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Abus de véhicule administratif. Un titre qu’on aurait pu donner au feuilleton télévisé de la fin 2008 dont le metteur en scène principal n’est rien d’autre que la Direction générale du matériel du ministère des Finances. Une sorte de poste d’enregistrement de quelques fêtards ayant confondu (non sans la complaisance des supérieurs hiérarchiques) le véhicule de l’Etat au patrimoine personnel. Tous les spéculateurs qui se méprennent sur l’attachement du régime du Changement à la bonne gestion et au respect du bien public en ont eu plein la figure. A travers ses interviews télévisées de quelques imprudents surpris en flagrant délit d’abus de véhicules officiels. Moralisation de la vie publique.

 

De l’inflation des carrosses haut de gamme à partir de 2006 ? Au dessus de l’intelligence des moralisateurs. Jusqu’à un passé récent, les folies se limitaient aux derniers nés de Peugeot. C’est sous le Changement qu’on a connu les Chrysler, les Touareg, Honda (nouvelle génération) et bien d’autres dernières merveilles de l’industrie automobile. Tous les téléspectateurs ont vu ce général tout excité après qu’il ait reçu des mains du ministre de la Défense Kogui N’douro les clés d’une rutilante voiture haut de gamme. Tous les 63 ministres expérimentés par le docteur-président en deux ans et demi de pouvoir ont eu à prendre leur part de cette compétition de luxe, d’insolence et d’insouciance.

 

Les proportions n’ont aucune espèce d’importance dans cette folie de l’automobile. Un fonctionnaire se voit affecter officiellement ou officieusement (l’autre dirait consciemment ou inconsciemment) un véhicule dont le coût équivaut à son salaire mensuel étalé sur 20 ans. Une de mes chroniques s’était déjà extasiée sur le parc automobile d’un (modeste) ministre de l’émergence qui dispose de deux véhicules 4X4 Land Cruiser, d’une 607 Peugeot et d’un pick-up que l’Etat lui a offerts sous le format de véhicules de fonction. Plusieurs centaines de millions du contribuable pour le déplacement d’un ministre ; l’équivalent de plusieurs dizaines de maternité que les populations n’auront pas avant la fin de ce siècle. Entre la césarienne gratuite balbutiante, incertaine et les palaces roulants pour les princes, le choix est vite fait.

Il ne viendrait à l’idée d’aucun Béninois de s’émouvoir de la ribambelle de Touareg du bien-aimé docteur-président. Néanmoins, on peut se poser des questions sur l’usage qui est fait des cortèges du chef de l’Etat depuis que les ballets présidentiels se font en hélicoptère sur l’étendue du territoire national. Lorsque le président de la République doit faire une descente à l’intérieur du pays avec son hélicoptère, il se fait suivre, par voie de terre, par son cortège à vide, de Cotonou jusqu’au lieu de la randonnée présidentielle. Une raison d’Etat bien trop chère payée pour une économie dont le ministre des Finances en personne dit qu’elle est exsangue et après que le gouvernement ait décrété la réduction du train de vie de l’Etat. On se souvient de ce tristement célèbre conseiller technique du chef de l’Etat, réputé expert ès manipulations de sociétés fictives, qui s’en prend en direct lors d’un débat télévisé sur Golf Tv à un syndicaliste qu’il accuse de le jalouser pour lui avoir dénié le droit de disposer d’un véhicule de fonction. Pas mieux que cet arriviste pour défendre le droit à la jouissance des émergents.

 

Au nom de ce droit à la jouissance, les garages administratifs craquent sous le flot d’acquisitions de prestige. Comment empêcher alors nos dévoués courtisans de ne pas savourer les délices de la conduite des supers salons de rêve, hyper modernes, dussent-ils se passer d’ordre de mission ou d’autres couvertures réglementaires. Tant qu’ils existeront ces carrosses, il se trouvera toujours des fonctionnaires pour en user et en abuser. D’ailleurs les moralisateurs s’arrangent presque toujours pour ne pas prendre de trop gros morceaux.

Prospérité partagée les obligerait.



 

Tag(s) : #EDITORIAL
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