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Courrier international - 28 sept. 2007
Chronique
PSYCHOLOGIE - La générosité, une affaire de sexe ?
Une recherche sur les mécanismes mentaux liés aux processus de séduction fait apparaître que l'acte philanthropique découle de nos comportements sexuels. Le quotidien suisse Le Temps explique comment le protocole mis en place au cours de cette étude, dont les conclusions ont été publiées aux Etats-Unis dans le Journal of Personality and Social Psychology, a permis d'associer générosité et sexe.

Les psychologues Geoffrey Miller*, de l'université du Nouveau-Mexique, et Vladas Griskevicius, de l'université d'Etat de l'Arizona, ont fait appel à deux groupes de volontaires composés d'hommes et de femmes. "Le premier a été placé dans un état d'esprit dit 'romantique', relate Le Temps, en regardant des images de personnes séduisantes du sexe opposé puis en écrivant comment se déroulerait un rendez-vous avec l'une de ces personnes. Le second groupe a eu droit à des images de bâtiments et à une rédaction sur le temps qu'il fait."

"Ensuite, tous les participants ont été priés d'imaginer deux choses. Premièrement, disposant de 5 000 dollars, quelle part consacreraient-ils à des dépenses somptuaires telles que l'achat d'une voiture, un repas gastronomique ou des vacances à l'étranger ? Deuxièmement, disposant de soixante heures de loisir par mois, quelle part consacreraient-ils à du bénévolat ?"

A l'issue du test, les hommes "romantiques" ont "massivement consacré leurs 5 000 dollars aux dépenses de luxe", rapporte le quotidien de Lausanne, tandis que les femmes consacraient "massivement leurs soixante heures de loisir au bénévolat". En revanche, les hommes du groupe "non stimulé" se montraient nettement plus réservés dans leurs dépenses et les femmes beaucoup moins enclines à donner du temps pour s'occuper des autres.

Les chercheurs soulignent que "ces comportements tendent à montrer d'une part que les sexes ont des stratégies différentes pour attirer l'attention de l'autre, et, d'autre part, qu'ils n'utilisent leurs ressources que quand cela en vaut la peine". En effet, l'étude fait apparaître que les hommes dépensent plus volontiers leur argent "quand ils sont placés dans un contexte à connotation sexuelle" – l'image utilisée pour décrire ce type de comportement étant celle, très évocatrice, de la "roue du paon". Quant aux femmes, elles se montrent également "plus généreuses dans la même situation".

Au cours d'un deuxième test lié à la "visibilité" de la dépense en argent ou en temps de bénévolat, les chercheurs ont remarqué que "les hommes du groupe stimulé ont clairement privilégié les objets qu'ils pouvaient montrer (les vêtements, par exemple) par rapport à ceux dont ils pouvaient enrichir leur intérieur, tandis que les femmes favorisaient le volontariat dans des endroits publics (un foyer pour sans-abri, par exemple) par rapport à des activités plus anonymes".

Intrigués par le fait que la grande majorité des philanthropes soit de sexe masculin, les chercheurs expliquent, à la lumière d'un dernier test, que "dans la mesure où la générosité se traduit plus en argent qu'en temps donné, les hommes ‘stimulés' sont prêts à ouvrir leur portefeuille, ce geste s'apparentant aux dépenses dites somptuaires" et à… la roue du paon.


The Mating Mind: How Sexual Choice Shaped the Evolution of Human Nature (Anchor, 2001), l'essai de référence du psychologue évolutionniste Geoffrey Miller (non traduit).
Elisabeth Berthou
 © Courrier international 2007 | ISSN de la publication électronique : 1768-3076    
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