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Il fut une haute juridiction béninoise si experte dans les abracadabrances, qu’un compétiteur politique a dû lâcher par dépit : « La Cour des miracles ». La stigmate s’est désormais incrusté dans le jargon institutionnelle béninoise au fil du temps. Suivez mon regard. La présidente de la Cour constitutionnelle, Ouinsou Conceptia s’en va après une décennie à régenter le temple de l’interprétation de la loi fondamentale. Les différents détenteurs de distinctions diverses se chargent de rouvrir leurs magasins à médailles. De la chancellerie de l’ordre national du Bénin à l’Ambassade d’Allemagne en passant par le gouvernement haïtien.

 

Malheureusement, l’espace de cette chronique n’est pas propice aux lauriers. Ce n’est forcément pas une bonne nouvelle pour elle de se rappeler à notre souvenir au moment où tous semblent la célébrer. On lui doit, du moins à la Cour qu’elle a présidé, l’enrôlement de la société dite civile dans le débat politique. En échos à une ruse d’un certain Albert Tévoédjré, obligé de recourir à des expédients pour rompre l’étouffement dont il est l’objet de la part de son adversaire juré de l’époque, Adrien Houngbédji. La propre trajectoire de Ouinsou Conceptia en dit long sur le sujet. De la toge de professeur de droit à la présidence de la Cour constitutionnelle avec une halte au gouvernement de Kérékou. La société civile passe donc du rôle de veilleur vigilant à celui d’acteur maculé des vices de la course au pouvoir.

 

Parlons des miracles. De cette scabreuse élection présidentielle 2001. Le premier tour qui a inspiré le caricaturiste de circonstance étonné de voir une juridiction aussi sensible proclamer les résultats du scrutin à plusieurs reprises avec des redressements de suffrages dignes de l’enchanteur Merlin. Et surtout de la parade surréaliste qui tente de justifier l’injustifiable par une panne d’électricité mystérieuse ciblée sur une salle unique détenant la mémoire informatique. Sans oublier cette mémorable tirade d’une présidente de la Cour constitutionnelle, par l’entremise d’une conférence de presse – une première dans l’histoire – pour dire tout le mal qu’elle pensait d’une « certaine opposition ».

 

Opposition par rapport à qui ? Au pouvoir de Kérékou ? Se considérait-elle encore, à l’époque, comme un ministre de Kérékou ?

 

Un statut de l’opposition que le sage des sages n’a jamais voulu reconnaître au sein du parlement malgré le vote d’une loi sur le sujet. La configuration politique s’entend toujours au travers des groupes parlementaires qui ne sont en réalité que des instruments techniques de fonctionnement de l’institution parlementaire fondés sur l’individu député. Alors que l’appartenance ou non à l’opposition est basée sur une option politique solennelle par rapport au pouvoir exécutif basé sur la notion de partis politiques. Conséquences : une instabilité chronique au sein de l’hémicycle à la veille de chaque échéance capitale. L’individu a pris le pas sur la famille politique avec les risques de surenchère, de chantage et de transactions occultes.

 

On peut citer le fétichisme autour des résultats avec une cour hostile à toute publication de tendances avant sa propre proclamation à l’occasion des présidentielles. Cette trouvaille de prestidigitateur à propos de la nécessité d’un consensus en lieu et place de la majorité qualifiée des 4/5ème à l’Assemblée nationale prévue par la constitution elle-même dans le cadre de la révision constitutionnelle.

 

En attendant un bilan plus exhaustif de connaisseurs agréés, on peut formuler le vœu que ce départ sonne effectivement le glas de la prestidigitation en ce haut lieu d’arbitrage du jeu politique et social du Bénin. Bye-bye …



Tag(s) : #Politique Béninoise
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