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DE LA CANDIDATURE DE TIDJANI SERPOS A LA DIRECTION GÉNÉRALE

 DE L’UNESCO

 

Par Olympe BHÊLY-QUENUM

 

 03 JUIN 2009

 

Quand la presse béninoise a eu annoncé que notre compatriote Nouréini Tidjani Serpos avait fait acte de candidature à la Direction générale de l’Unesco, l’information a fait jubiler des Béninois, aussi bien au pays que dans la diaspora ; j’y ai décelé un élan patriotique qui a provoqué un étrange jaillissement dans mes tréfonds ; des journaux devaient, assez vite, préciser que l’intéressé avait « la lettre de soutien du chef de l’Etat » ; une telle intervention, quoique légitime, me sembla, ouf ! à l’honneur de la politique du changement dont nombre des méthodes m’agacent ; n’empêche, prudent, méfiant à cause de la « béninoiserie » devenue l’idiosyncrasie de certaines coteries, j’ai préféré mon quant-à-soi aux débordements d’enthousiasme ; les vodúns de la terre natale en soient loués, l’affirmation de DP Le Grand Journalque voici ,qui me fit sursauter, justifia ma réserve:

 

« A quelques jours de la clôture du dépôt des candidatures, et malgré la lettre de soutien du chef de l’Etat, le dossier de Nouréini Tidjani Serpos souffre. Jusqu’à présent, sa candidature n’est pas officiellement enregistrée au secrétariat de la présidence du conseil exécutif de l’Unesco. » 

 

Il y a 21 ans que j’ai quitté l’Unesco, n’empêche, de part et d’autres des appels téléphoniques de compatriotes ,voire des membres d’une Amicale me demandent encore ce qui se passe dans le Landerneau politique béninois, si le chef de l’Etat avait « sincèrement donné son soutien à Monsieur Tidjani Serpos », s’il était « faux-cul », s’il jouait « double jeux, car l’Egypte et la Bulgarie » auraient reçu son soutien ; si « l’ambassadeur-délégué permanent du Bénin près l’Unesco pouvait ne pas obtempérer à une décision du chef de l’Etat », etc.

 

Homme très intelligent, fin et subtile, mon ami Olabiyi Yaï ne saurait se prévaloir des exigences du Conseil exécutif de l’Unesco dont il est le président en exercice, pour barrer la route à la candidature d’un citoyen béninois à la Direction générale, car il est avant tout l’ambassadeur-délégué permanent du Bénin.

 

D’autres égreneraient son curriculum vitae d’enseignant à l’Université de Paris VIII, à l’Université nationale du Bénin city, au Nigeria, etc. Nouréini Tidjani-Serpos, actuel sous- directeur général de l'Unesco et responsable du département Afrique, j’ai connu ses parents, et lui-même quand il était jeune ; que ce soit au Bénin ou en France, pas un membre de sa famille ne m’est étranger ; je me souviens d’avoir publié au Bénin un texte intitulé « Ce que je dois à Abdou  Tidjani Serpos, son père, un ethnologue dont une étude sur le rituel vodún m’avait fasciné ; à l’Unesco dont j’ai pris congé en 1988, j’observais et étudiais Nouréini dans ses fonctions d’ambassadeur-délégué permanent du Bénin ; il m’arrive aujourd’hui de relire le poète, ou bien, le critique littéraire talentueux, perspicace, parfois caustique ; il y a aussi ses textes et prises de position d’homme de culture dont l’impact dans l’organisation du premier festival mondial des arts et cultures Vodun OUIDAH 92 (qui eut lieu en 1993) ; Nicéphore Dieudonné Soglo alors président de la République du Bénin, était l’initiateur de cet extraordinaire événement culturel dont Nouréini Tidjani Serpos était le .coordinateur.

 

Pour la première fois je vais rapporter une appréciation de mon très regretté ami brésilien Jorge AMADO : un philosophe béninois avait déclaré : « le vodou est un culte et non une culture » Le Monde, quotidien français, s’était fait l’écho de cette énorme ânerie qui révélait l’inculture de son auteur ; l’immense écrivain brésilien à qui je montrais certains des couvents vodún où j’avais effectué des recherche m’a demandé : «  pourquoi ce philosophe, fils de pasteur protestant, a fait une telle dichotomie entre culte et culture ? Est-ce qu’il ignorerait que dans toutes les religions le culte est soutenu par la culture et le fait fonctionner ? »

De retour à Cotonou, j’ai donné à Jorge Amado un texte de Nouréini Tidjani Serpos traitant du rôle du vodún et d’orisha dans l’œuvre de Wole Soyinka , prix Nobel de littérature ; le lendemain, le grand Brésilien qui avait lu nombre de mes ouvrages m’a exprimé sa gratitude et ajouté : « Olympe,  il faudrait que tu viennes au Brésil, le texte de ton ami Tidjani et certains de tes propres livres doivent être traduits dans mon pays ; le Bénin et le Brésil ont tant de choses en commun… »

 

Voilà, brièvement, quel Africain est pour moi le Béninois qui a décidé de faire acte de candidature à la direction générale de l’UNESCO

 

 

Olympe BHÊLY-QUENUM.



 

Tag(s) : #Contribution de la Diaspora
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