BENIN: « 500 millions » de tentation

« 500 millions » de tentation

Un journal comme La Croix du Bénin devrait se réjouir de la générosité fréquente du président de la République et de son gouvernement envers toutes les religions de ce pays.

La dernière preuve en est la décision du conseil des Ministres du 6 septembre 2008 d’accorder un appui financier de 500 millions (inscrit au budget général de l’Etat 2008) aux chefferies traditionnelles et aux organisations religieuses de la Société civile. Le communiqué présente cet appui comme une poursuite de « la politique d’aide progressive de l’Etat aux différentes organisations de la Société civile qui concourent par leurs actions à l’exercice de la démocratie apaisée, à l’expression de la foi, ainsi qu’à la gouvernance traditionnelle », et qui sont « dépositaires des valeurs morales et culturelles de notre pays ».

Cependant, le devoir de vérité prophétique nous incombe de maintenir encore plus rigoureusement la veille dès lors qu’il s’agit d’avan-tages octroyés, susceptibles de modifier les rapports entre l’Etat et les religions au cœur de notre jeune démocratie. Si aujourd’hui les milieux politiques ne disent rien encore à propos de cet appui, on peut s’imaginer comment il pourrait être perçu en 2010, à la veille des échéances électorales, puisque cet appui s’inscrit dans des mesures politiques à poursuivre.

En plus, il est souhaitable que cette première expérience de distribution d’argent entre d’aussi nombreuses confessions et communautés religieuses aux ramifications inextricables parfois, ait raison de toutes les appréhensions ! Ce n’est pas simplement une question pratique de méthode de répartition. C’est aussi que la confusion prévisible crée des conditions diaboliquement favorables au dieu Mammon de se jouer des faiblesses humaines présentes dans toutes les religions !

Enfin, pour éviter 500 millions de tentation, pourquoi l’Etat ne se contente-t-il pas, sur des questions comme l’éducation, la santé et la fiscalité par exemple, de suivre les moyens que lui offre la Constitution pour appuyer la contribution des organisations religieuses à l’édification de cette nation ?  C’aurait été la meilleure façon d’esquiver tout soupçon, d’assurer une meilleure utilisation de cet appui et donc d’éviter « 500 millions » de tentation...

Abbé André S. Quenum