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CHRONIQUE DU JOUR
Tricherie de ministres

28 mai 2008

par Sulpice O. Gbaguidi

Les journées mondiales se bousculent et leur célébration suscite un regain d’activité dans nos ministères. Le factice embellit les manifestations et se couvre d’un zèle envahissant des maîtres de cérémonie. Le gouvernement a de la matière et les ministres, tout en mouvement, dévorent ces instants qui soignent leur image.

 

L’Organisation des Nations Unies (Onu) a décrété certaines dates, jours de l’année pour attirer l’attention sur les enjeux internationaux importants. Des associations ou institutions ont elles aussi promu des journées dédiées à un thème particulier. Les objectifs de développement activent les initiatives des hommes du progrès. Chaque mois héberge son lot de journées. Ce 28 mai est par exemple la journée internationale d’action pour la santé des femmes. Demain, les casques bleus, soldats de la paix seront à l’honneur et le 31 mai, la communauté internationale célébrera la journée mondiale sans tabac.

 

Le festival des journées a tôt fait de donner des allures fantasques à nos ministres, séduits par l’aubaine. La célébration est galvaudée. Le spectacle exaspère les esprits les plus éclairés. Les discours mortifères viennent pervertir les attentes et consolider les incertitudes. Les radotages couvrent lesdites journées et des gestes inutiles s’utilisent pour donner le change aux populations. Les autorités s’exercent dans des gymnastiques infécondes, les danses, les astuces pour consommer les fonds alloués à l’organisation des manifestations. Ce mois finissant a été rythmé par les différentes comédies à l’occasion des journées internationales : l’hypocrisie de la liberté de la presse, des blagues pour distraire les familles, les rêveries autour des musées, des fantasmes sur la diversité culturelle et des fables pour masquer les lacunes de nos gouvernants. On a élucubré sur l’eau pendant la journée mondiale de l’eau le 22 mars sous les huées des robinets asséchés. On a célébré l’eau sans l’eau.

 

Les ministres du changement affaiblis par le désoeuvrement profitent des journées internationales pour se requinquer et s’occuper. On se donne à loisir des parties de distraction. Les agitations entraînent un vacarme qui cache mal les bulles de la tricherie. Des ministres de Boni Yayi se font plaisir, en remplissant le temps de folklore. La patronne de l’environnement et de la protection de la nature a dû visiter les pythons pour rappeler qu’on peut à volonté vaincre l’oisiveté. Les chenils et les bergeries attendent la générosité de madame la ministre. Les brebis et les chiens revendiquent leurs droits de goûter aux délices du Bénin émergent.

 

Le changement souffre du manque de vision de certains ministres qui tournent en rond et refusent d’abdiquer malgré leur évidente faiblesse. L’immobilisme est inquiétant. Les balades initiées n’enlèvent rien au désoeuvrement ministériel. La République a mieux à faire que d’abriter des ministres du paraître. Les incapables reconnus devraient, par amour pour la patrie, démissionner. C’est une question d’honneur. La résistance ne comblera pas le déficit de performance et l’indécision me paraît un mauvais choix.

 

Après plus de 47 ans d’indépendance, la nation a plus que jamais besoin de bâtisseurs et non des artisans de divertissement, maîtres dans l’art de confondre les priorités.

 

A moins de 3 ans de la fin de son mandat, Boni Yayi a l’impérieux devoir de rassurer les 75% d’électeurs qui l’ont plébiscité en 2006.

 

Le recrutement gouvernemental en vue, doit servir à panser les plaies ouvertes par l’actuelle équipe. Et que les journées mondiales cessent d’être des jours de fête pour ministres fêtards. C’est une urgence car le changement ne semble toujours pas changer les habitudes de ministre.

 

Sulpice O. Gbaguidi



Tag(s) : #Politique Béninoise
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