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Par amycocos | 26/05/2011

  

CI: Méfiance générale, pays toujours en panne

 

 

Depuis la chute du régime de Laurent Gbagbo, la Côte d’Ivoire est sous contrôle armé des Frci et des forces de la communauté internationale. Une situation inédite et de circonstance dans un contexte de méfiance sécuritaire intérieur qui tranche avec une volonté bureaucratique de réconciliation pour l’heure sans contours palpables sur le terrain.

Mis à part les apparatchiks politiques, dont les caractéristiques ostentatoires sont les mêmes par-delà les frontières, qui manifestent ci et là leur enthousiasme, la majorité des ivoiriens a encore peur, leur libération n’est pas encore arrivée. Ces derniers n’osent véritablement pas s’exprimer sur la situation que traverse leur pays dans un cadre qui pour l’heure inquiète plus qu’il ne rassure.

Omniprésence d’homme armés, pour la plupart jeunes et au look débonnaire, insécurité générale, pas de police ni de gendarmerie… Pas d’Etat, l’anarchie de la période de crise est toujours d’actualité tout comme l’arbitraire. Dur, malgré les patrouilles pour la forme de la force licorne ou de l’Onu sur les grands axes de la capitale, d’appeler au retour à la confiance et aux investissements dans ce contexte qui reste incertain.

La capitale économique du pays est elle aussi toujours au ralentit, au-delà des banques, les commerces et autres entreprises, restées fermés depuis lors, n’ont toujours pas rouvert. Dés 20 heures plus personne dans les rues et chaque jour on espère, mais rien ne vient, le temps semble devenir long pour les chômeurs. « On est là, je viens chaque matin pour voir si le patron est revenu » nous livre Souleymane rencontré devant un commerce d’electro ménager dans le quartier central du plateau, tout près de lui Serge qui ne cache pas son amertume ajoute : « On espère que ça va aller, mais pour l’heure on voit pas de changement, beaucoup ont peur car il y eu trop de mort et de règlement de compte et ça continue, dans les quartiers on est pas rassuré, ça viol, ça pille, ça tue, pas d’ordre, on sait même pas qui est qui dans ce pays et nous on est là au chômage depuis tout ce temps ».

Autre constat sur le marché de Treichville ce jeudi matin où les frustrations ethniques apparaissent. « Voilà les femmes djoulas qui nous chassent désormais » scande sans honte une vendeuse de fruit accompagnée de ses sœurs en direction d’un groupe de commerçantes venues du nord de la Côte d’Ivoire. « Nous on est Baoulé, c’est grâce à nous si Ouattara a été élu et aujourd’hui, c’est eux-mêmes qui veulent nous chasser de nos places au marché pour les récupérer et placer leur famille et tout ça avec l’aide des frci, c’est quelle histoire ça ! » nous explique énervée la vendeuse en colère. Tentant de demander explication au groupe de présumés usurpateurs, aucune réponse nous sera donnée en Français si ce n’est «, ‘ elles n’ont qu’à quitter ici ».

Dans un commissariat de Cocody, tenu par les Frci, c’est une autre revendication qui s’élève. Pris à témoin de revendication, un des « anciens » de 2002 et désormais élément des frci nous confie « Si vous pouvez dire à Soro que nous là on ne fait pas confiance aux policiers et gendarmes ralliés de Gbagbo, on ne veut pas qu’ils nous commandent et qu’ils aient plus d’armes que nous » ajoutant, « il faut que l’on reste vigilent car la situation n’est pas stable et peut être qu’ils pourraient encore se passer des choses, en tout cas, y’ a pas de confiance entre nous ». Un autre, également ancien soldat rebelle de Bouaké nous indique son indignation face au comportement de certains Frci : « y’a toujours des brebis galeuses et aussi des profiteurs, même d’autres qui se font passer pour d’autres que des Frci » ajoutant « certains de nos jeunes recrues sont un peu zélés avec leurs armes et ternissent l’image du président Ado envers les population d’Abidjan qui pour certaines ont soit perdu des proches soit qui n’acceptent toujours pas la chute de Gbagbo ».

L’importante présence d’ivoiriens aussi bien civils que militaire à l’extérieur qui n’ont toujours pas, malgré les appels, regagné leur pays par crainte de chasse aux sorcières participe aussi à ce climat d’incertitude.

En attendant le nouveau gouvernement, le "miracle" promis lors de la campagne du Rhdp est toujours attendu. En effet, tout indique qu’il faudra du temps à la Côté d’Ivoire pour qu’elle se retrouve, pour que ses habitants se refassent confiance, la crise sociale est toujours palpable et s'amplifie, l'argent se fait rare, le pays est toujours sous hypothèse.

Amy, Koaci.com Abidjan



 
 
Tag(s) : #Politique Africaine
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