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Ses sbires n’ont que cette expression à la bouche : « c’est la première fois au Bénin que… ». Le penalty présidentiel victorieux du stade de l’amitié, la marche verte contre la corruption, le millier de milliards du budget national, le sommet de la Cen-Sad, le déjeuner avec les dockers et les zémidjans. J’oubliais, les échangeurs. Pour la première fois également qu’un Ovni débarque de l’extérieur et s’installe à la Marina. Même Hercule a dû passer par une transition à la primature. Ministres, conseillers, députés, pasteurs, marcheurs, société civile de l’émergence multiplient les hommages à ce pionnier des temps nouveaux. Le passage obligé pour conserver son strapontin. En attendant l’édition du répertoire des prouesses pionnières du prince de Tchaourou.

La première quinzaine du mois d’octobre 2008, à elle seule, donne un aperçu de cette ère des « premières fois ». Un ministre, griot de l’émergence virtuelle, apparaît à la télévision un mercredi presque en larmes pour dédire ce qu’il avait proclamé, non sans une grande fierté, le lundi. La désignation des nouveaux chefs-lieux de département en suspens depuis plus d’une décennie se fait ravir la vedette dans la rubrique des « premières fois au Bénin… » par cette pirouette mémorable d’un ministre visiblement lâché par le gouvernement. Avec pour consolation, la conservation de son maroquin. Une première fois qu’un membre du gouvernement change de conviction en l’espace de 72 heures. La réaction insurrectionnelle du Fcbe-land par excellence à Dassa et à Savè avait valeur d’injonction et de rectification même pour un Démolé Moko pourtant considéré comme un disciple soumis.

Une autre première fois au Bénin au cours de la même quinzaine, un autre ministre se fait inviter sur une chaîne de télévision pour crier au secours. Ses proches collaborateurs et lui-même seraient les otages d’une « administration puante ». Le Changement ne serait, selon le ministre Gbêgnonvi qu’une affaire du triste et seul Yayi Boni. Postulat qui intervient à mi-mandat, battant en brèche toutes les proclamations sur la pseudo machine Bénin en route vers la croissance à deux chiffres et l’émergence économique inspirée des dragons d’Asie. Au même moment où, pour la première fois au Bénin du renouveau démocratique, un de ses collègues du gouvernement entretenait les principaux responsables de cette administration publique en atelier sur le concept du Changement.

Revenons au clou de cet art de pionnier. Cela se passe à l’Assemblée nationale au cours de la même quinzaine. Une majorité de députés rejette un collectif budgétaire, une première fois au Bénin. Une première fois au Bénin qu’une célébration de la fête nationale coûte 3,5 milliards au budget national. Une première fois au Bénin que 7 milliards sont consacrés à la réhabilitation du Centre international des conférences et du palais des congrès. Dans le même registre des premières fois au Bénin, il faut ranger les 6 milliards de l’aéroport de Tourou (Parakou), les 7 milliards consacrés à 14 villas et les 9 milliards perdus dans les dépenses diverses. Pendant que la jeunesse sportive béninoise réclame en vain moins de 5 milliards pour se faire livrer le complexe du stade Charles de Gaule à Porto-novo. La Vallée de l’Ouémé ne dispose toujours pas de son emblématique traversée Missrété-Dangbo-Adjohoun-Bonou-Kpédékpo qui ne réclamait que 4 milliards pour son achèvement. C’est vraiment la première fois au Bénin qu’un régime s’accroche tant au bien-être de sa propre caste de privilégiés au détriment des paysans, des étudiants, des chômeurs et des crèves-de-faim.

Le bonheur des peuples n’est forcément pas dans les « premières fois »…

 

Tag(s) : #EDITORIAL
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