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Bénin: La tête perd pied

En observant les derniers scandales qui pleuvent sur le moral  déjà lourdement trempé des Béninois en ces temps d’inondation et de cherté de la vie, un citoyen ordinaire prononça, en manière de désolation, cette sentence combien judicieuse : «Ce qui inquiète le plus, c’est qu’on a l’impression que la tête perd pied». Tête et pied, deux métonymies opposées dont le rapprochement s’abîme dans le verbe perdre pour exprimer, d’une manière on ne plus poignante et prémonitoire, l’angoisse profonde d’une opinion nationale en désillusion.

 
Ce qu’il y a de plus grave dans la situation actuelle, ce n’est pas le fait que les rumeurs lancinantes et persistantes de corruption et de mal gouvernance par les acteurs du changement sont en passe de devenir des crimes prouvés. Le plus grave, c’est que, face à la vague des scandales qui la tangue, et alors que sa survie même en dépend, la tête ne donne pas l’impression de tenter de tenir ferme les pieds sur la réalité des faits et des choses, consciente que, dans la vie tout court et encore plus en politique, la réalité pure et dure, quoique désagréable parfois, mérite un respect humble et franc.


Le plus grave, c’est le manque de sérénité qui aurait permis, avec un peu de hauteur et un minimum d’intelligence politique, de mieux réagir aux plus importants scandales politiques et financiers que le changement ait connus, en commençant simplement par reconnaître que les conditions sont trop bonnes pour que la situation ne se mue doucement ou plutôt rapidement en crise politique, financière et sociale aggravée. A moins d’un déni pathologique de la réalité, une telle attitude aurait fait preuve d’une réaction un peu plus coordonnée, légèrement plus méthodique et un tantinet plus respectueux de la légalité envers les accusés hier, en bonne grâce et,  aujourd’hui,  en disgrâce pour n’avoir pourtant rien fait de si rare, ou est-ce ? 


A défaut de tout cela, la tête perd pied. Alors, il faut continuer de se demander : les scandales actuels, sont-ce des incidents isolés ou les signes d’un système de mal gouvernance?  Sans présumer d’en connaître la réponse, il faut continuer de poursuivre la question ad nauseum.

 

 

Abbé André S. Quenum

 

 

Source: LA CROIX DU BENIN - 17/07/2009

Tag(s) : #EDITORIAL
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