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La vindicte populaire:Une vieille pratique qui refait surface [31 octobre 2007]

Les populations béninoises sont entrain de reprendre depuis quelques temps avec le phénomène qui consiste à tabasser et brûler toute personne prise en flagrant délit de vol. ...

Nombreux sont de nos jours les compatriotes qui loin de solliciter les services de la police ou de la gendarmerie en cas de vol, préfèrent exécuter eux-mêmes la sentence. Ils se font justice en exécutant sans crainte aucune par le supplice du feu, les voleurs et brigands qu’ils capturent, après les avoir passés à tabac. A en croire Paul Kanguey, cette pratique après son initiation par le colonel civil « Dévi », avait connu un écho favorable avant de s’estomper petitement suite aux réactions de plusieurs associations des Droits de l’homme. « Le phénomène quelque peu barbare a permis de réduire la criminalité et les vols jusqu’à leur plus petite proportion, surtout dans le Mono et le Couffo où la pratique, a vu le jour », a-t-il indiqué. Pour Gouda Ibrahim par contre, en tant qu’étudiant en droit, il pense que l’interposition faite par les différentes associations est dans l’ordre normal des choses. En effet, selon lui, l’acte en lui-même est un crime car dit-il « nul n’a le droit de se faire justice ». « De plus, l’acte s’apparente à la peine de mort or, le Bénin a déjà ratifié la convention visant à décourager une telle mesure sur le territoire national ». Mais malheureusement, le nombre élevé des services compétents pour connaître des vols et l’existence des textes de loi visant à vulgariser le droit à la vie et à l’autodétermination n’ont pas réussi à émousser l’ardeur des partisans de la vindicte populaire qui ont repris de plus belle avec la justice privée. Le cas le plus récent en notre connaissance a eu lieu à Akpakpa Dodomé, il y a une semaine environ, où le corps de Mounirou Tanko a été découvert complètement brûlé par ses bourreaux, sous prétexte qu’il serait l’auteur de la disparition d’un cabri. Il y a aussi le cas du lundi 1er octobre dernier au matin, avec la découverte du corps d’un jeune homme calciné à Klouékanmè. Ce jeune homme voleur de son état, a ainsi subi la colère de ses semblables. Le 3ème cas de vindicte qui vient rappeler aux voleurs que la vindicte populaire renaît de ses cendres, est celui qui a entraîné la mort d’un autre homme, le mercredi 10 octobre 2007 à Toviklin. La victime, la trentaine environ, aurait volé un poulet et les populations de ce milieu ont décidé de lui faire subir le supplice du feu, après l’avoir proprement rossé. Pendant que cette vieille pratique revient petit à petit dans les habitudes, tout se passe comme si la loi n’a pas prévu des sanctions pour punir les voleurs et que les populations ont désormais le droit de se rendre justice.

La conséquence du désemparement

Ignorant pour la plupart, les textes qui régissent les droits fondamentaux de l’homme, la population béninoise en majorité, a décidé ne plus s’en référer à la gendarmerie ni à la police nationale pour décider du sort des voleurs. Elles prétendent ainsi suppléer à la lenteur administrative du système judiciaire et à l’incapacité de la police à infliger à ces individus sans foi ni loi, la peine qu’ils méritent. « Il est écœurant de voir en liberté 48 heures après leur arrestation, des individus qui ont bel et bien commis des crimes les plus crapuleux », s’indigne Philippe Gbênakpon. Il est très difficile aujourd’hui d’avouer avec exactitude comment les dossiers de vol sont traités dans les commissariats et les brigades de gendarmerie. Le moins qu’on puisse dire selon la plupart des acteurs de cette justice privée, c’est que les dossiers des voleurs et autres criminels subissent le coup d’une certaine légèreté. Résultats, les mêmes criminels retrouvent facilement leur liberté au grand dam des paisibles citoyens. Face à une telle situation qui entache la réputation des forces de sécurité, Maïnassara Issiako, le parent d’une victime de la vindicte populaire dénonce ce qu’il appelle « laxisme » des forces de sécurité publique. Pour l’heure, l’inquiétude, demeure dans tous les esprits et se transforme bien des fois en mépris voire en heurts. C’est ce qui explique d’ailleurs la fréquence des échauffourées entre populations d’une part, et entre forces de l’ordre et populations d’autre part, au sujet de brigands et de bandits arrêtés. Pour que de tels actes ne deviennent finalement des habitudes, il serait alors souhaitable que les forces de l’ordre soient mieux équipées et qu’elles fassent davantage d’effort pour la sécurisation des biens et des personnes. Il en est de même pour le système judiciaire qui doit faire preuve de plus de célérité dans le traitement des dossiers pour désengorger les postes de police et les brigades de gendarmerie, afin de débarrasser la population des indésirables.

Aziz Fondo (Stagiaire)

Tag(s) : #Le matinal
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