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Chut ! Silence ! Au Bénin, on censure !!!

 

Face aux problèmes de la vie de la cité, il y a une frange non négligeable de citoyens paisibles et optimistes qui  pratiquent la philosophie du singe : rien vu, rien entendu, rien dit.  A leur décharge, il faut reconnaître que la médiation des moyens de communication par lesquels ils pourraient voir, entendre et dire, est souvent déformée et assez déformante.

 

Les médias ont donc leur tort certes. Or, une communauté humaine se construit et se maintient essentiellement dans la communication. Et si la communication publique d’une société se corrompt, c’est la société elle-même qui se corrompt.  Alors quand est-ce que le silence qui peut être une vertu, devient une fuite de responsabilité ? Chut ! Silence !


Parfois, des personnes de bonne volonté pensent que si on doit permettre au singe philosophe de dire, de voir et d’entendre quelque chose, il vaut mieux que ce soit pour soutenir et acclamer ceux qui sont au pouvoir, et chut,  silence aux critiques! A leur décharge, les tenants de cette position  ont des arguments parfois religieux pour préférer laisser la paix et la tranquillité à celui ou à ceux à qui Dieu aurait confié le destin de ce pays, pour exercer le pouvoir qui est objectivement difficile à gérer. Et pourtant, on ne peut oublier que le pouvoir corrompt et que c’est en connaissance de cause que, dans les Saintes Ecritures, Dieu a suscité un prophète Nathan pour secouer la conscience d’un roi David. Ce n’est pas pour rien que dans les démocraties modernes, le journalisme a un rôle de surveillance que les Américains désignent du terme de « watchdog » ! Face à la psychologie du pouvoir, sachant que le pouvoir est un instinct et aussi  une drogue, ce qui ne veut pas dire qu’il faut toujours le diaboliser, et y ajoutant le fait que dans nos pays, certains hommes du pouvoir ont presque toutes les forces et presque tous les moyens (ou le croient) et que les institutions sont plus faibles qu’eux, les louanges ne finissent-elles par desservir la cause d’une bonne gouvernance ?

 
Au demeurant, s’il faut laisser aux partisans le rôle de relations publiques, il faut encourager les journalistes professionnels à plus d’investigation, à plus d’analyses critiques bien fondées et bien argumentées et à plus de débats contradictoires.

Abbé André S. Quenum

Source: La Croix du Bénin - 28/08/2009

Tag(s) : #EDITORIAL
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