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Le Ministre François Abiola a trahi le Madep, il va trahir son propre parti le Med et surtout Boni Yayi

 

10 novembre 2009 par La Presse du Jour

 

François Abiola a officiellement mis fin à ses activités au sein du Mouvement africain pour la démocratie et le progrès (Madep). C’est dans l’après-midi du lundi 9 novembre 2009 aux environs de 17h30 qu’il a eu le courage de faire parvenir au Président Séfou Fagbohoun sa lettre de démission datant du 11 mai 2009. Une lettre d’une incongruité à nulle autre pareille, selon le Président du Madep.

Abiola internetEnfin ! Le Président Séfou Fagbohoun peut souffler un ouf de soulagement. Celui qui gangrénait sa formation politique a décidé de partir de lui-même.  Cela n’a pas été facile puisque depuis le 11 mai 2009 qu’il a rédigé de sa propre main sa lettre de démission, ce n’est que le lundi 9 novembre 2009 que le Professeur François Abiola l’a rendu officielle et a jugé bon de l’envoyer au Président de son ex-parti. Dans cette lettre d’une incongruité à nulle autre pareille, selon les termes du Président Séfou Fagbohoun, le ministre François Abiola fait comprendre au président du Madep qu’il vient de perdre un militant. Cet objet ne peut que faire marrer. En vérité, et selon les fondateurs du Madep, François Abiola n’a jamais été un vrai militant du parti.

 

 « Ce n’est qu’un opportuniste qui ne fait que guetter les moments propices  pour se mettre à la bonne loge », a dit le Président du Madep qui se réjouit tout de même d’avoir contribué à promouvoir politiquement le Professeur François Abiola quand bien même des courants au sein du parti l’avaient prévenu du risque qu’il prenait. Dans sa lettre de démission, le Professeur François Abiola fait croire à ceux qui veulent l’écouter qu’il est un militant du Madep. Malheureusement, le premier paragraphe de cette lettre de démission trahit la pensée du Professeur dont le militantisme répond à une autre logique. « Lorsqu’à l’occasion des vacances universitaires que je passais au Bénin en août 1996, une sœur m’avait conduit chez vous, j’ai accepté de participer aux tractations qui ont conduit à la naissance du Madep. Vous vous rappelez les circonstances dues surtout au rôle joué par chacun de nous pour les élections législatives de 1995 et surtout la détermination que j’avais affichée à soutenir contre vous en 1996, le Président Soglo pour, avais-je développé, ne pas arrêter le développement amorcé à l’époque par ce dernier. Ainsi naissait en 1997 le Madep ». Par ces propos, le respecté Professeur Abiola s’installe dans un anachronisme patent. Le Madep a été créé en 1997 et logiquement, il ne peut pas avoir participé aux élections législatives de 1995 comme l’évoque le Professeur vétérinaire. Et le Professeur Abiola semble avoir oublié qu’en 1995 il a soutenu la liste Uds de Adamou Mama N’Djaye aux élections législatives dans la circonscription électorale à laquelle Sakété avait appartenu. Cette liste n’avait obtenu que 1063 voix. C’est en tout cas le lieu de rafraîchir la mémoire au nouveau démissionnaire du Madep qui croit ainsi qu’il peut embrouiller tout le monde. Et que dire des raisons qu’il évoque pour justifier son soutien à Soglo en 1996. Pour ceux qui ne le savent pas, c’est grâce à Soglo que le Professeur François Abiola a été envoyé au Sénégal en qualité de Directeur de l’école inter Etats des sciences et médecines vétérinaires. Le Président Adamou Mama N’Djaye avec qui il avait fait la Faculté des sciences agronomiques avait plaidé son cas auprès du Président Nicéphore Soglo et c’est ce qui a amené le ministre François Abiola à adhérer à l’Uds qu’il animait avec le concours de certains natifs de Sakété dont l’actuel maire Raliou Arinloyé. C’était donc pour conserver son poste que notre ministre avait soutenu Soglo. Mais hélas ! Soglo a perdu les élections. François Abiola avait alors compris qu’il n’avait plus d’autres choix que de rester sous les ailes du Coq d’Adja-Ouèrè qui a largement contribué à la victoire du Général Mathieu Kérékou s’il veut conserver son poste à Dakar. C’était alors le sens de son adhésion au Madep créé en 1997.

 

Bon débarras

 

A vrai dire, le contenu de la lettre de démission du Professeur François Abiola n’est qu’un tissu d’arguments fallacieux pour justifier un acte qui a manqué de courage dans sa mise en œuvre. En principe, le ministre François Abiola devrait aller loin dans ses propos, surtout pour ce qui est des choses qu’il a entendues lorsqu’il s’était agi de son entrée dans le gouvernement. Mais hélas ! Il a montré qu’il est tout sauf un homme courageux. A priori, certains comme le président Séfou Fagbohoun voient en lui un homme politiquement dangereux. Lorsque le ministre François Abiola a parlé de son soutien à Soglo en 1996, il devrait normalement expliquer pourquoi il a soutenu Adrien Houngbédji en 2006 alors que le parti dans lequel il dit qu’il milite a un candidat. Quelle est la logique qui éclaire sa politique ? La question mérite d’être posée. En tout cas, les faits relatés par lui-même rejoignent l’idée que le Président Séfou Fagbohoun a aujourd’hui de lui. Et ses partisans d’aujourd’hui doivent se méfier de lui comprendre qu’il est un homme politiquement instable. Celui qui ne doit pas se sentir politiquement en sécurité est le Président Boni Yayi. Tout en étant dans son gouvernement et tout en jouissant des avantages liés à ce poste ministériel, le Professeur François Abiola peut décider de soutenir un autre candidat en 2011. S’il a réussi à le faire à Fagbohoun à deux reprises (1996 et 2006), ce n’est pas à Boni Yayi qu’il ne va pas le faire. C’est un coutumier des faits qui visiblement ne bouge que pour ses intérêts.


Au Madep, la démission du Professeur vétérinaire est considérée comme un bon débarras. Et pour le Président  Séfou Fagbohoun la démission du ministre François Abiola est un ouf de soulagement. Qu’il vous souvienne que si le Professeur François Abiola a été élu député à l’issue des législatives de 2007, c’est grâce à la volonté du Président Séfou Fagbohoun qui, du fond de sa cellule en prison, a dû affronter certains courants du Madep qui se sont opposés au positionnement du Professeur vétérinaire. Ce positionnement a failli faire voler en éclats le Madep. Mais le Président Séfou Fagbohoun a pu calmer la colère des uns et des autres parce qu’il fallait sauver un être désespéré après l’échec de son candidat Adrien Houngbédji sur qui il misait fort à la présidentielle de 2006. Selon des indiscrétions, le ministre François Abiola avait été identifié pour faire partie du précarré de la Direction de campagne du candidat Boni Yayi. Il appartenait au groupe de Dakar dans lequel se trouvait Pascal Koupaki, Soulé Mana Lawani et les autres. Mais il a refusé de soutenir Boni Yayi parce qu’il savait qu’il n’allait pas être élu. Ironie du sort. Après la proclamation des résultats en 2006, Boni Yayi triomphe avec 75 % des suffrages exprimés. Le Madep a pris une part importante dans cette victoire. Désabusé, le Professeur François Abiola a alors fait son retour à la case départ. Face au Président Séfou Fagbohoun, il a confessé son péché. Et les relations ont ainsi repris. Lorsque le Président du Madep avait été incarcéré dans le dossier Sonacop, celui qui est aujourd’hui devenu ministre de l’enseignement supérieur passait tout le temps à la prison civile de Cotonou. Il savait ce qu’il visait. Jouer sur la corde sensible de cette assistance pour amener le Président du Madep à le positionner sur sa liste lors des législatives de 2007. Il fallait qu’il se retrouve à l’Assemblée Nationale pour ne pas subir la colère du Président Boni Yayi à qui il avait manqué de respect. Séfou Fagbohoun en bon musulman a pardonné à François Abiola. Il le positionna sur la liste du Madep. Ce fut le tollé au sein du Madep. Les ardeurs des uns et des autres ont été calmées. Pour la campagne électorale, c’est au Président Séfou Fagbohoun encore  dans les liens de la détention à la prison civile de Cotonou que le Professeur vétérinaire désormais réduit à quelques consultations a eu recours. Pour Séfou Fagbohoun et ses militants, c’était presque un défi que la liste Add-Madep rafle les trois sièges à pourvoir dans la circonscription électorale à laquelle appartiennent les communes de Sakété, d’Adja-Ouèrè et d’Ifangni. La tâche n’avait pas été facile. Mais les fruits ont tenu la promesse des fleurs. Et voilà François Abiola élu député à l’Assemblée Nationale. Il a pensé que cette victoire relevait d’un exploit personnel. Mais c’était l’erreur à ne pas commettre. Lors des élections communales de 2008, soit un an seulement après les législatives, la liste qu’il a présentée à Sakété a été battue à plate couture par celle conduite par le jeune maire sortant Raliou Arinloyé. François Abiola était dans tous ses états. Il pensait pouvoir compter sur ses amis comme Kogui N’Douro avec qui il avait commencé par mener des négociations pour entrer dans le gouvernement pour renverser la tendance à son profit. Mais hélas ! Les nombreux recours qu’il a déposés contre la liste de Raliou ont été infructueux. La honte était alors au rendez-vous. A l’Assemblée Nationale, il n’inspirait plus confiance aux yeux de tous les députés G et F qui ne l’associent plus à aucune de leurs concertations. François Abiola était très vite perçu comme un espion du gouvernement. Son entrée au gouvernement avait fini par convaincre les uns et les autres. Et c’est la raison pour laquelle sa démission du Madep n’ébranle pas le Président Séfou Fagbohoun, mais le soulage.

 

Affissou Anonrin

Tag(s) : #Politique Béninoise
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