La vérité des prix et des choses au Bénin

La vérité des prix et des choses au Bénin

02.08.2008

Les «généraux» du changement sont à court de munitions  pour prolonger leur désir d’éviter la vérité des prix. Mesures populaires compréhensibles sur des relents populistes ? Le fait est là que la vérité des prix a fini par avoir raison de leur volontarisme, et ils s’y sont pliés, avant de reculer par cette curieuse création de «magasins témoins». Ce changement du changement à mi-parcours est un tournant capital qui doit interpeller tous les acteurs publics en ce qui concerne la place de la vérité elle-même dans la gestion des problèmes de société. Si la vérité des prix est amère mais nécessaire, il faut la vérité des choses, aussi dure soit-elle pour saisir les chances de l’essor économique et politique dont le peuple béninois rêve tant.

La vérité des choses, c’est que, en observant le passage de l’enthousiasme presque omnipuissant par lequel le changement a commencé à la crise multidimensionnelle actuelle, bien des Béninois se demandent de diverses manières : comment peut-on diriger ce pays ? Acquérir le pouvoir, les politiciens savent le faire et ils ne reculent devant rien pour y parvenir. Ils sont toujours très nombreux à vouloir l’acquérir. Mais pour le gérer, ils ne savent où donner de la tête. Si les Béninois «sont difficiles», comme on l’entend souvent dire, que dire alors des politiciens béninois qui nous courtisent pour nous diriger sans savoir comment s’y prendre ? La vérité des choses, c’est que, à cause de la manière dont le politique et l’économique s’y imbriquent, cette crise a le potentiel de nous forcer à plus de réflexion sur la méthode de gestion de notre destin commun.

La vérité des choses, c’est que dans la multiplicité des expertises et des positions au sein de la société, la spécificité des formes d’action et de contribution et les règles de chaque art doivent être respectées. Chacun dans son champ. Le paysan dans le sien, le ministre dans le sien, de même que le député et le soldat, le politicien et le technocrate. Voilà une vérité des choses par laquelle peut commencer la recherche d’une meilleure gestion de ce pays. La vérité des choses, c’est le respect humble de la réalité, même de celle qu’on veut changer.

Abbé André S. Quenum