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A Paris, les immigrés d'un foyer mobilisés contre le gérant

 


 

La colère est à son comble au foyer des travailleurs immigrés de la rue des Amandiers, dans le XXe arrondissement de Paris. Fatigués par des années de vie dans des conditions insalubres, les résidents manifestent ce mardi devant le siège de l'association gestionnaire.

"Je pense qu'on mérite mieux que ça", s'indigne Saïd Mammar, résident depuis huit ans et délégué élu du foyer. Pour 301,05 euros par mois, on peut profiter d'un lit dans une chambre à deux, et cotoyer en prime les cafards, la moisissure, les inondations et l'absence de ventilation.

Beaucoup d'entre eux ne maîtrisant pas bien le français, les résidents ont mis du temps à s'organiser pour revendiquer leurs droits. Saïd Mammar raconte:

"Avoir réussi à monter ce comité, c'est une bouffée d'air. Avant, comme tout le monde, je rentrais et je sortais, sans me préoccuper de la vie du foyer."

Depuis que la mobilisation a pris de l'ampleur, les langues se délient, et chacun souhaite exprimer ses revendications: l'absence d'aération dans la cuisine, les murs de la salle de bains qui se gondolent...

Une curieuse association "à caractère social"

Les résidents se sont ainsi engagés depuis plusieurs mois dans un bras de fer avec l'Association pour le dévellopement des foyers (Adef), en charge de la structure. Cette dernière gère actuellement 9200 lits en région parisienne.

Emanation de la Fédération patronale des industries de la métallurgie et du bâtiment, l'organisme avait pour spécialité dans les années 50 et 60 de faciliter le logement des travailleurs migrants appelés par les entreprises du secteur.

Indépendante depuis 1985, cette association à but non lucratif se présente actuellement comme un organisme de gestion immobilière "à caractère social". Une définition bien loin de la réalité.

En plus de l'absence d'entretien du bâtiment et du manque d'accompagnement social et administratif des résidents, l'Adef est accusée de faire des bénéfices sur le dos de ses locataires. Les loyers, exhorbitants, augmentent constament sans explication, et sont encaissés sans délivrance de quittances détaillées.

Le statut de l'association prévoit par ailleurs que les bénéfices éventuels soient redistribués aux occupants, ce qui n'est plus le cas depuis plusieurs années.

Propos racistes et chantage

Les accusations des délégués vont même plus loin: en plus de propos racistes et méprisants, les responsables de l'Adef pratiqueraient volontiers le chantage pour obtenir le paiement des loyers. Les retardataires ne peuvent plus obtenir les formulaires nécessaires à des démarches administratives que l'Adef est pourtant censée leur délivrer.

Michael Hoare, du Collectif pour l'avenir des foyers (Copaf), qui soutient la mobilisation rue des Amandiers, aimerait savoir qui se cache derrière l'Adef. Une question à laquelle il est bien difficile de répondre, si l'on tient compte du fonctionnement opaque de l'organisme, qui refuse d'associer les occupants aux réunions du conseil d'administration: "Ils faut que leur dignité soit respectée", explique-t-il:

Tag(s) : #ACTIVITES MILITANTES
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