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L'Observateur N° 7672 DU MARDI 13 JUILLET 2010

 

Célébration du 14 Juillet: Encore du "y a bon Banania" sur les Champs-Elysées

 

S’il y a un qui n’aura pas l’esprit à la fête, bien qu’étant le grandissime maître de l’événement, c’est assurément le président français, Nicolas Sarkozy. Certes, le 14-Juillet à Paris, ce n’est pas un jour comme les autres. Malgré tout, quand on est empêtré dans des scandales financiers qui rejaillissent forcément sur sa politique, il y a de quoi dormir dans le même lit sans faire le même rêve.

 

Mais, comme il faut coûte que coûte arroser cette journée révolutionnaire parisienne devenue fête nationale, la France met les petits plats dans les grands. Le sourire de circonstance sera de rigueur même si le premier des Français est au plus bas des sondages.

 

Il faut, en plus, que la fête se fasse, parce que les convives seront nombreux et proviendront des différents coins et recoins de la terre. Et les premiers potentiels témoins vers lesquels se tourne en premier celui qui a semblé fustiger la Françafrique au début de sa prise de pouvoir avant de revenir à de « bons sentiments », ce sont les présidents de l’Afrique francophone.

Et ceux qui se bousculeront au portillon seront bien nombreux. En la matière, les enfants dociles de la douce France n’aiment pas se laisser conter l’événement. De nombreux chefs d’Etat africains y ont, depuis longtemps, envoyé leurs précurseurs, à commencer par le nôtre.

Après l’Afrique du Sud où il est allé assister à la finale du Mondial, le prochain point de chute du président du Faso, Blaise Compaoré, sera donc Paname. Sauf tremblement de terre.

 

Rappelons-le, le 14-Juillet coïncide avec le cinquantenaire des indépendances de la plupart des pays africains francophones au sud du Sahara, à l’exception de la Guinée avec son « NON » au référendum gaulliste de 1958.

Outre les éléments des armées nationales respectives à hauteur d’une cinquantaine par pays, sont aussi invités à prendre part au défilé, les tirailleurs sénégalais, ces soldats qui, malgré eux, ont vaillamment participé aux grands combats du siècle passé.

 

Quelle marque d’estime de la part du pays qui a attendu qu’ils ne soient plus qu’une poignée avant d’aligner leurs pensions sur celles de leurs compagnons d’arme de l’Hexagone !

 

C’est sûr, la fête sera belle. Pour beaucoup de dirigeants africains, qui ne sont nullement gênés d’être accueillis, la plupart du temps, à l’aéroport de Paris par un obscur conseiller de l’Elysée, serrer la main à Nicolas Sarkozy élève absolument au nirvana.

 

Et puis, si se faire l’allié du maître des lieux peut renforcer le contrôle de son fauteuil présidentiel, pourquoi ne pas lui dire amen à chaque fois qu’il éternue ? Ces perspectives ne sont fort heureusement pas suffisantes pour attirer tous les chefs d’Etat de l’Afrique francophone sur la plus belle avenue du monde.

 

Manqueront par exemple à l’appel, pour des raisons qui ne sont évidemment pas les mêmes, Paul Kagamé du Rwanda ou Laurent Gbagbo de Côte d’Ivoire. Même si, pour ne parler que du dernier-cité, plus que jamais au plan des affaires, les grands groupes français comme Bouygues, Bolloré et autres Aéroports de Paris continuent de faire la pluie et le beau temps sur la terre d’Eburnie.

 

L’attitude du président ivoirien pourrait s’expliquer sur le plan politique. En effet, un lourd contentieux persiste entre Paris et Abidjan sur des dossiers comme la mort des neuf militaires de la force Licorne en 2004, suite aux bombardements de Bouaké et le massacre des manifestants ivoiriens par les éléments français quelques jours plus tard devant l’hôtel Ivoire.

Bientôt, les pays francophones vont commencer la commémoration de leur cinquantenaire. On attend de voir à quelle hauteur la France sera représentée.

 

Issa K. Barry

 

(1) Slogan d’une marque de chocolat considéré comme porteur des stéréotypes racistes, et dont la formule est attribuée à un tirailleur sénégalais qui se serait ainsi exclamé après avoir goûté au produit.



Tag(s) : #POLITIQUE FRANCAISE
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