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Dire que le président Amoussou Bruno avait raison n’est que justice rendue

 


 Par Stanislas Houngbédji

 


Le dossier scandaleux de la Cen-Sad a inspiré cette réflexion de Stanislas Houngbédji qui montre que les faits donnent raison aux Béninois qui disaient que sous le régime du changement, on détourne plus qu’avant.


«… la lutte contre la corruption disparaît même dans les simples discours depuis que beaucoup en ont découvert les filons et les charmes. Les marchés passés en urgence et les ordres de paiement constituent des gisements inépuisables. Les cuillères à café ont été remplacées par des louches avec le regret que Dieu n’ait pas créé une troisième main».


C’est en ces termes que le Président Amoussou tel un devin décrivait le mode de fonctionnement du régime dit du changement dans la gestion de nos pourtant maigres ressources. Rappelons à toutes fins utiles, qu’on était en novembre 2008 soit 5 mois après le sommet de la Cen-Sad qui a eu lieu courant juin 2008.Ce n’est pratiquement un an après que le pouvoir lui-même s’en est rendu compte.
«C’est la mort dans l’âme que nous avons appris la triste nouvelle». C’est en ces termes que très consternés, les jeunes honnêtement et réellement inconditionnels du changement se sont exprimés quand ils ont appris le déballage médiatique des dessous de la désormais scabreuse affaire Cen-Sad que d’aucun pourrait titrer « scandale financier sous Yayi Boni» ; à la faveur de la conférence de presse donnée par la Fesyntra-Finances (la Fédération des syndicats des travailleurs des finances) le mercredi 15 juillet 2009 à la salle de conférence du Ministère de l’Economie et des Finances.


Bien avant la sortie de la Fesyntra-Finances, Me Adrien Houngbédji disait le jeudi 9  juillet 2009 que la réfection du Centre International de Conférences et du Palais des congrès n’est que la face visible de l’iceberg. Au jour d’aujourd’hui les faits donnent à eux tous raison.


 Les faits qui donnent raison au président Bruno Amoussou ?


Aussi grand que soit notre désir de ne point nous éterniser  dans la critique du dossier de la Cen-Sad, il paraît difficile d’ouvrir de nouvelles pistes sans revenir sur les faits.


A l’époque du sommet de la Cen-Sad, le Ministre des travaux publics, Armand Zinzindohoué était le maître d’ouvrage pour la construction de la route Aéroport-Place du souvenir. Il aurait favorisé selon les rapports de l’Ige l’entreprise Colas qui a exécuté les travaux. Le chantier évalué en 2003 sous le régime Kérékou II à 3 milliards est passé par magie à près de douze milliards avec un dépassement de dix millions à la réalisation soit 4 fois le coût initial à l’époque avant le changement.


Par rapport au volet équipement de sécurité dans le cadre de la Cen-Sad, le Ministre de la Sécurité Publique de l’époque Félix Hessou aurait acheté selon les rapports de l’Ige les paires de gangs pour les motards à 90. 000 F la pièce et le complet imperméable nylon à 400.000 F l’unité.
Jusqu’à preuve du contraire, nous avons les bonnes dames du marché Dantokpa et de Ganhi qui vendent les imperméables et nous savons tous que cela ne dépasse pas 10 ou 15.000 F. Comme pour dépenser l’argent de l’Etat, il faut forcément justifier, nos amis sont peut-être allés dans les structures formelles spécialisées dans la vente de ces équipements. A cinquante mille francs là-bas, c’est déjà criard, cependant, on peut fermer les yeux pour des raisons que tout le monde pourrait comprendre bien sûr avec grande difficulté. Mais de là à aller à 400.000 F CFA soit environ 8 fois 50.000 F. Tcha ho hooo. Entre nous, c’est exagérer ceux là sont des exagérateurs car c’est de la démesure.

 
L’autre chose, c’est la construction des villas de la Cen-Sad. Lors des études de faisabilité, 12 villas étaient à 4,4 milliards mais par magie à la réalisation ce ne sont que 10 villas qui ont coûté une coquette somme de 5 milliards. Le nombre de villas est allé vers le bas, l’argent lui par contre a pris la direction inverse. Le marché étant naturellement passé gré à gré et de façon très intéressée selon l’Ige.


Malgré les mises au point du Directeur général de l’Agetur,  Lambert Koty, passées en boucle sur les chaînes de télévision après la sortie de la Fesyntra-Finance, le doute perdure. Car à l’époque des faits, il était conseiller spécial du chef de l’Etat et membre de la commission nationale de régulation des marchés publics  et en même temps sa structure était chargée du suivi. Visiblement, le régime du changement perpétue et développe plus que par le passé le concept «des juges et partis», on est où là ?


La réhabilitation du Cic et du Palais des Congrès a coûté 6.407.820.023 FCFA au lieu de 1.430.000.000 FCFA prévu au budget, soit une différence de 4.977.820.023 FCFA.
Au vu des éléments d’appréciation sus-cités, nous pouvons dire que si par le passé, le système de gestion était du «dido alo», au temps du changement, c’est le système du «wodou diminutif de wodouganisation» chaque fois qu’il y a un événement.

 

 

Pourquoi c’est maintenant que le président de la République décide de rendre public  ce rapport de l’Ige sur les travaux de la Cen-Sad pourtant disponible depuis le 10 avril 2009 soit au moins 3 mois après ?
A mon avis, cela relève d’une stratégie et non d’une volonté de décourager le phénomène. Vu que les hommes politiques des G et F ont commencé par dénoncer les faits et qu’ils seraient probablement déjà en possession du rapport, les stratèges du camp présidentiel ont estimé qu’il faut rapidement jeter sur la place publique et de façon partielle les dessous de la gestion de la Cen-Sad pendant qu’il est encore temps et de sacrifier quelques victimes expiatoires. Au quel cas les adversaires politiques vont les porter à la connaissance du peuple béninois à l’approche des élections présidentielles de 2011, ce qui risque de coûter au président Yayi sa réélection. C’est donc la stratégie du plus vite on en parle, mieux ça vaudra. Il faut vite en parler pour que la tension puisse monter et baisser d’elle-même après qu’on aurait sacrifié quelques lampistes comme le dit si bien le leader des tchoco tchoco. Avec tous ces déballages, qui des Béninois, à présent, douteraient encore sur le fait que les louches ont pris la place des cuillères à café ? Pas moi en tout cas, car cette omniprésence du président Yayi dans le style de gouvernement qui est le sien ne peut pas se solder par un «je ne suis pas au courant» et donc du médecin après la mort. C’est cet état de chose que nous avons déploré sous le régime défunt au point d’élire Yayi à 75% au second tour.

 

 

Comment éviter la politique du médecin après la mort dans la gestion des affaires publiques ?


J’ai bien l’impression que nous voulons faire le changement avec les mauvaises vieilles habitudes et procédures : un ministre des finances tout puissant. Il faut que le président commence par corriger ces textes et procédures si tant est qu’il est de bonne foi lorsqu’il dit ne pas être informé. De la manière dont l’ancien Ministre des Finances Soulé Mana Lawani estimait que la directrice du Cic et du Palais des congrès ne devait pas à elle seule gérer les milliards de la réfection, le ministre des finances ne peut pas à lui seul gérer tout le budget de la Cen-Sad quelle que soit l’urgence sans se référer au président de la République. A ce propos, les explications de Me Paul Kato Attila, avocat des entreprises mises en cause, étaient pourtant claires et sans embages : «Rien n’a été fait sans l’approbation et l’accord du président de la République, c’est injuste de s’en prendre aux entreprises qui ont exécuté les travaux»

 

 

A mon avis, l’Etat doit être à l’avenir plus prudent quand on parle de projet en milliards. Il doit permettre à l’Ige d’être en aval et en amont. Le contrôle avant , pendant et après doit être de mise car le ver est déjà dans le fruit, sinon y a déjà occupé plus de la moitié du fruit, attention.
Nous ne pouvons construire ce pays qu’avec des Béninois et non des étrangers. Pour ceux qui veulent un Bénin plus juste et plus promettant pour nos enfants, envoyons aujourd’hui un message clair au président : vous voulez vous battre contre la corruption, aviez-vous dit à travers une marche verte, président Yayi ?
Alors, achevons le combat contre la corruption en publiant le résultat des audits ayant sanctionné l’état des lieux à votre prise du pouvoir en permettant à la justice de s’autosaisir des cas avérés de corruption. Ceci mettra fin à la politique de «tu me tiens, je te tiens  donc silence on pille».

 

 

Voulez-vous vous battre président Yayi ? Alors battons-nous pour que les inspecteurs de l’Ige puissent faire leur travail en sachant que les résultats de leurs investigations serviront à prendre des décisions utiles à temps pour faire arrêter l’hémorragie de la corruption.

 
Voulez-vous vous battre président Yayi ? Alors battons nous à découvrir toute la vérité sur l’affaire Cen-Sad, allez plus loin en statuant sur les restes du rapport de l’Ige.


Voulez-vous vous battre président Yayi ? Alors battons nous pour connaître les dessous de l’achat de l’avion présidentiel qui semble aujourd’hui être un gâchis, vu qu’il ne nous sert pas malgré les énormes sous engloutis dans sa réfection.


Voulez-vous vraiment vous battre président Yayi ? Alors battons-nous pour finir avec le règne de l’impunité. Battons-nous enfin pour que les prédateurs, les prévaricateurs et pilleurs de nos maigres ressources puissent rendre gorge et non les utiliser derrière tel ou tel camp politique pour venir au parlement en 2011 ou tapis dans le camp présidentiel, se payant ainsi une immunité pour de longues années même pour les fautes commises avant leur nomination.


Voilà comme le disait Barack Obama les batailles pour lesquelles nous devons combattre. Voilà les batailles que nous rejoindrions volontiers. Les batailles contre l’ignorance et l’intolérance. Contre l’ethnocentrisme et le régionalisme qui gagne du terrain. Contre la corruption et la cupidité. Contre la pauvreté et le désespoir. Car du médecin après la mort, nous n’en voulons plus. Nous ne pouvons construire ce pays qu’avec des Béninois et non des étrangers. Pour ceux qui veulent un Bénin plus juste et plus promettant pour nos enfants, envoyons aujourd’hui un message clair au président : vous voulez vous battre contre la corruption, aviez-vous dit à travers une marche verte, président Yayi ?

 

 

Alors, achevons le combat contre la corruption en publiant le résultat des audits ayant sanctionné l’état des lieux à votre prise du pouvoir en permettant à la justice de s’autosaisir des cas avérés de corruption. Ceci mettra fin à la politique de «tu me tiens, je te tiens  donc silence on pille».


Voulez-vous vous battre président Yayi ? Alors battons-nous pour que les inspecteurs de l’Ige puissent faire leur travail en sachant que les résultats de leurs investigations serviront à prendre des décisions utiles à temps pour faire arrêter l’hémorragie de la corruption.


Voulez-vous vous battre président Yayi ? Alors battons nous à découvrir toute la vérité sur l’affaire Cen-Sad, allez plus loin en statuant sur les restes du rapport de l’Ige.


Voulez-vous vous battre président Yayi ? Alors battons nous pour connaître les dessous de l’achat de l’avion présidentiel qui semble aujourd’hui être un gâchis, vu qu’il ne nous sert pas malgré les énormes sous engloutis dans sa réfection.


Voulez-vous vraiment vous battre président Yayi ? Alors battons-nous pour finir avec le règne de l’impunité. Battons-nous enfin pour que les prédateurs, les prévaricateurs et pilleurs de nos maigres ressources puissent rendre gorge et non les utiliser derrière tel ou tel camp politique pour venir au parlement en 2011 ou tapis dans le camp présidentiel, se payant ainsi une immunité pour de longues années même pour les fautes commises avant leur nomination.
Voilà comme le disait Barack Obama les batailles pour lesquelles nous devons combattre. Voilà les batailles que nous rejoindrions volontiers. Les batailles contre l’ignorance et l’intolérance. Contre l’ethnocentrisme et le régionalisme qui gagne du terrain. Contre la corruption et la cupidité. Contre la pauvreté et le désespoir. Car du médecin après la mort, nous n’en voulons plus.

 

 

Source: La Croix du Bénin - 24/07/2009

Tag(s) : #Politique Béninoise
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