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Situation politique fragile au Bénin: L’OIF déclenche son processus de prévention des crises
 

lundi 29 juin 2009, par DP Le Grand Journal

Le Bénin traverse une instabilité politique préoccupante. Et comme pour situation inédite solution inédite, la communauté internationale à travers l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), pour la première depuis 5O ans qu’existe notre République s’intéresse à cette crise politique qui y sévit et mérite une anticipation afin d’éviter le pis.


Romain L. KIKI

 

Le Bénin est divisé. Les concepts sensibles (exclusion, régionalisme, ethnocentrisme, chasse aux opposants dans l’administration publique…) sont agités et savamment orchestrés par le régime au pouvoir. Au Parlement, contrairement à ce qu’on a observé depuis le renouveau démocratique, les députés n’arrivent plus à travailler convenablement parce les textes organisant l’institution sont appliqués de façon partisane. Plusieurs fois, des écarts de langage, des voies de fait ont été enregistrés entre députés pro gouvernementaux et ceux opposés au régime.

 

Les villages, quartiers et communes sont divisés à l’intérieur. Le député Gbadamassi a même prié le chef de l’Etat sur une radio de la place de ne pas diviser les communes après avoir divisé l’Assemblée nationale. Les filles et fils d’un même village sont instrumentalisés les uns contre les autres.

 

La société civile qui était relativement épargnée est aujourd’hui divisée. Il y en a que le régime taxe de " proche de l’opposition ". Dans l’administration publique, la politisation excessive n’épargne aucune catégorie. Même les postes de chauffeur et planton sont concernés.

 

La frustration est très grande et l’enrichissement immodéré d’une petite frange proche du pouvoir crée un sentiment d’injustice au sein de la population.

Les élections communales et locales de 2008 ont aggravées la tension politique dans notre pays. Pour la première depuis la conférence nationale des forces vives de la Nation, les résultats des urnes ont été contestées dans la violence avec des machettes, branchages et gourdins. Curieusement, ce sont les partisans du régime qui ont entrepris cette manœuvre. Ils ont été soutenus par le gouvernement qui a ajourné illégalement l’installation des conseils de communaux. Cette image qu’a véhiculée le Bénin est extrêmement grave. Les opposants qui ne s’attendaient pas à telle attitude du gouvernement, sont désormais avertis et décidés à ne plus se laisser voler. Les libertés d’expression, de réunion se rétrécissent et l’accès aux médias verrouillé.

 

Dans le même temps, la Cour constitutionnelle du Bénin qui selon l’article 114 de Constitution est " la plus haute juridiction de l’Etat en matière constitutionnelle. Elle est juge de la constitutionnalité de la loi et elle garantit les droits fondamentaux de la personne humaine et les libertés publiques. Elle est l’organe régulateur du fonctionnement des institutions et de l’activité des pouvoirs publics ". Plus loin selon l’article 117, la Cour constitutionnelle " - Statue obligatoirement sur :

* la constitutionnalité des lois organiques et des lois en général avant leur promulgation ;

* les règlements intérieurs de l’Assemblée nationale, de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication et du Conseil économique et social avant leur mise en application, quant à leur conformité à la Constitution ;

* la constitutionnalité des lois et des actes réglementaires censés porter atteinte aux droits fondamentaux de la personne humaine et aux libertés publiques et en général, sur la violation des droits de la personne humaine ;

* les conflits d’attributions entre les institutions de l’Etat.

- Veille à la régularité de l’élection du Président de la République ;

examine les réclamations, statue sur les irrégularités qu’elle aurait pu, par elle-même relever et proclame les résultats du scrutin ; statue sur la régularité du référendum et en proclame les résultats ;

- Statue, en cas de contestation, sur la régularité des élections législatives ".

Mais malheureusement pour notre démocratie, cette Cour constitutionnelle est taxée de partiale. Elle est qualifiée de " session FCBE ", dénomination de la première alliance politique organisée du président de la République. Ses décisions sont de plus en plus ignorées parce que jugées trop partisanes, progouvernementales. La dernière illustration de cette désobéissance constitutionnelle est le refus des députés de l’opposition de désigner leurs représentants au sein des Parlements sous régionaux et du Parlement africain contrairement aux multiples recommandations et injonctions de la Cour constitutionnelle. Ne pouvant restée insensible à ces signaux inquiétants que génère le Bénin à la veille de deux élections majeures, la présidentielle et les législatives de 2011, l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) a multiplié les démarches diplomatiques en direction de notre pays.

 

C’est dans ce cadre qu’il faut placer le déplacement du secrétaire général de l’OIF, Abdou Diouf à Cotonou le 22 juin 2009 lors du 5ème congrès de l’Association des Cours constitutionnelles ayant en partage le Français (l’ACCPUF). Au cours de son court séjour et pour renforcer les différentes actions déjà engagées par la francophonie, Abdou Diouf a rencontré les acteurs majeurs de la vie politique de notre pays pour les écouter et pour essayer de détendre l’atmosphère.

Toujours pour montrer l’importance qu’elle accorde à la stabilité au Bénin, la communauté francophone à travers l’ACCPUF qui comprend une cinquantaine de Cours constitutionnelles ou institutions équivalentes membres de l’espace francophone a confié la présidence de l’association au président de la Cour constitutionnelle du Bénin, le président Robert Dossou.

 

A travers cette nouvelle charge internationale, la communauté francophone vient de déployer de façon substantielle des balises de la prévention des conflits dans le cadre de la déclaration de Bamako en responsabilisant, le président Dossou sur l’obligation de consolider coûte que coûte la paix et la stabilité dans notre pays par l’observation des pratiques de la démocratie et des libertés ainsi que la consolidation de l’État de droit.



Tag(s) : #Politique Béninoise
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