuple. Il est dommage que devant la crise économique que le peuple vit actuellement , caractérisée par une pauvreté épuisante du pouvoir d’achat, que les institutions tels le gouvernement et l’assemblée nationale - qui doivent gérer au mieux l’intérêt des citoyens- soient fourvoyées et bloqués par une crise dont les causes sont liées plus à des intérêts politiques et économiques de groupe ou d’individus, qu’à des préoccupations de l’heure, liées au manque d’assez de moyens de subsistance pour les ménages. Les meilleures causes peuvent être soutenues par de mauvais desseins. Que peut, en effet, faire valablement un président élu pour 5 ans, qui en a fini 3, et qui a donné une marque à son quinquennat, comme celui des audaces et du volontarisme, en allant à l’aventure à deux ans de la fin de son mandat ? Devra-t-il se renier et perdre le crédit de tout ce qu’il a fait de changeant, au risque d’être traité de faire des reculades ou d’avoir échoué, alimentant la propagande de ses adversaires, qui ne comptaient que ses faux pas pour convaincre le peuple qu’il faut changer de donne ? S’il y a encore un compromis à faire, parce qu’il s’agit honnêtement de cela, c’est celui d’accorder ce qui peut l’être, dans l’intérêt de ce qui a pu changer positivement, pendant trois ans, qui doit se poursuivre pour le pays, et qui n’a sûrement pas la prétention d’être l’accomplissement de tous les espoirs des Béninois.

   Pour donner la preuve d’un esprit constructif, pour les deux ans qui restent, les adversaires de Boni Yayi doivent pouvoir, de leur côté, mesurer à leur juste valeur, les efforts de l’ouverture dans ce qu’ils ont de faisable sur le plan politique et personnel. Pour que les efforts d’ouverture ne soient pas sentis comme une humiliation, une victoire de la revanche sur l’espoir de vaincre la fatalité. Il serait partisan de ne pas reconnaître, que malgré et grâce peut-être à l’inexpérience politique, certaines choses qui rampaient depuis des décennies, sous les pesanteurs, ont pu changer. Le reste est une question de style et d’expérience politique. Le grand péché des samouraïs du changement c’était en effet, une mauvaise appréciation de la réalité de terrain et des rapports des forces politiques nationales. Ils avaient pensé qu’on pouvait faire le bonheur du peuple sans compter avec ses notables politiques, ses milieux d’affaires, ses pesanteurs et ses moeurs. On ne change pas du jour au lendemain un système installé. Le chef de l’Etat a certainement compris et cherche certainement les moyens de composer, de réaliser la moyenne des compromis qu’on lui exige. Mais peut-il les satisfaire tous, sans aucune assurance de revenir en 2011, pour poursuivre sa vision pour le Bénin, sauf à signer un constat d’échec lourd pour l’histoire, qui lui reconnaîtra peut-être après, d’avoir fait quand même des choses déterminantes pour l’évolution du pays, en matière de développement ? La question qui interpelle toutes les intelligences du pays, au moment où certains pensent déjà au requiem du changement et du régime qui le portent -suggérant même de nous ramener à une conférence nationale politique- est celle de la sincérité des intentions. Comme si la politique est plus déterminante de l’avenir du pays que ce que les forces vives de la nation ont déjà analysé et édicté en 1990! On ne peut refaire la conférence nationale, car on la refera à chaque régime et au prorata des problèmes circonstanciels des uns et des autres ! C’est la classe politique et la presse qui font l’opinion. Personne n’a encore demandé, gouvernants comme représentants du peuple au parlement, les points de vue du peuple sur la situation politique actuelle. L’autre question, et pour laquelle l’histoire jugera la classe politique, parce que c’est elle qui fait l’opinion, consiste à s’interroger sur cette capacité de la représentation nationale et de la classe politique en général, à punir l’intérêt général au profit des intérêts particuliers, rien que pour faire pourrir le fruit afin qu’il tombe avant terme, c’est-à- dire avant mandat. C’est aujourd’hui que la classe politique invente, ce qui demain la sanctionnera, pour le meilleur ou pour le pire. Un dicton populaire dit que le bâton qui frappe l’ancienne épouse peut aussi frapper la nouvelle. Ce que l’adversaire politique construit dans le présent peut servir demain à celui qu’il combat aujourd’hui, pour le meilleur ou pour le pire. L’essentiel c’est encore de réfléchir à tout cela et à l’intérêt général, comme ce qui vaille la peine d’être défendu avec assurance.

 
 

2004© continentalmag.com



Tag(s) : #Politique Béninoise
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