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  Déclaration sur la situation politique nationale:Kérékou veut sacrifier Yayi Boni

 

9 avril 2008 - LE MATINAL


Le Général Mathieu Kérékou a choisi l’occasion de la visite du chef de l’Etat pour réagir par rapport à la situation politique nationale critique contre les politiciens de sa génération. Au-delà du caractère comique et énigmatique de la déclaration, l’ancien Caméléon des filaos s’est une fois illustré dans le flou qui ne permet pas de comprendre ses motivations.

L’ancien président Mathieu Kérékou vient d’afficher publiquement ses intentions politiques au profit du régime du changement. Cette réaction qui devrait plutôt étonner, trouve par contre son fondement dans la manière dont Kérékou a toujours géré son destin politique. L’homme connaît mieux que quiconque toute la classe politique nationale. Pour avoir été de la génération de certains, pour avoir utilisé d’autres et surtout pour s’être méthodiquement organisé pour finir politiquement un troisième groupe. Dans cette même logique politique où Kérékou n’a souvent pas dit ses vraies intentions et a toujours usé d’une certaine ruse pour tromper son entourage pour avoir raison plus tard de lui, ses déclarations de la semaine écoulée qui tendent à faire une part belle au président Yayi Boni apparaissent encore comme une partie de comédie pour endormir l’actuel locataire de la Marina pour plusieurs raisons. D’abord, il n’est pas rare pour Kérékou d’aller à cette extrémité, de porter un jugement de valeurs sur des anciens collaborateurs. Quand il en arrive à ce niveau et surtout dans le contexte actuel où tout le peuple semble être bien fâché, il faut craindre les conséquences de la vérité qui se cache derrière ces déclarations que certains prennent déjà comme parole d’un bon père de famille. Ensuite, certains proches de Kérékou qui avaient tenté en vain de réviser la loi fondamentale pour l’aider à rempiler contre le président Yayi Boni en 2006 se retrouvent aujourd’hui dans le changement.  

D’autres raisons majeures

  C’est d’abord la gestion qui a été faite de certains grands dossiers pratiquement privés de Kérékou sous le changement. La société Défi Emploi Jeune a été retiré à l’un de ses enfants avec tout un discours qui lui semble défavorable. Plus tard, un autre, député à l’Assemblée Nationale n’a pu être réélu à cause de la machine électorale que les chantres du changement ont développé contre lui dans leur Natitingou natal. A leur prise de fonction, les éléments du changement ont, à haute publicité, affirmé que Kérékou n’a laissé que juste 200 000 000 f cfa dans toutes les caisses du pays avant de plier bagage. Mieux, on lui colle au dos une dette de 17 milliards due aux cotonculteurs, le laxisme au sommet de l’Etat sans compter bien d’autres dossiers flous dont on l’a toujours accusé jusque là. Et puis, de sérieuses menaces d’arrestation pèsent au quotidien sur certains de ses fidèles. On dit même qu’il serait déjà aller au cabinet un certain nombre de fois pour sauver des cas. Mathieu Kérékou n’est pas de tendance à vite oublier tout ce procès contre son régime et sa propre personne. C’est pourquoi, il faut prendre avec beaucoup de réserves ses déclarations qui tendent à endormir le président Yayi Boni.  

Des raisons politiques aussi

  C’est la qualité d’homme politique averti, méticuleux de Kérékou qui doit être aussi une autre raison pour ne pas trop croire à son soutien au président Yayi Boni. Pendant que les moments très chauds du processus de son remplacement à la tête du pays en mars 2006 était résolument en marche, et la révision de la constitution pour l’éterniser au pouvoir était devenue impossible, personne n’a su qui, de ses collaborateurs allait bénéficié de son soutien. On dirait que tous ceux l’approchaient pour réclamer son soutien avaient son accord. Au même moment, bien des sources crédibles doigtaient Me Adrien Houngbédji comme son seul dauphin. Et l’adhésion rapide contre toutes attentes du No 1 des révisionnistes, Martin Dohou Azonhiho et de son ex-conseiller de la cellule macro économique Yacouba Fassassi à la cause du Parti du Renouveau Démocratique (Prd) aura surpris plus d’un. Aussi, on pouvait croire que Kérékou manoeuvrait pour Houngbédji. Mais c’était des leurres. Les uns et les autres se rendront à l’évidence plus tard. Sommes-nous encore dans un cas pareil ? Difficile encore de le dire. Cependant, une lecture conséquente de la déclaration de Kérékou ne crédibilise pas la thèse selon laquelle Kérékou est vraiment avec Yayi Boni. C’est d’abord le degré actuel de pourrissement de la situation politique nationale soutenu par un certain populisme qui ne le permet pas. Même si on peut dire qu’avec Kérékou, c’est le laisser aller, le pouvoir n’est jamais tombé si bas. Et ce sont les mêmes personnalités politiques qui ont fait couler le régime défunt qui se sont rapidement reconvertis pour gérer aujourd’hui le changement. Kérékou n’aime pas ça et se donne toujours, tôt ou tard, les moyens pour le décourager. N’est-ce pas ce processus qui a commencé ?. Mais une autre lecture de sa réaction au sujet de son retour dans un cercueil ou sur un brancard peut permettre de mieux deviner ceux que Kérékou accuse de voyous. Ceux-là peuvent se retrouver dans un camp comme un autre. Et puis, Kérékou n’ignore certainement pas qu’à côté des sorties politiques des différents G qu’il tend à dénoncer, il y a le niveau de la crise actuelle qui a obligé la descente sur le terrain du professeur Albert Tévoédjrè pour une certaine médiation entre Yayi Boni et ses alliés d’hier. Sans compter les répliques souvent injurieuses des autres. Mieux, en son temps, les débats à l’Assemblée Nationale étaient autres malgré que ce fût ses hommes qui étaient aux affaires. Plusieurs fois de suite, Kérékou a dû négocier très fort avant que son budget ne soit voté. Ce qui n’a pas été jusqu’à une date récente le cas et le principe de la séparation des pouvoirs se trouve régulièrement violer. Dans le cas d’espèce, la situation permet simplement de dire que Kérékou est entré dans la danse pour aider le président Yayi Boni à perdurer dans les mêmes erreurs pour mieux s’enliser.

 

  J-Ch. H. (Br. Ouémé/Plateau)


Tag(s) : #Politique Béninoise
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