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Lettre hermétiquement fermée et confidentielle à mon grand / petit Frère Boni Yayi
   

17-07-2009

 

Moi, je suis né vers une telle année parce que je suis né dans ma brousse sans sage – femme, sans infirmière, sans femme de salle, sans  matrone. Comme tu es dans la même situation que moi, je ne sais pas si tu es mon grand frère ; si c’est le cas, je t’interpelle mon grand frère ; si c’est le cas contraire, je te parle en grand frère.

Pas de panique ! Grand / petit frère. Pas de panique! Tel que tu agis là, tu vis dans le brouillard ! Dans la panique. Tu es troublé. Tu ne sais où donner de la tête ! Attention ! On ne gouverne pas une nation turbulente comme cela ; on ne dirige pas un Etat grognon comme le Bénin de cette façon. Des hommes politiques doivent parler, des syndicalistes doivent contester. Ils ne seront jamais satisfaits, surtout ceux de notre pays. Ils font leur boulot de grognards de la République. Ils devront crier les uns plus que les autres. Je dis ceci en passant. Il ne faut surtout pas les toucher car vous serez traité d’autocrate, de dictateur. C’est ce qu’ils recherchent, que vous fassiez des victimes. Or votre peuple a horreur des victimisations. C’est parce que vous étiez considéré comme une victime de Kérékou et de ses affidés que vous êtes parvenu à la Marina.

Aucune décision d’un Chef d’Etat ne doit être prise sous le coup de l’émotion. Savez-vous que depuis trois ans et demi vous avez « sauté » environ 100 à 130 ministres et cadres supérieurs sans que certains sachent vraiment ce qu’ils ont fait ? Pendant ce temps, savez-vous que certains ministres n’ont jamais pu constituer leur cabinet alors que chefs de parti ayant soutenu votre ascension ils auraient besoin de mettre à l’épreuve certains des leurs ? Savez-vous que beaucoup de hauts fonctionnaires « dégommés » n’ont jamais eu de poste depuis deux ou trois ans alors qu’ils perçoivent leur salaire ? Après la période de grâce, suite à votre accession à la magistrature suprême, n’avez-vous pas l’impression que le pays commence à marcher sur la tête ?

Il est bon de savoir, mon grand / petit frère, que tous ceux qui tournent autour de toi ne sont pas sincères. Même parmi tes ministres ! Es-tu sûr qu’ils voteront tous pour toi en 2011 ? Je ne sais pas ! Mais moi qui t’écris là, je te dis : molo ! molo ! Car nous les fils de paysans – là, nous sommes bourrés de complexes, dèh ! Et moi le premier. Donc fais attention ! Tes limogeages – là sentent la  peur, la panique de la personne qui ne sait plus à quel saint se vouer.

Moi, j’aurais été à ta place – ce qu’à aucun moment je ne veux, car je tiens à draguer sans arde – tes limogeages actuels je les ferais à froid à travers remaniement ministériel normal. Car les Houngbédji et autres vont maintenant crier victoire, car encore il a suffi que les syndicalistes déversent, que les politiciens – vertueux à la petite semaine – bombent le torse pour que toi, mon grand / petit frère – tu aies la trouille et que tu cèdes à leurs revendications de limoger des gens, de que des « têtes tombent ». Ne sais-tu pas que c’est à toi-même que l’on en veut ? Que c’est toi – même que l’on veut conduire à l’abattoir ? Que l’on veut traduire devant la Haute Cour de Justice ?

Je te le dis et je te le répète. Prends tes décisions à froid, après moult réflexions ; après avoir procédé à moult consultations. Ne pense pas que tu connais tout, c’est la tentation de nous autres fils de nos braves parents, car nous pensons que tout le monde nous manque d’égards. On perd confiance à tout le monde ! Il y a certainement quelques personnalités politiques qui veulent t’aider. Peut – être même pas politiques. Certains vrais administrateurs – je dis bien administrateur, car en ces temps de tempête, généralement les amis d’hier vous lâchent allègrement. Il doit y en avoir. Quand ils vous conseillent – surtout quand ils n’ont plus rien à vous demander de leur donner – il faut les suivre, après avoir pesé le pour et le contre.

Je sais que la situation devient difficile pour toi. On te tire dessus de tous côtés. Réunis donc ta garde rapprochée de réflexions, si tu en as. Et qu’elle te propose une ou des parades. Les prises de positions des partis ou groupes de partis qui te soutiennent sont certainement utiles. Mais il faut des actions plus solides et charpentées. Voilà, frère grand / petit frère, ma réflexion sur ce qui t’arrive.

Moi – même Saliou Abogoun

BP 10 ITAKETE

Source: - Nouvelle EXPRESSION


Tag(s) : #EDITORIAL
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