Le pays le plus peuplé d’Afrique est secoué depuis deux semaines par un soulèvement populaire et de graves troubles sociaux.
Les pillages de masse ciblant des bâtiments publics ainsi que des entrepôts de nourriture se multiplient au Nigeria. Le pays le plus peuplé d’Afrique est secoué depuis deux semaines par un soulèvement populaire et de graves troubles sociaux.
A Lagos, mégalopole économique de 20 millions d’habitants, la situation était plutôt calme, samedi 24 octobre, et le couvre-feu strict imposé depuis mardi soir a été allégé, après une semaine de violences extrêmes.
Mais dans plusieurs villes du pays, les pillages de masse se poursuivaient, comme à Ede (Etat d’Osun, sud-ouest) ou à Jos (centre), où plusieurs milliers de personnes ont envahi et pillé un immense entrepôt de nourriture qui devait être distribuée en mars et avril derniers, pendant le confinement mis en place pour lutter contre l’épidémie de Covid-19.
« Nous avions faim, et ils cachaient la nourriture ! », s’est indignée une habitante de Jos. « Quel genre de gouvernement avons-nous ? Nous sommes faibles, beaucoup meurent de faim. » « Tous les prix ont augmenté. Comment faisons-nous pour survivre ? », a déploré auprès de l’Agence France-Presse (AFP) un homme croisé sur la route qui mène à l’entrepôt, remplie de personnes portant des sacs estampillés « Ne pas vendre. Gouvernement du Nigeria ».
Répression sanglante de manifestations pacifiques
Le Nigeria, premier producteur de pétrole du continent africain et réputé pour être l’un des pays les plus corrompus au monde, traverse une très grave crise sociale. Les mouvements de contestation, nés à Lagos contre les violences policières il y a deux semaines, ont dégénéré en vagues de violences et de pillages de masse.
La répression sanglante de manifestations pacifiques à Lagos, mardi soir, qui a fait 12 morts, selon Amnesty International, a indigné le pays et la communauté internationale. Selon l’ONG, au moins 56 personnes ont été tuées dans tout le pays depuis deux semaines de soulèvement.
Le président Muhammadu Buhari, ancien général putschiste dans les années 1980, puis élu démocratiquement en 2015 et en 2019, a regretté les « nombreuses vies perdues », mais n’a donné aucun bilan officiel sur le nombre de victimes jusqu’à présent. Dans une allocution télévisée jeudi soir, il a prévenu qu’il n’autoriserait personne à « mettre en péril la paix et la sécurité de l’Etat » et estimait avoir été « trop faible » face à la contestation.