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Bruni par le soleil, blanchi par la Loi
 
Un non justiciable doit-il moralement saisir la justice ?
Depuis le 16 mai dernier, Sarkozy multiplie les premières et devrait intéresser les constitutionnaliste s.
 
Nicolas Sarkozy, un Non
Justiciable Devant le juge
Par Pathé MBODJE,
Journaliste, sociologue
 
 
L'infaillibilité du Prince prônée par la Constitution italienne se retrouve également dans  la Loi fondamentale française avec l'intangibilité et l'immunité pénale qui couvrent le président de la République en fonction. Prosaïquement, Carla Bruni a trouvé le raccourci "people" en étant la première Dame durant le mandat de Nicolas Sarkozy et son amour pour la vie, ensuite. 

Jacques Chirac en a fait l'amère expérience : son "pfiit" très imagé, les deux mains en lotus largement ouvert comme il savait se faire comprendre par les gestes, devait signifier "dégonflé comme un ballon de baudruche" ; il s'est transformé en silence pensant et pénible avec sa mise en examen le 21 novembre 2007, soit six mois avoir passé le flambeau à son successeur Nicolas Sarkozy : le désormais ex-président, justiciable comme tout le monde comme l’avait affirmé Fillon pendant la campagne avortée pour les législatives, Jacques Chirac donc est accusé de malversations dans l'affaire des emplois fictifs à la mairie de Paris, du temps où il se posait des questions sur les bruits et les odeurs de bicots nègres. Une première, sous la Vème République en tout cas. Le dernier Premier ministre du même Jacques Chirac aussi, Dominique de Villepin, lui à cause de l'actuel occupant de l'Elysée, principalement.
 
Non justiciable parce que couvert, le président de la République française pe ut pourtant légalement saisir la justice. Et parce qu'il ne fait rien comme tout le monde, Nicolas Sarkozy semble peu soucieux d'une loi non écrite, "common law" anglo-saxonne, sacro-sainte s'il en est, qui veut qu'un chef d'Etat (français en tout cas) n'attaque pas un journal durant son mandat : au plus fort de la tourmente avec les affaires de sa maladie et de sa fille Mazarine, deux secrets d’Etat, Mitterrand était resté grand seigneur (1). Sarkozy, lui, multiplie les premières, dans un savant dosage d'une mini-tempête mêlant le normal et le pathologique, le public qui le blanchit sous le harnais, et le privé qui le « brunit » sous le soleil : partie civile alors candidat à la présidentielle dans l'affaire "Clearstream" où son nom avait été évoqué dans une affaire de faux listings visant à lui barrer (inutilement) la route vers l'Elysée, il est également partie civile dans différentes affaires, comme contre une compagnie aérienne « low cost », pour faire people, qui avait profité de sa présence dans une ligne pour se faire mousser, ce qui devait aller de soi, à force de jouer au joli cœur, mais, surtout, contre l’hebdomadaire "Le Nouvel Observateur" pour une histoire de cœur très triviale qui tourne autour d'un message court par téléphone portable interposé (Sms) ;  ce qui est une autre première au plan pénal. Le résultat immédiat dans ce vaudeville qui confond les torchons et les serviettes, est une baisse inquiétante de sa cote de popularité dans ce clair-obscur où il se complaît, apparemment sans résultat.
 
Depuis le baobab géant qu’était le général de Gaulle, irréprochable parce que digne devant l’épreuve nationale, tous les autres ont pataugé dans des histoires de santé devenues célèbres et classiques par la suite : Pompidou était connu comme le malade régnant le plus grand, Valéry Giscard d’Estaing avait une propension fort prisée pour les diamants, le « Mythe Errant » a bercé et berné tout le monde, jusques et y compris les Français eux-mêmes, tournés en dérision avec des histoires de (sales draps de) lits. Mais encore ?
 
Le samedi 26 février 2006, le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin enfin libéré de son calvaire à la tête du gouvernement français essayait de se remonter le moral et celui de ses prédécesseurs dans une sorte de club des "hasbeen prime ministers" et notait sur son blog :
« Bonsoir, Voici la dernière note postée sur mon carnet après ma rencontre avec Alain Juppé à Montréal. Il est heureux, sa famille lui tient chaud. Ses élèves l'adorent et son carnet de conférences est plein. Alain Juppé voit la vie en bleu, la couleur du Québec."
L’éternel maire de Bordeaux avait et a toujours, lui aussi, connu la descente aux enfers, sa traversée du désert, l'ingratitude des siens et l'affront du cabinet du juge d'instruction pour sa fidélité à…Jacques Chirac maire de Paris, le même qui, une fois retourné à la vie civile après la parenthèse présidentielle de 1995- 2006, a connu ce qu’on sait depuis novembre de l’année dernière.  Après le Canada où il s’était exilé, Juppé est revenu revenir dans sa ville se faire réélire, pour rechuter en tant qu'élu parlementaire en juin 2007,… et disparaître d'un gouvernement où on l'avait accueilli du bout des lèvres, pour faire amende honorable : en 1995, au plus fort des revirements dans la vie politique française de droite, certains avaient ostensiblement tourné le dos à… Jacques Chirac au profit du  Premier ministre de transition au sommet de sa popularité, Edouard Balladur, mais vaincu par Chirac que personne n'avait vu venir, surtout pas les instituts de sondages régulièrement passés à côté de la plaque entre 1995 et 2007, avec le ramollissement cérébral de la société française incapable de se choisir un roi (2).
Nicolas Sarkozy a-t-il piégé le peuple français en s’exposant trop, comme le pense Jean Daniel dans le dernier numéro du journal poursuivi par le président français ? Sans doute, lui dont le style est de faire sous des dehors polémiques, dans une sorte de flou artistique qui veut remettre à l’endroit ce qu’il croit à l’envers. Ses différentes prestations prêtent en effet souvent à controverse, aussi bien au sein de l’Hexagone qu’en dehors de la France. La récente affaire des enfants juifs déportés qu’il faut confier à la mémoire des jeunes écoliers français en est un exemple, certainement pas le dernier.
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NOTES
 
1- Le Populaire n° 2465 des 9 et 10 février 2008, page 9.
2 Cf. "Le nouveau désordre électoral : 21 avril 2002-28 mars 2004" par A. Meyer (sous la direction de), Presses de Sciences Po, France, mai 2004).

Tag(s) : #POLITIQUE FRANCAISE
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