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Fétichisme au ministère de la Famille:De nouveaux éléments dans l’affaire [11 octobre 2007]

Le scandale de pratique occulte qui a éclaboussé le directeur des ressources financières et du matériel du ministère de la Famille Yorou Bio Tamou n’a pas fini de révéler ses secrets. La preuve est qu’un autre son de cloche vient battre en brèche la version officielle savamment distillée dans la presse locale et à l’opinion publique depuis le début de l’affaire. ...

L’affaire d’occultisme au ministère de la Famille et de l’enfant pour laquelle le directeur des ressources financières et du matériel de ce ministère Yarou Bio Tamou et deux autres personnes ont été arrêtées vient de connaître un nouveau rebondissement. Ces trois personnes qui avaient été arrêtées et gardées à vue à la Sûreté de l’Etat ont été présentées au Procureur de la république le vendredi dernier puis relaxés. Ils devront se présenter le 17 décembre prochain pour connaître de la suite de ce dossier. Mais depuis le mardi 9 octobre 2007, les choses se sont précipitées sur le plan administratif à l’encontre de M. Yarou Bio Tamou. Son ministre de tutelle Clémentine Yimbéré Dansou l’a relevé de ses fonctions lundi dernier. Nommé à ce poste par un décret depuis plus de deux ans, il a perdu ses attributs suite à un arrêté signé de Mme Clémentine Yimbéré Dansou qui l’accuse d’avoir fait appel à des charlatans dans le seul but de nuire à sa personne. Un autre fonctionnaire a été nommé pour son remplacement et la passation de service a eu lieu le mardi 09 octobre dernier. Quelques jours après le déclenchement de cet évènement on en sait un peu plus. En fait, il s’agit de concours de circonstances et de coïncidences qui ont abouti à l’arrestation de M. Yarou Bio Tamou du sieur Cyrille Hounguè et son fils pour des faits qu’ils sont loin d’avoir commis.

Au commencement

Tout a commencé il y a de cela plus de trois ans. En ce moment là, M Yarou Bio Tamou était chef caisse de la Bibe à Kokoyè à Porto Novo. Ses fonctions lui ont fait connaître le sieur Cyrille Hounguè un client de la banque qui est un charlatan reconnu sous le pseudonyme de Azo dans toute la capitale du Bénin pour ses pouvoirs surnaturels. Les deux hommes ont sympathisé jusqu’au jour où M. Yarou Tamou Bio a demandé une mise à disponibilité pour occuper le poste de Drfm au ministère de la Famille, femme et de l’enfant. Les deux hommes ont gardé le contact. Un jour de l’année 2005, en plein mois de carême musulman, M. Azo appelle M. Yarou Bio Tamou sur son portable et lui fait part d’un rêve dans lequel son ami est abattu à bout portant dans une foule. En bon croyant, M. Tamou ne prend pas importance à ce rêve encore moins aux rituels que lui propose le charlatan pour conjurer ce mauvais sort. Trois jours après les prédications du féticheur Azon, M. Tamou reçoit nuitamment la visite d’un voleur en son domicile. Sa promptitude a fait fuir dans un premier temps ce voleur. Celui-ci revient deux jours plus tard. Mais M. Tamou était encore en éveil. Le voleur fuit à nouveau et revient deux autres jours plus tard, mais cette fois-ci, armé d’un fusil artisanal. Et une troisième fois, il retrouve M. Tamou sur son chemin. Une bagarre se déclenche entre les deux hommes au cours de laquelle, M. Tamou perd un doigt de la main gauche. Hospitalisé au Cnhu de Cotonou pendant près de deux mois, il reçoit la visite de son charlatan qui lui reproche de n’avoir pas suivi ses avertissements. On en était là quand le samedi le 29 septembre dernier, M. Azo appelle une fois encore M. Tamou pour lui faire part d’un autre rêve dans lequel cette fois-ci, il a perdu la vie dans un accident de circulation. Dans un premier temps, M.Tamou banalise l’information. Il informe tout de même son épouse. Celle-ci a encore en souvenir les prémonitions d’il y a deux ans et conseille son époux d’entrer en contact avec le charlatan. Ce qui fut fait. M. Tamou demande au charlatan de faire le nécessaire pour conjurer le mauvais sort. Rendez-vous fut pris pour le mardi 02 octobre dernier. Puisque M. Azo devrait quitter Porto- Novo, les deux hommes ont convenu d’un rendez-vous au ministère de la Famille pour 18h. Ainsi après le boulot, ils iront au domicile de M. Tamou sis à Godomey pour les rituels. A l’heure exacte, M. Azo et son fils Paulin arrivent au ministère. A l’entrée, ils sont fouillés par les vigiles qui découvrent un poulet, une éponge, du savon, de l’huile rouge et du miel dans leur sachet. Ils déclinent leur identité, indiquent la personne qu’ils veulent voir. Les vigiles les laissent passer mais entre temps, ils informent le chauffeur du ministre sur le colis mystérieux. Celui-ci informe sa patronne qui à son tour saisi, son directeur de cabinet. En quelques minutes c’est le branle bas de combat. Tout le ministère est ameuté. Le directeur de Cabinet frappe à la porte du Drfm, qui met du temps à ouvrir. Le directeur de cabinet en conclut que réellement quelque chose se trame pour éliminer la ministre. Malgré toutes les explications de Azo et du Drfm, la ministre et le directeur de Cabinet n’ont voulu rien entendre. Ils ont aussitôt appelé la police et les sieurs Cyrille Hounguè et son fils de même que le Drfm ont été conduits à la police et gardés à vue. Le lendemain, le Drfm du ministère est à son tour entendu par les policiers. Gardés à vue pendant 72 heures, les trois ont été présentés au Procureur qui n’a retenu aucune charge à leur encontre. Mais l’affaire n’est pas encore close, puisqu’ils doivent revenir s’expliquer devant le Procureur de la République.

Fidèle H Nanga

Garder la tête froide et raisonner

Dans cette histoire de « charlatanisme » au ministère de la Famille, il est aujourd’hui très important de garder la tête froide. Il s’agit surtout de ne pas donner dans le panneau de la paranoïa, et d’éviter de s’adonner à des interprétations aussi subjectives que hâtives et qui pourraient dans l’immédiat ruiner la vie d’un fonctionnaire et créer à long terme dans notre pays, un climat de suspicion évocateur du temps du Marxisme Léninisme. Ceci d’autant que dans cette affaire, aujourd’hui tout ce qui se dit est purement dénué de preuves palpables, et c’est là peut-être tout le drame de l’affaire. Car, chacun y va de son interprétation et de ses fantasmes occultes. On se demande pourquoi il n’y a encore personne de rationnel pour se poser quelques questions de fond ! Qu’est-ce qui prouve par exemple que le directeur des ressources financières et du matériel aujourd’hui mis au banc des accusés en voulait à quelqu’un de son ministère ? Pourquoi sur cette base, a-t-on aussitôt identifié la ministre comme la personne visée par ledit directeur ? Pourquoi n’a-t-on pas vu dans la présence de deux charlatans dans le bureau du Drfm, le fait qu’il souhaite par exemple se protéger lui-même de quelqu’un ou même exorciser son bureau et protéger le ministère ? On dira sans doute que c’est là des hypothèses, mais qui sont tout aussi valables que celles avancées pour traiter le Directeur de « malfaiteur ». Sur cette question, puisqu’on veut se hasarder sur un terrain sensible, on devra faire appel aux grands charlatans du pays et leur demander si la présence combinée du miel, d’un coq, d’une éponge, d’un savon et de l’huile peut permettre de tuer quelqu’un. Car, il doit forcément exister des ingrédients « spécifiques » en matière d’occultisme pour faire un gris-gris nocif à quelqu’un. A défaut de ces expertises et contre-expertises, on ne doit pas s’empresser de tirer des conclusions. La ministre Gnimbéré devra garder la tête froide au sujet du comportement à adopter vis-à-vis de son subordonné. Car, s’il est vrai que nous sommes au pays du Vodoun et que la majorité des Béninois s’adonne à quelques pratiques occultistes de temps à autre, il est tout aussi vrai que chacun essaie de se protéger que de nuire à autrui. S’il n’y avait pas eu un précédent entre le ministre de la Famille et son Drfm, il est clair que ce dernier dans cette affaire et même si on l’avait aperçu avec mille charlatans, n’aurait pas eu de problème. Il lui suffirait de dire que c’est pour adjurer un mauvais sort dans son bureau et même si en réalité, c’est pour nuire à quelqu’un, on ne lui aurait pas cherché noise. C’est là en effet toute l’ambiguïté de charlatanisme.

Askanda Bachabi

Tag(s) : #Le matinal
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