Bénin: Le candidat de Mathieu Kérékou pour 2011 ?
31 octobre 2008 - LE MATINAL
Même parti du pouvoir et tout en étant dans une retraite politique sous ses filaos, l’ancien président de la République Mathieu Kérékou demeure un caméléon qu’il ne faut pas écarter des combinaisons pour 2011. Il a toujours son mot à dire au sujet de ce rendez-vous combien important et qui déchaîne déjà des passions.
Mathieu Kérékou, l’homme du 26 octobre 1972 n’est pas encore mort politiquement. Si des personnalités comme la présidente de la Renaissance du Bénin l’honorable Rosine Soglo a eu le courage de dire que son successeur n’a pas contribué à l’oublier, il ressort de ses propos que beaucoup d’enseignements. Même ceux qui hier trouvaient que c’est un dictateur et n’ont cessé de vitrioler son pouvoir, lui reconnaissent aujourd’hui ses talents à dominer le jeu politique. Dans de telles considérations, on se doit de se demander ce que le caméléon sans parti politique et fatigué, peut encore faire alors qu’avec l’ossature actuelle de la Constitution du 11 décembre 1990 il ne pourra plus se présenter aux élections présidentielles au même titre que son ancien et habituel challenger Nicéphore Soglo. Si on ne doute pas de ce que ce dernier ne fera que miser sur son dauphin Léhadi Soglo qui commence à s’inviter dans la cour des grands, on se pose par contre des questions sur ce que mijote Mathieu Kérékou. De plus en plus le caméléon n’est pas exclu des combinaisons possibles pour 2011. Ce qui paraît curieux et bizarre, c’est en ce mois d’octobre 2008 qui rappelle sa prise de pouvoir par les armes en 1972 que son nom refait surface dans certains milieux politiques où on voit sa main invisible, pousser son ancien ministre des Finances et de l’économie Abdoulaye Bio Tchané à briguer la Magistrature suprême. Il n’y aura aucune source officielle qui viendra le confirmer. Pourtant il s’agit des informations à prendre au sérieux. Si le hasard du destin a voulu que Yayi Boni quitte la Boad pour la Marina, il trotte dans l’esprit de bons nombre de Béninois que le même scénario peut se produire en 2011. Cela peut paraître absurde aux yeux de certains observateurs qui se cramponnent encore aux déclarations faites il y a quelques mois par le président de la Banque ouest africaine pour le développement (Boad) pour démentir une telle intention de sa part. Ceux qui l’ont cru se limitent à dire que le Nord n’est pas divisé et ne va pas vouloir opposer un candidat à l’actuel fils de Tchaourou. Soit. Mais en même temps qu’on pense dans ce sens, on ne doit pas oublier qu’il y a des circonstances qui s’adaptent au temps. C’est là où il faut se permettre de se poser une seule question : est-ce que Yayi Boni est toujours l’homme qu’il faut pour le Bénin et particulièrement pour le Nord ? En voulant y répondre, nous devons éviter d’évoquer des sujets qui fâchent. Cela n’empêche pas de soulever un sujet important qui court actuellement les esprits. On entend certains proches du chef de l’Etat dire que depuis l’arrivée de ce dernier au pouvoir, les hommes de sa région veulent gouverner tout le monde et dans tous les milieux. Ce qui n’est pas un bon signe. Voilà un élément qui peut susciter une autre candidature dans le Nord. Une candidature sérieuse et non fantaisiste ? Et qui en sera le porte flambeau ? C’est la grande question. A ce niveau on parle de Mathieu Kérékou présenté comme l’homme qui va sortir le cheval gagnant. Tout de suite on ne voit que Bio Tchané comme son pion. Est-ce une manière pour lui prêter des intentions ou bien il est vraiment dans un tel coup ? Difficile d’y répondre. Les deux hommes ont certes travaillé ensemble et continuent de garder d’excellentes relations. Chaque fois qu’il est en visite à Cotonou, l’ancien ministre des Finances et de l’économie ne manque pas d’aller échanger avec son ancien patron. Peut-être que lors de leurs échanges, ils ont une fois orienté leurs discussions dans ce sens. Il reste à le prouver, car connaissant le Général, c’est l’homme des grands mystères. Beaucoup ne le voient pas laisser échapper ses intentions allant dans cette direction. Il a certes des choses à reprocher à son successeur, mais que ce soit lui qui se mette au travers de son chemin, il y a de quoi réfléchir sept fois avant de tirer une conclusion. Il y a dans le pays ceux qui estiment que les rapports entre Kérékou et Yayi ne sont pas au beau fixe. Ceux qui tiennent un tel discours se basent sur des faits palpables. A l’arrivée du régime du Changement, il a crié sur tous les toits que le régime défunt a fait preuve de mauvaise gestion en laissant presque vides les caisses de l’Etat. De même, le pouvoir de Kérékou a été présenté comme un pouvoir de corrompus et de hauts lieux d’affairisme. Son administration est montrée comme étant très pourrie où la conscience professionnelle n’a plus sa place. Et puis, sans rien leur laisser entre les mains, Yayi Boni a arraché aux enfants de Kérékou le marché de l’escorte. Une décision pour le moins salutaire. Autant de choses qui ont fait dire que ce n’est pas le général qui avait préparé le terrain à son successeur. Si c’était le cas, on n’hésitera pas à penser qu’il y a un deal entre les deux avant que l’un ne passe le témoin à l’autre. L’autre signal fort est le déplacement effectué par Mathieu Kérékou avec sept de ses anciens ministres au domicile de feu Salomon Biokou. Au nombre de ces ministres figurent les députés Antoine Dayori et Valentin Houdé. Ils sont en désaccord avec le régime de Yayi Boni. Des raisons sont suffisantes pour montrer que Mathieu Kérékou peut être dans un coup pour chasser Yayi Boni en 2011. Mais, s’il avait un candidat, malgré toutes les raisons réunies, l’homme étant un stratège, un animal politique rompu, il ne va pas dévoiler son candidat de sitôt. 2011, n’est pas trop loin. Mais, dans le camp du chef de l’Etat, les choses se passent comme si 2011, est déjà là et Yayi Boni a presque déjà mis en place sa machine. Les préfets, le nouveau découpage, la réorganisation des Forces Cauris pour un Bénin Emergent (Fcbe), les nouveaux ministres en sont les preuves. On se rend compte qu’il a une avance sur les autres. Mais ce n’est pas fini pour gagner les élections.
Fidèle Nanga