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CHRONIQUE DU JOUR


Bénin: Malédiction sur le gouvernement du roi Boni 1er ?

 

24 octobre 2008 - FRATERNITE

 

par Sulpice O. Gbaguidi

Le nouveau gouvernement de Boni Yayi est-il frappé de malédiction ? La nouvelle équipe du changement semble congénitalement sous le coup de l’imprécation. Elle enregistre à la naissance des défections. Les deux ministres du G13 rejettent l’offre gouvernementale et le Madep fait la fine bouche.

 

L’actualité de l’Exécutif béninois s’anime avec la cloche de la polémique. Le remaniement ministériel produit des incertitudes et ouvre de nouvelles plaies dans le cercle gouvernemental. Le Non du G13 et les réserves du Madep viennent montrer les limites de la gestion politique du changement. L’imprudence de Boni Yayi a congelé la méfiance de ses potentiels alliés. Le partenariat en gestation avec le G13 est mis à mal car l’ascenseur de la sincérité politique est plus que jamais en panne. Le régime aura encore substitué à une maîtrise du sens commun, la ruse, le pilonnage acharné et une pédagogie politique insensée. La ratiocination exercée pour expliquer les choix de Valentin Aditi Houdé et Léon Ahossi se révèle une farce verbale. Le ratage historique des cauris n’a pas d’excuse. Boni Yayi s’est collé au mode d’action et de pensée qui consolide malheureusement la crise politique : le recours obsessif à la ruse et cette allergie flagrante pour les négociations saines. Ce recrutement gouvernemental est entaché de vices politiques et entraîne l’exception du refus d’être ministre.

En voulant contourner le collectif G13 et puiser dans les inspirations individuelles, le chef de l’Etat s’est piégé. La stratégie a été improductive. Elle n’a pu égratigner la solidarité du G13. Mais pourquoi le régime du changement utilise-t-il la ruse jusqu’à la caricature ? L’ouverture ventilée par ce remaniement est pervertie par les artifices du pouvoir enclin à la ruse politique. En se moulant dans des contacts isolés au détriment d’un véritable dialogue avec le G13 en tant que force politique, Boni Yayi est loin de décanter la situation. A malin, malin et demi. Le gouvernement naît avec des démissions.

Ce cruel déficit qu’accouche le refus de dialogue est accentué par la précipitation. Le délai pour les passations de service dans les ministères défie les normes. Moins de 24 heures après l’annonce du remaniement. Quelle urgence peut justifier des passations aussi pressées ? Quel péril y a t il pour la République ? Quelle crise s’empresse-t-on de résoudre ? Ou le pays va-t-il s’arrêter de fonctionner ? Le défaut de sérénité tue le régime et provoque l’ennui. Les ministres Madep ont dû justement bouder ces passations de service précipitées.

 

Le changement en profondeur ne peut se faire avec une vitesse de croisière. Boni Yayi ferait mieux de suivre le rythme ancestral du paysan qui lui permet dans le champ de ne sauter aucun trou et de bien mettre les graines en terre. Cette sagesse du paysan associée aux actes de nos gouvernants devrait éviter à la République des préjudices dus à des erreurs primaires.

 

Mais Yayi est pressé, trop pressé et dans ces conditions il est à craindre qu’il confonde vitesse et précipitation. Rome ne s’est pas construite en un jour. La course pour l’émergence ne peut obéir à l’improvisation. Il faut discipliner les élans des maîtres du changement. C’est cela l’urgence.

Sulpice O. Gbaguidi


Tag(s) : #EDITORIAL
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