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26 octobre 1972

Renversement du conseil présidentiel au Dahomey
Texte rédigé par l'équipe de Perspective monde

Mathieu Kérékou

Le chef d'état-major adjoint de l'armée du Dahomey, le commandant Mathieu Kérékou, est à la tête d'un coup d'État qui se déroule sans effusion de sang. Le conseil présidentiel, qui dirige le pays depuis 1970, est aboli et remplacé par un Gouvernement militaire révolutionnaire.

Depuis son indépendance, en 1960, le Dahomey vit dans l'instabilité politique. Le renversement du président Hubert Maga, en 1963, marque le début d'une série de coups d'État qui minent la situation de ce pays, un des plus pauvres du continent africain. En mai 1970, le pouvoir est assuré par un conseil présidentiel dont les trois membres assurent la présidence en rotation : Hubert Maga, Justin Ahomadegbé et Sourou Migan Apithy. Le 26 octobre 1972, des militaires, dirigés par le chef d'état-major adjoint de l'armée, Mathieu Kérékou, investissent le palais présidentiel, à Cotonou, pendant que le cabinet est réuni. Kérékou abolit la structure de la présidence tournante, supprime l'Assemblée nationale et se dit préoccupé par l'urgence de redresser l'économie. Aucun mort n'est déploré, mais les trois membres du conseil présidentiel, dont Apithy qui revient d'Europe où il est au moment du coup, sont incarcérés. Ils le resteront jusqu'en 1981. Kérékou est président et ministre de la Défense, alors que les autres ministères clés sont occupés par des militaires. Dans son premier grand discours, le 30 novembre, il annonce sa volonté d'établir un régime révolutionnaire, démocratique et populaire. D'une approche plus nationaliste, il évolue en 1974 vers l'adoption du marxisme-léninisme et du socialisme comme voie de développement du pays qui devient la république populaire du Bénin en 1975. Kérékou procède à des nationalisations sur le plan domestique et se rapproche aussi du camp socialiste sur la scène internationale. Le Parti de la révolution populaire du Bénin conservera son emprise sur le pouvoir, exerçant une sévère répression à l'endroit de l'opposition. Kérékou demeurera à la tête du pays jusqu'en 1991. Il y reviendra pour deux mandats entre 1996 et 2006.

Dans les médias...


Siradiou Diallo, « Le « coup » de Kerekou »

«...Depuis le 26 octobre dernier, celui-ci (le conseil présidentiel) appartient au passé. Tous ses membres, y compris ceux qui à cette date étaient absents de Cotonou (c'est le cas du président Apithy et de trois ministres qui ont fini par rejoindre courageusement leurs compagnons d'infortune) attendent leur quitus pour recouvrer leur liberté de simples citoyens. Quant à la nouvelle équipe dirigeante, présidée par le commandant Kerekou, elle promet une « aube véritablement nouvelle » aux Dahoméens. Mais, privée de l'appui des vieux politiciens et des vieux officiers, elle risque de connaître, à son tour, les tracas du guêpier dahoméen. À moins de s'appuyer sur les organisations de masses et de recueillir par conséquent l'adhésion des intellectuels révolutionnaires. Mais pour cela, il faudra plus qu'un simple assainissement ou même une réforme, une véritable révolution; avec toutes les conséquences socio-politiques que cela implique. Le commandant Kerekou est-il prêt à s'engager sur cette voie ? Ce n'est pas sûr. Surtout avant la visite du président Pompidou. »

Jeune Afrique (France), 11 novembre 1972, p. 24.

S.A., « Le Dahomey déchiré »

«...La réussite du putsch montre, une nouvelle fois, que les anciennes colonies françaises n'ont pas pu, dans bien des cas, s'adapter aux pratiques des démocraties occidentales que les militants nationalistes avaient pu prendre pour modèle avant l'indépendance, mais qui n'étaient pas souvent, il est, adaptées à l'état du développement de leur pays. Au Dahomey, depuis près de deux ans, l'armée se considère comme l'«arbitre» de la vie politique en raison de divisions que les chefs de parti, malgré leurs qualités personnelles, ne sont jamais parvenus à surmonter. L'histoire du pays n'est qu'une longue suite d'interventions des responsables de la défense nationale, suivies de la remise du pouvoir à un candidat civil de leur choix, qui perd bientôt la confiance de ses protecteurs, eux-mêmes fort divisés. (...) Malgré les prévisions pessimistes qui avaient été formulées à sa naissance, le « conseil présidentiel », qualifié de « véritable monstre » par le commandant qui vient de le renverser, avait fonctionné de façon satisfaisante. Au mois de mai, la « passation » des pouvoirs entre M. Maga, président depuis le printemps 1970, et M. Ahomadegbe, son successeur, s'était faite sans troubles. En dépit des difficultés budgétaires et des vives critiques formulées contre certaines « dilapidations » des deniers publics, un redressement de l'économie s'amorçait. »

Le Monde (France), 28 octobre 1972, p. 1.

 

Gouvernance et gouvernement [ 26 octobre 1972 ]

Pays Niveau de démocratie Chef de l'État Chef du gouvernement

Bénin
Faible Mathieu Kérékou Iropa Maurice Kouandété

Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).

Évolution des composantes du système politique

Profil Gouvernants Démocratie Partis politiques

Obtenez des informations supplémentaires sur le profil général des pays, les gouvernants, le niveau de démocratie et les différents partis politiques ayant oeuvré sur la scène nationale depuis 1945.
Tag(s) : #Politique Béninoise
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