Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Cyber-criminalité au Bénin : Des domaines publics en vente sur internet

 

Écrit par Le Matin du 07/05/2008   

 

Le cyber-criminalité a atteint une proportion très inquiétante au Bénin. Longtemps déploré au bas-niveau avec de petites annonces d’arnaque, le fléau a connu une expansion et c’est désormais les domaines publics que des individus non encore identifiés mettent en vente sur l’internet.

 

Il y a quelques semaines, un groupe d’hommes d’affaires européens est descendu au Bénin pour, dit-il, entrer en possession d’un domaine public qu’il a acquis sur l’internet. A leur descente d’avion, les richissimes hommes d’affaires qui composent ledit groupe ont été surpris de constater qu’aucune disposition pratique n’est prise pour les accueillir conformément  à ce que les vendeurs leur ont miroité. Pire, les hommes avec qui ils avaient rendez-vous pour remplir les dernières formalités et entrer en possession de leur joyau qu’est l’un des plus grand centre de loisirs et de sport de Cotonou n’avaient pas répondu présents. Très déçus, ils ont décidé de mener les investigations pour savoir ce qu’il en est réellement de l’affaire qu’ils ont conclue sur l’internet et pour laquelle ils avaient déjà avancé des centaines de millions. Mais quelle ne fut leur désolation lorsque que les investigations leur ont révélé que ledit domaine n’a jamais été mis en vente et que sa gestion relève du gouvernement. Honteux et confus, ces hommes ont du retourner dans leur pays après avoir maudit les escrocs et promis de ne plus jamais avoir affaire avec un Béninois. De pareilles histoires courent aujourd’hui villes et campagnes du Bénin. A l’instar de ce groupe d’Européens, plusieurs autres personnes ont foulé le sol béninois pour les mêmes objectifs. Mais toujours est-il qu’elles n’ont jamais eu gain de cause. Courant février dernier,  c’est un Belge qui était venu se plaindre de ce que des individus qui se sont fait passer pour des autorités béninoises lui ont vendu contre une somme de 250 millions de FCFA, la place de l’Etoile Rouge de Cotonou. Tout récemment encore, un homme d’affaires et ses associés  sont arrivés constater que des inconnus les ont dupés en lui vendant à coût de milliard de francs CFA le stade de l’amitié de Kouhounou.

 

La stratégie des faussaires

 

Ils sont aujourd’hui très nombreux, ces Béninois et autres Africains qui séjournent à Cotonou à s’adonner à cette sale besogne. Il y en a parmi eux qui opèrent en réseau et ont des complices dans les pays de la sous-région, en Europe, en Amérique bref un peu partout dans le monde. D’autres par contre, agissent en solo. Leurs stratégies consistent à proposer à leurs victimes ou même à des sociétés, des véhicules, des animaux rares et très recherchés, des parcelles ou des sociétés dont ils ne sont pas propriétaires. Il y a en même qui se font passer pour des promoteurs d’orphelinats à la recherche de donateurs ou de partenaires. D’autres encore entraînent leurs victimes dans des affaires d’or, d’argent, de drogue et de faux billets. Il y a aussi des réseaux qui se proposent de trouver des correspondantes aux Occidentaux qui envisagent se marier à des Noirs. En tout cas, ils ont plusieurs tours dans leurs sacs et n’opèrent souvent que sur l’internet. Ils trouvent  les contacts de leurs victimes dans des revues bien lues telles que ’’Amina’’, ’’Nous Deux’’ et ’’Femme Actuelle’’. Ils sont très organisés et n’hésitent pas à prendre les plus grands risques. Pour convaincre leurs victimes, ils sont capables de dépenser une fortune. Ce sont de véritables professionnels en  matière d’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Du Bénin, ils sont capables d’appeler l’Europe et sur l’indicatif d’un autre pays. Très souvent, ils réussissent à convaincre leurs victimes à qui ils soutirent beaucoup de sous.  Ils exigent le plus souvent le transfert de ces sous par Western Union et autres services; les numéros de compte pouvant conduire à les identifier. Les victimes sont aujourd’hui très nombreuses de même que les plaintes.

 

Un défi pour la police

 

S’il est vrai que le vol est un délit puni par la loi, l’escroquerie n’en demeure pas moins une infraction punissable devant les juridictions. Au regard de l’ampleur que prend ce fléau de cyber-criminalité, la police est contrainte de s’y investir. Cela est très important vu que le fléau a beaucoup de conséquences non seulement pour le pays mais également pour les individus qui s’y adonnent. Aujourd’hui, beaucoup de jeunes abandonnent les cours à cause de cette histoire. De jour comme de nuit, ils sont dans les cyber à la recherche de gain facile ou de gens à escroquer. L’éducation prend donc un coup dur à cause du cyber-criminalité qu’ils appellent eux-mêmes « gaayi ». Aussi, faut-il redouter que les relations diplomatiques entre le Bénin et les autres pays prennent un coup à cause de ces sales affaires. Etant donné que les individus arrivent à se faire passer pour des personnalités dont ils sont capables d’imiter sans faute les signatures, il faut craindre le pire et s’attendre à ce qu’un jour des gens viennent avec des documents presque authentiques pour prétendre vouloir contrôler telles ou telles autres sociétés de l’Etat. Déjà, il ne leur a pas été impossible de mettre en vente des domaines tels que l’Etoile Rouge et le Stade de l’amitié de Cotonou. La police a du pain sur la planche.

 

Judicaël-Rock HOUNWANOU



Tag(s) : #Politique Béninoise
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :