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LE ROI BONI 1er A GAGNE. ET APRES…

A force d’être privés de parole, A force d’être pauvres, les Béninois ont finalement parlé. Plus exactement, ils ont voté. Ils ont voté avec leurs tripes. Nous avec.

 

Vous avez lu, comme nous, les commentateurs. Désormais, c’est le roi Boni 1er qui a gagné face à ce « vilain » petit canard que serait devenu, celui que nous appelons affectueusement AH. La grande majorité des commentateurs ne laisse guère de choix à l’Homme. Il doit se contenter de jouer le rôle ingrat de l’opposant ou se suicider. Il a osé affronter « l’élu du peuple » alors qu’il aurait dû, au mieux capituler, au pire , faire allégeance. Dans tous les cas, il aurait dû jouer le rôle de Napoléon, comme en France. Avec la fin que l’on sait.

 

Me Adrien HOUNGBEDJI, puisque c’est de lui dont il s’agit, a rassemblé, sur son seul nom, un quart des électeurs béninois. Au premier tour comme au second tour. Il peut, par conséquent, se targuer d’être la seconde force politique de notre pays. De part sa participation au second tour de ce scrutin, il a, à sa manière, sauvé le processus en cours. Nous allons vous raconter comment.

 

Souvenez-vous. Le vendredi 17 mars 2006, le groupe « WLOGUEDE » avait convoqué la presse pour 10 H00. Il avait un communiqué important à faire. Tous les béninois retiennent leur souffle. La rencontre sera renvoyée à 12H30, 14H30, 16H30, puis finalement à 20H30. Tous les béninois connaissent désormais le choix fait par ce groupe. Et pour cause.

 

En effet, le groupe « WLOGUEDE » a différé son annonce parce qu’il attendait la convocation du Conseil des Ministres, par le Général KEREKOU, pour prendre un décret reportant la date du second tour du scrutin présidentiel au mercredi 22 mars 2006. Ayant compris que le Général ne succomberait pas aux injonctions de la Cour Constitutionnelle, le groupe s’est résolu à publier sa déclaration, tard dans la nuit. Au cas où le vote serait reporté à mercredi, un débat télévisuel devrait réunir, les deux candidats en liste pour le scrutin du second tour, le lundi 20 mars 2006.

 

La difficulté du groupe « WLOGUEDE » est perceptible. Si le Général maintenait la date du second tour au 19 mars ( selon la Constitution, l ‘avis de la Cour n’est que consultative en la matière), les révisionnistes avaient prévu une parade pour le renvoi du processus en cours sine die. Ils avaient prévu le retrait de la course de AH pour absence de campagne et incapacité de mobiliser ses troupes dans un délai aussi court. Dans ce cas, il serait demandé, comme en 2001, au candidat suivant de jouer la « comédie » d’une élection parfaite. En suivant la règle, le choix portait inéluctablement sur le renard de DJAKOTOMEY. Dans le même temps, le groupe « WLOGUEDE » volait en éclats. Les partisans de AH et du renard se mettaient en rébellion et le Général n’avait plus qu’à user de l’article 68 de la Constitution pour siffler la fin de la récréation. Ca, ce sont des faits, rien que des faits qui rentreront dans l’Histoire du Bénin, si le 06 avril2006, notre nouveau roi reçoit son sacre de la main du Général. Vous auriez remarqué que, depuis la proclamation des résultats du second tour, l’Homme s’est enfermé dans un silence qui en inquiète plus d’un.

 

Vous savez, désormais, que AH n’a pas participé à ce marché de dupes. De la même manière, il n’a pas cautionné les marches en direction du palais de la Marina. Malheureusement, les démons de notre pays sont toujours dans la phase active. Ils ne rendront pas les « armes » facilement.

 

Tout ceci, pour vous dire que la visite de YB chez AH n’était pas si anodine que ça. Il connaît parfaitement le déroulement de cette affaire. Il sait, en son for intérieur, que AH a été loyal, du début à la fin.

 

Tenez. Lors de son tête-à-tête avec AH, à son domicile, le roi Boni 1er a demandé à AH de lui proposer des personnes de son choix qui participeront à l’animation de son gouvernement.

 

Sur ce point précis, nous pensons que les soutiens de AH peuvent participer à un Gouvernement d’Union Nationale. Ne serait-ce que pour respecter l’équilibre régional qui a court dans notre pays depuis la Conférence historique de 1990. A tous les soutiens de AH, nous disons que cette participation n’est ni un assujettissement, ni une renonciation, ni même une redition. Il s’agit de prendre le peuple béninois à témoins de sa volonté de ne pas entraver les actions de YB.

 

Toutefois, il ne s’agit pas d’aller au gouvernement pour faire de la figuration ni servir de décor. Cette participation reste soumise à la nature des postes qui seront proposés. Dans tous les cas, aucun ancien ministre PRD ne fera partie de l’équipe. Il faut montrer l’exemple du « changement » en étant cohérent avec sa philosophie de pensée et la réalité qui s‘impose désormais à tous.

 

Aux esprits chagrins, qui y verront l‘assujettissement de AH au nouveau roi, nous disons que, le BENIN, après le choix que l’on sait, n‘est pas soudainement devenu une île déserte. En politique comparée, le Sénégal s‘avère être un bon exemple.

 

En effet, avant d‘être Président de la République de son pays, le Président WADE a alterné des passages au gouvernement et en prison. Il a fini par conquérir le pouvoir suprême avec « SOPI », le changement, qui vient d’être habilement utilisé dans notre pays.

 

La victoire du roi BONI 1er, dans les conditions que l’on sait, ne signifie pas la fin des partis politiques au Bénin. La preuve, c’est aux partis politiques de notre pays que, sa majesté, le roi Boni 1er , vient de demander de lui fournir la liste des « CADRES » dont il compte appelé au gouvernement.

 

En fonction de ce même constat, nous pensons que AH ne doit pas abandonné ses électeurs. Le Président WADE a accédé à la magistrature suprême après plusieurs tentatives et à un âge avancé. De surcroît, à l’analyse, on remarque que la mayonnaise n’a pas pris avec la passation du pouvoir, au sein de la RB, par SOGLO-père à SOGLO-fils. Au premier tour du scrutin présidentiel, ce dernier obtient le plus mauvais résultat depuis la création de la RB. Quant à AH, il obtient son meilleurs score de tous les temps.

 

Parti de 4,54% au premier tour du scrutin présidentiel du 10 mars 1991, il obtient plus de 25% aujourd’hui. Le seul qui ait progressé autant reste le PSD du renard de DJAKOTOMEY dont les derniers résultats ne manquent pas d’intriguer (cf. l’article de Gratien POGNON - Fraternité, 24.03.2006).

 

Examinons maintenant les résultats de 1991, 1996 et 2001.

 

Pour mémoire, au second tour du scrutin de 2001, le Général KEREKOU a obtenu 83,64% des suffrages exprimés contre 16,36 % au renard de DJAKOTOMEY. Aucun journaliste n’avait alors prédit la mort politique du renard ! Pourquoi le fait-on aujourd’hui avec AH? Allez savoir.

 

 

March 1991 Presidential Election

First Round

 

 

 

Registered Voters

 

Total Votes (Voter Turnout)

(N/A)

Invalid/Blank Votes

 

Total Valid Votes

1,143,613

Second Round

Registered Voters

 

Total Votes (Voter Turnout)

(64.1%)

Invalid/Blank Votes

 

Total Valid Votes

1,290,047

 

Candidate (Party)

First Round (10 March 1991)

 

Second Round (24 March 1991)

 

 

Number of Votes

% of Votes

Number of Votes

% of Votes

Nicéphore Soglo (UTRD)

415,262

36.31%

873,790

67.73%

Mathieu Kérékou

310,978

27.19%

416,257

32.27%

Albert Tevoedjre (NCC)

162,498

14.21%

-

-

Bruno Amoussou (PSD)

65,999

5.77%

-

-

Adrien Houngbédji (PRD)

51,888

4.54%

-

-

Moise Mensah

39,250

3.43%

-

-

Sévérin Adjovi (RDL)

29,854

2.61%

-

-

Bertin Borna

18,484

1.62%

-

-

Idelphonse Lemon

11,297

0.99%

-

-

Assani Fasassi

10,334

0.90%

-

-

Gatien Houngbédji (UDES)

10,210

0.89%

-

-

Robert Dossou (ASD)

9,551

0.84%

-

-

Thomas Goudou (BGLD)

8,008

0.70%

-

-

 

 

 

Candidate (Party)

First Round (03 March 1996)

 

Second Round (18 March 1996)

 

 

Number of Votes

% of Votes

Number of Votes

% of Votes

Nicéphore Soglo (PRB)

596,371

35.69%

904,626

47.51%

Mathieu Kérékou

567,084

33.94%

999,453

52.49%

Adrien Houngbédji (PRD)

329,364

19.71%

-

-

Bruno Amoussou (PSD)

129,731

7.76%

-

-

Pascal Fontondji (PCB)

17,977

1.08%

-

-

Lionel Agbo

15,418

0.92%

-

-

Léandre Djagoué

15,079

0.90%

-

-

 

March 2001 Presidential Election

First Round

Registered Voters

3,034,471

Total Votes (Voter Turnout)

2,662,595 (87.7%)

Invalid/Blank Votes

181,066

Total Valid Votes

2,481,529

Second Round

Registered Voters

3,152,365

Total Votes (Voter Turnout)

1,707,604 (54.2%)

Invalid/Blank Votes

173,809

Total Valid Votes

1,533,795

 

Candidate (Party)

First Round (04 March 2001)

 

Second Round (18 March 2001)

 

 

Number of Votes

% of Votes

Number of Votes

% of Votes

Mathieu Kérékou (FARD-Alafia)

1,127,100

45.42%

1,282,855

83.64%

Nicéphore Soglo (PRB)

672,927

27.12%

*

 

Adrien Houngbédji (PRD)

313,186

12.62%

*

 

Bruno Amoussou (PSD)

213,136

8.59%

250,940

16.36%

Sacca Lafia (UDS)

29,656

1.20%

-

-

François-Xavier Loko

16,656

0.67%

-

-

Soulé Dankoro (PDB)

15,614

0.63%

-

-

Adébayo Abimbola (RND)

15,251

0.61%

-

-

Wallis Zoumarou (UNSP)

13,576

0.55%

-

-

Rhétice Dagba

12,697

0.51%

-

-

Marie-Elise Gbèdo

8,952

0.36%

-

-

Léandre Djagoué (RDL)

8,565

0.35%

-

-

Lionel Adbo (CAD)

8,226

0.33%

-

-

Gatien Houngbédji (UDES)

8,092

0.33%

-

-

Olofindji Akandé

6,258

0.25%

-

-

Sadikou Alao (ANAD)

6,223

0.25%

-

-

François Kouyami

5,414

0.22%

-

-

*Both Nicéphore Soglo and Adrien Houngbédji boycotted the second round of the election citing electoral irregularities.

 

 

Les résultats obtenu, aussi bien au premier qu’au second tour des scrutins de 2006, montrent clairement que l’électorat de AH dépasse largement son électorat habituel du PRD. Pour une raison X ou Y, beaucoup de ces électeurs n’appartiennent pas au PRD. C’est, par conséquent, le seul charisme de l’Homme, quoi qu’on en dise, qui a suscité l’adhésion à sa personne. Sociologiquement, il s’avère que les électeurs qui ont porté leurs voix sur AH sont plus instruits et ont une certaine aisance matérielle. Les électeurs du second tour ont confirmé leur choix du premier tour. Il n’y a pas eu de défection. Ce qui, à notre sens, devrait renforcer l’Homme et le convaincre de ne pas abdiquer en si bon chemin.

 

Concernant YB, il aura bientôt à sa portée, tous les leviers du pouvoir. Le peuple béninois veut le changement. Il s’en est porté garant.

 

Ce qui n’a pas été assez dit, dans cette campagne, est que le roi Boni 1er est un béninois de l’extérieur. Il est banquier comme mon ami et frère, Michel Sabath d’ALMEIDA, Président du Haut Conseil des Béninois de l’Extérieur. Comme beaucoup d’autre béninois, sans doute.

 

Evènement curieux que, celui où nos compatriotes de l’intérieur, avouent leur impuissance à gérer le pays, après l’avoir mis en coupe réglée, et font appel à un béninois de l’extérieur pour le redresser. Chiche, nous ne faisons que le constater.

 

Les béninois qui ont choisi, de gré ou de force, l‘exil, honorent la mère-patrie selon les autorités de la plupart de leurs pays d’accueil. Ils sont bosseurs, consciencieux et loyaux dit-on.

 

Nous lançons un appel à tous les béninois de l’extérieur (même s’ils ont majoritairement voté pour AH, le choix de la raison l’ayant emporté, sans doute, parce qu’il est le plus propre des politiques béninois), afin qu’ils se mettent en rang serré pour aller redresser notre mère-patrie, si le roi Boni 1er fait appel à eux.

 

Oublions nos plans de carrière, nos privilèges, nos retraites bien dodues, nos salaires mirobolants, nos fromages, nos vins, nos vacances sous les cocotiers, etc…pour aller aider l’un des nôtres qui va bientôt avoir tous les leviers du pouvoir entre ses mains pendant les cinq prochaine années. Il a lui-même montré l’exemple en démissionnant de la BOAD. Il ne s’agit nullement d’un acte d’assujettissement à un Homme, mais un acte courageux d’aide à un peuple en dérive.

 

En effet, tous les efforts du roi Boni 1er ne seront qu’une expérimentation de plus, s’il n’est pas épaulé et soutenu. Il y a de l’argent au Bénin, notre pays. Ce sont les mentalités qu’il faut changer! Aucune politique ne survivra au maintien des mêmes Hommes, qui ont vendu notre pays au plus offrant, en place. Le culte du résultat doit désormais être la norme et la règle dans nos administrations. Servir oui, se servir, non. Telle devrait être la règle, désormais, partout.

 

Pour lutter contre la corruption, le roi Boni 1er peut faire une chose simple, immédiatement après son sacre. Créer un N° vert destiné à recueillir toutes les plaintes des citoyens victimes d’actes de corruption. Ce N° doit être affiché dans toutes les administrations, de manière visible. Une campagne d’affichage sur les panneaux géants pourrait être effectuée à travers tout le pays.

 

Un audit des finances du pays semble indispensable. Tout le monde connaît, dans son entourage, des gens qui pillent l’économie de notre pays, à la barbe de l’état et des citoyens. Du planton au PDG, en passant par la secrétaire. Il est tout de même sidérant, de constater que, des fonctionnaires ordinaires disposent de patrimoines exorbitants de leurs traitements, sans aucun contrôle fiscal. Des ministres, qui ne sont propriétaires d’aucun patrimoine immobilier à leur prise de fonction, deviennent des milliardaires en quelques mois d‘exercice(cf. article de Gratien POGNON précité)!

 

L’état, garant de la péréquation fiscale, se doit de corriger les disparités entre communes pauvres et communes riches pour rétablir la justice sociale.

 

 

Contrairement à ce que d’aucuns pensent, nous ne découvrons pas notre pays aujourd’hui. Certains d’entre-nous ont soutenu le Général KEREKOU en 1996 et en 2001, sans aucune contrepartie. On nous avait alors proposé des postes les plus éminents de la République, dans notre pays. A quelques rares exceptions près, nous avions refusé. Nous étions dans la construction de nos carrières après des années passées sur les bancs de la fac, comme tout le monde. Et puis, il fallait construire nos familles, avoir tout simplement une vie sociale. Nous ne serions pas restés, pour la plupart, à l’extérieur, si les PAS successifs ne nous avaient pas définitivement obstrués nos rêves du retour au bercail. Nous avons désormais fait, tous, nos preuves, et nous sommes disposés à consentir d’énormes sacrifices pour venir en aide à nos frères restés sur le carreau. Voici désormais notre état d’esprit, en toute responsabilité.

Servir oui, se servir jamais.

 

Benoît ILLASSA

 

Juriste d’Entreprises

Délégué à l’Organisation du Conseil des Béninois de France

 

CRETEIL, le 26 mars 2006

 

 

 

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