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  Sortie médiatique de l’Ige sur la gestion des véhicules d’occasion: Yayi Boni a piégé Alidou Koussé

 

 4 mars 2009 - LEMATINAL


Coïncidence ou pas, la sortie de l’Inspecteur général d’Etat (Ige) Alidou Koussé sur la gestion des véhicules d’occasion en transit n’est pas un acte volontaire de l’homme. Il a subi la pression du Palais de la Présidence qui l’a contraint à monter au créneau pour défendre le gouvernement contre le G13 qui a hâte de mettre la main sur le rapport produit sur l’activité par l’Ige. En obligeant l’Inspection générale d’Etat à réagir, le chef de l’Etat a réussi son coup pour avoir rejeté sur la structure les accusations formulées contre son gouvernement.

Le Chef de l’Etat Yayi Boni ne se sent pas au mieux de sa forme dans le bras de fer qui oppose son gouvernement au G13 au sujet de la gestion de l’escorte des véhicules d’occasion et des fonds que cette activité génère. C’est pour cette raison qu’il vient d’appeler à la rescousse une autre voix qu’il croit plus autorisée à parler et à se faire entendre par l’opinion publique. Ainsi donc, après les différentes interventions d’une brochette de ministres et des cadres de la douane, l’Inspection générale d’Etat dirigée par le respecté Alidou Koussé vient de signer une entrée inopportune dans cette affaire. Certainement à la demande du Président de la République, on l’a vu sur le plateau de la télévision nationale prendre faits et cause pour le gouvernement dans ce très brulant et sensible dossier qui alimente l’actualité depuis quelques jours. Il a en outre démenti toute mauvaise gestion de la filière par le Président de la République, comme l’a révélé le député Issa Salifou avant que ses collègues du G13 n’enfoncent le clou, le dimanche dernier. Il rejette les accusations selon lesquelles, les fonds de l’escorte ne sont pas budgétisés. Au nom du patriotisme à l’endroit du chef de l’Etat, il a porté sur lui la responsabilité d’affirmer que le rapport sur l’activité de l’escorte des véhicules d’occasion commandité par le Président de la République et réalisé par la structure qu’il dirige est prêt et disponible. Alidou Koussé n’a fait que redire ce que les députés du G13 ont soutenu mordicus il y a de cela quelques jours. Si tant est que le rapport est disponible comme l’inspecteur général de l’Etat l’a affirmé, le gouvernement n’a-t-il pas intérêt à le publier ? C’est là où se trouve tout le débat. Dans le contexte actuel où la polémique a atteint un niveau préoccupant, on se demande si l’Inspecteur général d’Etat était tenu de prendre position si ce n’est pas qu’il a été dépêché par le régime en place. Jusque-là, l’opinion publique n’a eu droit qu’à ses déclarations, alors que la préoccupation de l’heure c’est de publier le rapport pour qu’on puisse situer les responsabilités.

Koussé défend t-il son rapport ou le gouvernement ?

Sur d’autres dossiers qui amènent le gouvernement à régler les comptes, de tels rapports ne sont pas gardés dans les tiroirs. Ce qui s’est passé dans l’affaire Padme est édifiant. Par contre, les rapports produits sur la gestion de la Soneb, la Sbee et les audits faits dans les ministères sont restés sans suite, ou sont partiellement exploités à des fins de limogeage. Le G13 en exigeant qu’on publie le rapport sur l’activité des véhicules d’occasion craint que le chef de l’Etat ne lui donne le même sort. Ces députés qui ont des attaches un peu partout dans l’administration publique savent que le rapport est prêt. Ils ont eu vent des éléments qui s’y trouvent. La fermeté avec laquelle, ils réclament sa publication n’est pas à assimiler à la plaisanterie, ou à du cinéma. A aucun moment, ils n’ont égratigné l’Ige. La coalition avait plutôt mentionné que le document existe, mais étant donné qu’il a mis à nu certains barons de l’actuel gouvernement, ce dernier n’a pas voulu de sa publication au risque de mettre sur la place publique, les casseroles des amis du chef de l’Etat, leurs différentes implications, les accointances avec la mafia de la filière des véhicules d’occasion. Cette manière du G13 d’aborder le sujet, exprime sa reconnaissance pour la qualité du travail qui a été fait, mais également, elle dénonce l’attitude du régime à ne pas livrer ceux qui sont épinglés. Mais c’est sans compter sur cette sortie de Alidou Koussé qui a d’emblée manifesté que le rapport n’accuse en rien la gestion du chef de l’Etat Yayi Boni en ce qui concerne le dossier de l’escorte. Il a semblé dire que le travail qui a été fait n’a épinglé aucun proche du Président de la République. Il a d’une manière ou d’une autre, souligné qu’il y a de la transparence dans ce qui se fait, alors que les anciens acteurs de la filière dénoncent une mafia et la haute tricherie organisée au sommet de l’Etat. Et comme pour leur donner raison, deux ministres du gouvernement se sont contredits sur la gestion qui est faite des fonds issus de cette activité.

Faire oublier les incohérences du gouvernement

Du ministre des Finances et de l’Economie Soulé Mana Lawani à son collègue, chargé du développement Irénée Pascal Koupaki, les réponses varient comme le jour et la nuit. Face à leur incohérence, le chef de l’Etat a profité du fait que ses accusateurs s’intéressent au rapport commandité sur l’escorte pour envoyer l’auteur du document au front, pour répondre à qui de droit. C’est ni plus ni moins un piège que Alidou Koussé n’a pas su éviter. Le gouvernement lui a demandé d’aller défendre le rapport que personne n’a vu jusqu’à présent. Cette attitude participe aux moyens de défense qu’utilise le pouvoir pour se débattre dans ce dossier qui a commencé par l’ébranler après les critiques successives des députés du G13. Quelle était la mission assignée Alidou Koussé ? Alors qu’on reproche au pouvoir en place de ne pas publier le rapport qu’il a produit et déposé, le responsable de l’Ige est sorti de son mutisme pour répondre à cette accusation qui ne l’a pas visé. Si tout ce qu’il a dit agrée le Président de la République, qu’on oublie le rapport et qu’on explique avec détail, la méthodologie et les moyens utilisés pour faire le travail. Ce feuilleton qui occupe aujourd’hui le devant de l’actualité nationale est parti pour prendre d’autres tournures dont on ignore les conséquences. Issa Salifou et son groupe, après avoir jeté le pavé dans la marre du régime en place ne sont pas prêts à donner leur langue au chat. L’intervention de Alidou Koussé est loin de calmer les ardeurs ou de mettre fin à la polémique. L’Inspecteur général d’Etat n’a fait que répondre à une sollicitation express d’un gouvernement qui a du mal à montrer un visage d’agneau dans la gestion de la filière de l’escorte de véhicule d’occasion et les fonds y provenant. Une maladresse qu’on était loin de penser de celui dont le profil a toujours inspiré confiance et respect. Il n’était pas vu comme un homme aux ordres du pouvoir. Mais aujourd’hui il en donne l’impression. Le rapport sur l’activité de l’escorte des véhicules d’occasion qu’il est venu défendre n’est pas encore connu du public. C’est ce qui devra être son combat, et non de venir défendre le régime. La chose qui a intéressé Alidou Koussé, c’est de blanchir le pouvoir sur des faits dont les députés du G13 l’accusent. Et comme un laudateur du roi, il a loué le chef de l’Etat. Au-delà, le premier responsable de l’Ige a livré à l’opinion publique ce qui arrange le pouvoir. Pourvu qu’il ne produise pas un rapport téléguidé et du reste introuvable jusque-là.

Fidèle Nanga



Tag(s) : #Actualités Béninoises
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