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  Aléjo Gbadjaaa’a : Patrice Hounsou Guèdê : « Yayi Boni a vu venir un danger en 2011 »

 

3 juin 2009 - LEMATINAL


 

Evoquer le nom de Patrice Hounsou Guèdê sous les différents régimes du président Mathieu Kérékou, c’est faire allusion aux services de renseignements dont il a été l’inamovible patron de 1996 à 2005. Cet ancien gardien de la paix devenu un pion incontournable dans le dispositif sécuritaire et de défense de l’Etat raconte avec fierté, parfois avec quelques notes de regrets les missions qu’il accomplissait au nom de l’intérêt de la Nation. Les exactions commises contre les membres du Pcb sous la période révolutionnaire étaient nécessaires, a-t-il dit pour sauver la République.



« C’est la révolution qui a préparé l’avènement de la démocratie.. » soutient un ancien homme de confiance du général Kérékou. Avec un peu de recul le colonel à la retraite se prononce sur le rôle qu’il a eu à jouer aux cotés de l’homme du 26 octobre 1972. Après avoir fait valoir ses droits à la retraite en 2005, il embrasse une carrière politique et décide de supporter le candidat Adrien Houngbédji en 2006 à qui Yayi Boni a brisé le rêve de gagner la Marina. Séduit par les actions de développement entreprises par le nouveau régime, il se porte candidat aux élections communales d’Avril et mai 2008 dans la commune d’Abomey Calavi. Elu conseiller, au titre duquel, il réussit à se faire porter à la tête de cette cité dortoir, il nourrit de grandes ambitions pour sa ville tout en comptant sur le soutien du gouvernement. Par ailleurs, il appelle la majorité présidentielle a cultiver l’amour et la cohésion pour faire éviter à Yayi Boni l’expérience de Nicéphore Soglo en 1996, car déclare t-il : « Yayi Boni a vu venir un danger en 2011 ». Le nouveau maire d’Abomey Calavi est marié, père de sept enfants. Le Matinal : On vous connait en tant qu’ancien patron des renseignements. Mais présentez-vous à nos lecteurs.

 

Patrice Hounsou Guèdè : Je m’appelle HOUNSOU-GUEDE Comlan Patrice. J’ai pris service le 1er décembre 1972 comme gardien de la paix. En 1976, j’ai quitté la police pour les forces armées ; j’ai été admis le 1er septembre 1976 à aller au cours officier à l’Ecole Supérieure Militaire de LVOV en URSS. J’ai fait 34 ans de service. Je devais aller à la retraite le 1er janvier 2003. Mais j’ai été libéré seulement le 26 octobre 2005.

 

Que retenir de votre cursus scolaire ?

 

J’ai passé un concours avec le CEPE pour être gardien de la paix et j’ai pris service le 1er décembre 1972. Deux mois après la venue au pouvoir du Président Mathieu KEREKOU. En 1973 j’ai passé le concours d’Inspecteur de Police avec le BEPC, concours auquel je n’ai pas réussi. Toujours dans la même année je me suis inscrit à l’Université du Benin à Cotonou au cours de Capacité en Droit et au bout de deux ans j’ai obtenu mes deux diplômes en faisant partie des tous premiers à être inscrit, à l’Université pour le droit capacitaire.

 

Comment vous a-t-on choisi pour vous envoyer aux cours officier ?

 

On était 30 à être envoyés en formation. Mais on est 03 qui remplissaient les conditions pour aller au cours officier en tout fonctionnaire de la police, et 12 à quitter la gendarmerie. Les quinze (15) autres étaient des étudiants qui avaient fini deux ans à l’université. Nous avons intégré l’école début septembre 1976 et nous avons fini en juin 1981 à l’Ecole Supérieure Militaire et Politique de LVOV. La formation dans cette école est sanctionnée par deux diplômes : 1- d’officier d’infanterie motorisée et 2- diplôme de maîtrise en sciences politiques et en sciences journalistiques pour certains. J’ai acquis le diplôme de maîtrise en science politique.

 

Parlez-nous de votre expérience en URSS.

 

C’est le lieu de rendre hommage au Président Mathieu KEREKOU de nous avoir envoyé à l’Ecole Supérieure Militaire et politique à LVOV. On nous prenait pour des enfants de riche ou du régime. Mais Mathieu KEREKOU nous avait sélectionné sans tenir compte de notre statut social. L’équilibre régional était observé, 05 par province ce qui fait trente.

 

On avait pris les meilleurs ?

 

Non. Ce n’était pas un concours qu’on avait passé pour cette formation. On avait demandé tout juste des volontaires qui remplissaient les conditions dans l’armée et à l’université. Après mon retour, comme tout militaire, j’ai fait six mois à Ouidah et par la suite j’ai été affecté au premier bataillon des commandos parachutistes à Ouassa où j’ai fait deux ans. Suivant l’appréciation de mon Chef de Corps Général do SANTOS Capitaine à l’époque, j’étais apprécié pour mieux servir dans l’administration que dans le corps des commandos parachutistes. C’est ainsi que j’ai été nommé Chef Bureau Administratif puis Chef du deuxième Bureau de l’Etat Major des Forces de Défense Nationale en 1985, sous l’autorité du feu Colonel Gaston COOVI, ancien Chef d’Etat Major. Suite à ma nomination comme chef du deuxième bureau des forces de défense nationale, j’ai demandé à aller suivre une formation dans une école de renseignement. C’est ainsi que j’ai été à nouveau à MOSCOU pour faire une Ecole de Sécurité d’Etat.

 

Ce deuxième séjour vous a apporté quoi ?

 

Ce deuxième séjour m’a permis d’apprendre les techniques de sécurité d’Etat.

 

Est-ce par vocation que vous êtes allé aux renseignements ?

 

Mon feu père a été un policier. Il a fait les renseignements au Togo sous l’ancien premier Ministre Togolais GRUNISKY pendant la colonisation. Vers les années 1963 Monsieur GRUNISKY a été Président de la République du Togo.

 

Donc c’est votre feu père qui vous a inspiré ?

 

Oui c’est lui qui a beaucoup insisté pour que je rentre à la Police. La preuve c’est que j’ai déposé deux dossiers : un dossier le concours de Gardien de la Paix et autre pour le concours d’Inspecteur de Police.

 

En tant que policier est ce que vous avez eu à servir comme agent de renseignements ?

 

Pas en tant que tel. Mais néanmoins j’avais suivi une formation de renseignement avec les coréens pendant trois mois à l’Ecole Nationale de Police.

 

Votre mère vous-a-t-elle soutenu ?

 

Ma mère est une commerçante. C’est mon père qui m’a le plus inspiré.

 

En dehors de l’URSS aviez-vous fait l’expérience d’un autre pays occidental ?

 

J’ai eu l’occasion de faire à MONPELLIER en France ma formation des cours de Capitaine. Puis à Paris j’ai suivi la formation de renseignements militaires à la D.P.S.D.

 

Quelle différence faites-vous en matière de renseignements entre l’URSS et la France ?

 

Dans le domaine des renseignements les soviétiques étaient beaucoup plus en avance que sur les Français. On peut les comparer aux Américains, Anglais et Israéliens en matière de renseignements.

 

Qu’est ce que vous avez appris dans la technique Russe ?

 

Généralement les renseignements constituent une science qui se développe au jour le jour. Mais il faut aimer le travail de renseignements pour bien l’accomplir. Qualifiant le métier de renseignements, j’aime souvent citer un général Français qui a dit : « Le métier de sécurité d’Etat est un métier de voyou mais exécuté par des seigneurs nobles ».

 

Certains de vos collègues qui ont fait l’URSS avec vous sont-ils encore en activité ?

 

Les quinze dont j’avais parlé plus haut qui étaient les étudiants sont encore en activité. Il s’agit du Colonel ADJOU MOUMOUNI Mathias, Colonel BONI Amidou, Général MASSOUDO Allassane qui est à l’ONU, Colonel SOULEMAN CHABI, Colonel N’KOUE Hubert Jean, Colonel EGOUNLETI Julien, Colonel GNANWO Victor j’en passe.

 

Avant de devenir officier, aviez-vous l’opportunité de faire autre chose ?

 

C’est avec plaisir que j’ai fait les renseignements. C’est feu Colonel Gaston Coovi qui m’avait nommé Chef du deuxième Bureau ; c’est lui qui m’a formé sur le terrain. J’ai été Chef du Deuxième Bureau des forces de défense nationale de 1985 en 1991. En 1991 naturellement, après la conférence nationale j’ai été nommé comme adjoint au chef de corps du bataillon des services parce que j’étais jugé proche du Général Mathieu KEREKOU. Après deux ans à ce poste, j’ai été nommé par la suite Chef bureau Renseignements et relations extérieures de l’Etat Major Général des Armées jusqu’en 1996. En 1996 avec l’avènement de Mathieu KEREKOU que j’ai été nommé Directeur des services de liaison et de documentation de la Présidence de la République.

 

Quand on parle de Ségbana, du camp de Parakou, de PCO quel rôle avez-vous joué ?

 

Je n’ai jamais oublié une phrase que mon papa prononçait. Le fonctionnaire est payé pour servir son Etat. Il est un exécutant tout en sachant qu’il est issu de la communauté à laquelle il doit retourner après. Je me réjouis de tout ce que j’avais fait depuis mon entrée à la police jusqu’en octobre 2005. Je mange partout sans avoir peur de qui que ce soit parce que je pense avoir servi honnêtement l’Etat qui est mon employeur et la société à laquelle j’appartiens. Si vous tombez sous le coup de la loi j’applique la loi. Je fais ce que l’Etat me demande de faire pour le bien être de la société.

 

C’était le régime Révolutionnaire, qu’est ce que l’Etat vous demandait de faire ?

 

Je me sens responsable de ce que l’Etat a fait, en tant que fonctionnaire, je me sens intimement lié sur le plan sécuritaire à tout ce qui s’est passé de 1972 jusqu’à la fin du régime du Président Kérékou. Ceux qui dramatisent le régime révolutionnaire n’ont pas toujours raison, quand on voit ce qui ce passe ailleurs au Tchad, au Congo, au Soudan, même en Côte d’Ivoire, on peut se réjouir de ce qui s’est passé chez nous pendant la période révolutionnaire. A part quelques bavures policières concernant certains membres du PCB surtout, dont on peut être gêné, on est fier pour l’ensemble du travail que nous avons accompli.

 

C’est dans le rang des PCB qu’on dénombrait des victimes du régime révolutionnaire. Pourquoi cela ?

 

C’est un parti que je respecte beaucoup. C’est un véritable parti par rapport aux partis politiques que nous voyons aujourd’hui sur le terrain. En cas de paix ils donnent 25% de leur salaire et en cas de crise 75%. Il n’y a pas aujourd’hui ce parti politique qui a un idéal, et qui peut fonctionner comme le PCB.

 

Pourquoi vous les avez combattus alors ?

 

J’ai combattu leurs méthodes, leurs façons de faire par rapport au régime d’alors qui était mon employeur. Il y a un seul cas que regrette. Celui qu’on a trouvé à la plage et amené à la morgue.

 

Ca s’est passé comment ?

 

Comme vous le savez le responsable moral de ce cas a été jugé, condamné et a fait la prison en son temps. Tous les autres cas relèvent des bavures policières. Et même dans le livre blanc du PCB, ils ne citent que six cas de personnes décédées pendant 17 ans de régime révolutionnaire.

 

Vous parlez avec émotion il y a-t-il eu des exactions que vous regrettez ?

 

Vous exagérez. On se connait tous. Je vais vous donner l’exemple de Baparapé qui faisait partie de ceux qu’on appelait les bras armés du PCB. Par les renseignements on a appris que Baparapé était parti avec certains de ces acolytes pour libérer les prisonniers gardés au camp de Parakou. A l’époque, pour les faire parler on les chicotait.

 

Non, vous les torturiez ?

 

C’est le premier jour seulement où on l’a amené à Parakou qu’on l’a chicoté pour l’amener à parler. Ce dernier doit avoir un corps très fragile. Puisque pour ce que je sais, son oncle était le major de l’infirmerie du camp militaire de Parakou. Et au moment où d’autres étaient envoyé effectivement à Ségbana. Il était resté tout le temps à l’infirmerie du camp de Parakou jouant parfois avec des soldas au jeu de cartes. Mais c’est lui qui montre aujourd’hui partout alors qu’il n’est pas plus victime que d’autres. Ce n’est que je me réjouis entièrement du travail sécuritaire que nous avions fait pendant les 17 ans du régime révolutionnaire. Mais sachez néanmoins que c’est la révolution qui a préparé l’avènement de la démocratie. Et dans l’histoire de chaque pays il y a toujours des étapes à franchir. Que ceux qui sont les victimes de cette période révolutionnaire m’en excusent et sachent que c’était une étape nécessaire.

 

Comment la révolution a-t-elle préparé l’avènement de la démocratie ?

 

Vous êtes jeune ; de 1960 à 1972, demandez à vos parents. Il n’y avait pas l’unité nationale, la nation n’existait pas. Les fils du sud ou du nord étaient renvoyés de part et d’autre lorsqu’il y a une élection. C’est à partir de 1974 que la notion de nation béninoise a commencé par avoir un sens dans notre pays. Avec le changement de nom, le Dahomey était devenu BENIN et surtout l’équilibre régional prôné s’est senti dans tous les domaines de la vie publique, tous les citoyens de ce pays ont commencé à se sentir appartenir à une même nation. Je vous ai dit comment on était sélectionné 05 par province pour aller au cours officier. Nous avons passé cinq ans ensemble et aujourd’hui nous sommes des frères.

 

Selon vous qu’est ce qui incarne cette unité nationale ?

 

En fait pour vous dire la vérité, c’est le Président Mathieu Kérékou qui incarne l’unité nationale chez nous au Bénin. Et pour ceux qui le connaissent bien, si vous insultez un mina, un goun, un fon, un yoruba, un bariba, un dendi à côté de lui il réagit sévèrement. Mais par contre, si vous insultez quelqu’un, de sa propre race, il peut se taire, vous observer sans rien dire. Je me rappelle de la dernière arrivée du Président Roalings quand il était au pouvoir au bénin. Il avait déclaré « Voilà un Président qui n’a pas bâti l’armée de son pays sur des bases ethniques ». Cela explique dans notre pays par rapport aux autres, qu’on a une armée républicaine où aucun militaire, quelque soit son rang ne peut tenter et réussir un coup d’Etat.

 

Votre rôle en tant que maillon important du dispositif sécuritaire de l’Etat avant la conférence nationale est-il le même avec l’avènement de la démocratie ?

 

Dans notre pays c’est toujours comme cela. Lorsqu’il y a un nouveau régime certains se disent proches. On ne veut pas reconnaître les valeurs intrinsèques de chacun. C’est comme cela que j’ai été écarté pendant la gestion du Président Soglo durant cinq ans.

 

Avec Kérékou 2 vous êtes revenu à votre loge. Comment ça s’est passé ?

 

Le poste que j’ai occupé est un poste extrêmement important pour un régime. C’est un poste de confiance. Je me sentais à l’aise dans l’accomplissement de la mission qui m’a été assignée. J’ai fait ce travail avec amour.

Comment aviez-vous accompli certaines missions qui étaient jugées peu catholiques ?

Les missions du Directeur des Services de Sécurité d’Etat sont bien claires et contenues dans un décret pris en conseil des ministres. Durant tout mon mandat je suis resté collé à l’esprit et à la lettre de ce décret. Mais il faut avouer que, de 1996 jusqu’à mon départ, je me suis beaucoup plus intéressé à tous les domaines de renseignements. A part les renseignements sécuritaires, il y avait les renseignements économiques, politiques, sociaux et dans tous les domaines. Kérékou avait les renseignements sur tous ses ministres,

 

étiez-vous mis à contribution ?

 

C’est normal, c’est seuls les renseignements fiables qui peuvent permettre au gouvernement et son chef de prendre des décisions judicieuses. Les renseignements diffèrent des informations.

 

Est-ce que c’est vous qui avez demandé au Président Mathieu Kérékou d’étouffer le journal Matinal qui a contribué à son avènement ?

 

Mon ami Charles Toko et moi on s’est expliqué quand j’ai quitté le poste. Il faut avouer que Charles Toko avait beaucoup contribué à l’avènement du Président Kérékou en 1996. En 1995 et 1996, ce sont ses articles qu’on lisait nous les partisans du Président Kérékou. A l’avènement du président Kérékou il avait des marchés un peu partout dans toutes les sociétés d’Etat et les ministères. Mais quand il a commencé par cracher dans la soupe, il fallait trouver une solution.

 

Quelle était la solution ?

 

Il fallait lui couper les vivres là où il a les marchés. Et lui faire payer les impôts, car il faut être en règle pour critiquer.

 

Quelle appréciation faites-vous des renseignements sous le régime du Président Boni Yayi ?

 

Je suis mal placé pour apprécier les renseignements sous le régime actuel. C’est le Président seul qui est habilité à apprécier si le travail est bien fait ou pas. Il y a quand même un travail remarquable qui est fait dans le domaine de renseignements que cela soit au niveau du ministère de l’intérieur, du ministère de la défense et de la direction des services de sécurité d’Etat.

 

Et pourtant il y a eu des braquages dans le périmètre de la présidence ?

 

Les braquages et autres relèvent le phénomène du développement. Et la sécurité incombe à tous les citoyens. Chacun de nous doit aider les forces de l’ordre à accomplir leur fonction. Ces derniers temps, les forces de l’ordre essayent de maîtriser la criminalité dans notre pays.

 

Malgré que vous soyez à la retraite que faites vous pour aider les renseignements aujourd’hui ?

 

Les renseignements c’est les moyens humains, matériels et financiers. On peut analyser une information mais sans moyen on ne peut pas faire de renseignements.

 

Vous avez profité de votre retraite pour embrasser une carrière politique ? N’est ce pas cela ?

 

Je ne voulais pas faire la politique. En 2006, parmi les candidats qui s’étaient présentés, j’avais soutenu le Président Houngbédji sans être de son parti. Après son échec, ils ont fait un congrès auquel ils ne m’ont pas invité. Pour les législatives ils ne m’ont pas non plus consulté. J’ai observé ce qui se passe au niveau de ma commune et je me suis dit que je pouvais me rendre utile pour le développement de la commune d’Abomey-Calavi. C’est ce qui a motivé ma candidature aux échéances communales de 2008.

 

On entend dire que vous êtes un proche ami de Lehady Soglo

 

Je ne suis ni ami ni ennemi de Lehady Soglo c’est un frère. Je vous explique ce qui s’est passé. En effet, il avait été créé un mouvement dénommé Fac Tonagnon dans la Commune d’Abomey-Calavi pour aller aux élections dont j’étais le conseiller politique. A l’approche des élections, il a été souhaité que Fac Tonagnon et Fcbe se mettent ensemble pour présenter une liste. Ce qui n’est pas du goût des Fcbe, c’est pourquoi j’ai créé mon mouvement Rdc Mifon pour aller aux élections communales. Après les résultats, j’ai obtenu deux conseillers à Abomey-Calavi. Lehady Soglo m’a contacté pour me faire des promesses afin qu’on soit ensemble pour conquérir la mairie. La Rb seule avait 21 conseillers sur les 37. Fiers de cette majorité, ils ont commencé par me tourner en rond. Mais suite à l’invalidation de la Cour Suprême, la majorité a changé de camp avec des conseillers qui nous ont rejoint.

 

La Cour Suprême avait-elle de bonnes raisons pour invalider autant de sièges de conseillers RB ?

 

Je ne connais pas pour les autres communes, mais ce qui a été invalidé à Godomey est clair. La RB ne méritait pas ce qu’on lui avait accordé comme sièges. Il y avait des erreurs grossières à la CENA.

 

Sans les débauchages vous ne seriez pas là. Comment êtes-vous parvenu ?

 

Il n’y avait pas de débauchages outre mesure. Volontairement, des conseillers qui sont mes frères de la commune d’Abomey-Calavi ont rejoint notre groupe afin que dans l’unité nous puissions penser et agir ensemble pour le développement de notre commune.

 

Il y a des élections sur fait de contestations et de crises. Il y a-t-il accalmie aujourd’hui ?

 

Les élections sont terminées. On pense désormais au développement de notre commune. La preuve est que les 37 conseillers sont allés voir le Chef de l’Etat pour discuter des questions de développement de la commune.

 

Les conseillers RB ne rêvent-ils pas toujours de vous arracher votre fauteuil ?

 

Il y a le poste de chef d’arrondissement de TOGBA qui intéresse la RB. Parce qu’elle a deux conseillers dans cet arrondissement. Mais elle avait adopté la politique de la chaise vide. La Cour Suprême tranchera sur ce dossier.

 

Ne craignez-vous pas une invalidation ?

 

Il y a une jurisprudence. Il y a cinq ans cela s’est passé exactement comme aujourd’hui mais ils n’avaient pas eu raison. Ce n’est pas aujourd’hui qu’ils l’auront.

 

Qu’envisagez-vous pour cette grande commune ?

 

Nous avons une grande ambition pour notre commune. Depuis notre arrivée nous revendiquons les limites de notre territoire qui a été grignoté de part et d’autre. Mais le problème se trouve au niveau de l’autorité centrale qui nous espérons, ne tardera pas à le régler. Mais pour ce qui concerne le développement de notre commune, nous travaillerons afin que d’ici dix ans, Calavi soit la première commune sur tous les plans.

 

Comment vous-y travaillez ?

 

Nous avons notre PDC que nous nous évertuerons à mettre en œuvre. Nous comptons aussi beaucoup sur le gouvernement du Docteur Boni YAYI qui a beaucoup de projets pour développer la commune. Il est de notoriété publique qu’il aura par exemple un aéroport à Golo-Djigbé qui va participer au développement de la commune.

 

Vous avez des problèmes de frontière avec Cotonou ?

 

C’est pourquoi j’ai dis que c’est au niveau des autorités centrales. Nous revendiquons notre territoire sur la base du décret de 1978. Cotonou a aussi des problèmes de frontière avec Sèmè. Mais l’Etat va se pencher sur ce problème.

Calavi, c’est aussi des litiges domaniaux. On a l’impression que c’est les membres du conseil qui se partagent les parcelles.

 

 Comment cela se passe ?

 

Je ne sais pas ce qui se passait avant nous. Mais en notre temps on ne s’est pas encore partagé de parcelles. Avec le Mca les Permis d’Habiter seront transformés en titres fonciers. Ce qui réduira les problèmes domaniaux.

 

Avec le nouveau découpage territorial peut-il accélérer le développement de la commune ?

 

Oui, le découpage territorial tel que c’est prévu, peut bien aider au développement de notre commune. Comme vous le savez, nous sommes avec la commune de So-Avâ. Une commune sœur avec qui on était ensemble, avant que le découpage de décembre 1978 ne nous sépare.

 

Trois ans après la gestion du Président Boni YAYI, quelles sont vos impressions ?

 

Trois ans de gestion du Président Boni YAYI, je pense que beaucoup de choses ont été faites. Il faut être aveugle pour dire que le Président Boni YAYI ne travaille pas. Ceux qui critiquent les actions de Boni YAYI sont dans leurs rôles. Il doit avoir dans un régime démocratique une opposition. Comme le Président MAO l’a dit, « si vos adversaires politiques vous critiquent, c’est un bon signe. Mais si vos adversaires politiques applaudissement vos actions, dites-vous que vous êtes sur une mauvaise pente ». Ceux qui critiquent sont dans leurs rôles. Ce n’est pas facile parce que tout le monde ne trouve pas son compte. Il y a une crise mondiale ressentie dans notre pays. Ce n’est le Président seul qui doit travailler. Mais tous les béninois doivent travailler pour le développement de notre pays. Comme l’a dit un Président Américain, chaque jour, chaque béninois doit se demander qu’est-ce que j’ai fais aujourd’hui pour mon pays ?

 

Pensez-vous que tout est rose ?

 

En 2010 ça fera cinquante ans que notre pays a accédé à son indépendance. Aucun chef d’Etat n’est mauvais depuis le Président Maga. Celui-ci vient de faire trois ans. C’est possible qu’il y ait des erreurs, mais ce n’est pas lui seul qui va travailler. Mais c’est tout le monde. La Côte d’Ivoire s’est développée grâce à l’agriculture. Mais dans notre pays on ne travaille pas assez.

 

A qui la faute ?

 

C’est à nous tous. Avant et après l’indépendance à nos jours. La responsabilité nous incombe tous. Les autres pays ce sont investis dans l’agriculture et nous non.

 

D’aucuns disent que les prédécesseurs de Boni Yayi ont arriéré le pays. Qu’en dites-vous ?

 

S’il y a arriération de notre pays, nous en sommes tous coupables.

 

Pensez-vous que le Chef de l’Etat est bien entouré pour travailler ?

 

Oui, je pense qu’il est bien entouré. C’est quand même des cadres qui travaillent avec lui. Et je suis sûr que si ça ne marche pas au niveau de quelqu’un, il ne tardera pas à le changer. Le Chef de l’Etat a sa méthode de travail comme chacun des autres. Si je prends le cas de Boni Yayi et Emile Derlin Zinsou on dirait qu’ils ont la même méthode. Le Président Zinsou contrôlait tous les ministères. Ce qui n’est pas le cas chez les Présidents Soglo et Kérékou par exemple qui laissaient une autonomie à leurs ministres pendant un certain temps avant de réagir.

 

Certains militants de FCBE qui traitent les nouveaux venus d’ouvriers de 36ème heures pourquoi ?

 

C’est essentiel comme question. J’avais dit plus haut qu’il n’y avait pas de partis politiques dans notre pays mais des clubs électoraux. Normalement ce sont les partis politiques qui luttent pour la conquête du pouvoir. En 2006 le Président Boni YAYI qui n’avait pas de parti politique s’était présenté aux élections avec les présidents de partis politiques. C’est le président Boni YAYI qui est sans parti qui a gagné les élections.

C’est d’abord un désaveu total pour les partis politiques qui existaient dans notre pays, qui plus est les Présidents de ces partis désavoués par le peuple ont formé une alliance Wologuèdè pour soutenir l’actuel Président au second tour. Mais aujourd’hui au lieu de travailler avec ce dernier, ils se sont mis ensemble avec le candidat qui a perdu au second tour pour aller en opposition contre les actions du gouvernement. Cela veut dire que si je ne trouve pas mon compte je m’oppose. En revenant à votre question, je pus dire qu’au moment où les 40% des électeurs de 2006 font bloc avec le candidat malheureux, certains militants FCBE traitent ceux qui vu, les actions du Chef de l’Etat, veulent venir dans la mouvance, d’ouvrier de 36ème heures.

 

Quels sont vos mots d’espoir sur l’UMPP ?

 

Je pense que tous ceux qui sont de la majorité plurielle doivent se mettre ensemble pour cultiver l’amour et la cohésion afin que les résultats attendus par le peuple soient atteints sur tous les plans et ainsi avec facilité, le peuple va lui renouveler son mandat en 2011. Que l’histoire de 1996 ne se répète pas en 2011. Heureusement que le Président Boni YAYI a vu venir le danger à deux ans et demi de l’échéance de 2011. Il pourra travailler et discipliner sa troupe avant l’échéance de 2011.

Une petite question de curiosité.

 

Etes vous Eckiste ?

 

Oui je le suis depuis 1984. Pourquoi vous ne vous séparez pas de votre chapeau ?

C’est un look que j’ai adopté.

 

Réalisé par Fidèle Nanga



Tag(s) : #Politique Béninoise
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