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4-12-2009 - FRATERNITE
Par Héribert-Label ADJOVI
Le silence, pour emprunter l’expression de Blaise Pascal est pour certains " la plus grande des persécutions ". Le conseiller politique du chef de l’Etat, Amos Elègbè s’est encore illustré dans ses envolées diarrhéiques faites du flot de paroles. C’est l’"Aube nouvelle" qui a gentiment libéré ses colonnes à l’homme du président, prolixe et tapageur. Amos se réclame paradoxalement discret et patient. " Je n’interviens sans que je ne calcule ce que je veux dire ". L’ancien ministre nous donne alors livraison des fruits de ses derniers calculs apocalyptiques : " sans la Lépi dit-il, nous courons droit vers la guerre civile ". Amos a ainsi tranché royalement et brutalement le débat sur la Lépi.
Le conseiller de Yayi fait son pari : l’hécatombe ou la Lépi. Les propos lugubres d’Amos jettent de l’effroi sur la République. En évoquant la guerre civile, le politicien activiste a précocement franchi le rubicond. Dans ses ’’Essais’’, Francis Bacon raconte l’histoire de la mouche qui s’assit sur l’essieu du chariot et qui dit " Quelle poussière je soulève ! ". La fanfaronnade rappelle évidemment celle de la mouche du coche de la Fontaine. Amos choisit de plonger dans la souillure verbale avec des phrases agaçantes truffant le discours de l’allégeance dantesque. A quinze mois de la présidentielle, il s’érige en porte parole des cassandres avec la promesse de l’enfer au peuple en cas de non réalisation de la Lépi. Amos porte la cagoule de fossoyeur de nos espérances.
La polémique sur la réalisation de la Lépi connaît maintenant l’entrée en scène des pyromanes. Le conseiller politique de Yayi a la mèche ostentatoire et des allumettes pour mieux faire exploser ses réserves inflammables. La solution du consensus proposée par les compatriotes épris de paix et de justice n’ont étonnamment pas inspiré le conseiller lunatique et discipliné ses élans belliqueux. Le prophète de la Marina a ouvert le livre de l’apocalypse. Peut-être même que l’oracle du Temple Amos a déjà rendu son verdict. Si la manœuvre vise à créer la psychose générale, Amos s’emballe dans l’illusion. Comme le coq de George Eliot qui croyait que le Soleil s’était levé pour l’entendre chanter, Amos se pavane mais épuise et ruine le reste de son capital de dignité. En jurant que " sans la Lépi nous courons droit vers la guerre civile ", il semble traîner les séquelles de ses cauchemars. Il n’est généralement pas conseillé d’accorder une interview quand on sort d’un sommeil tumultueux. Mais je ne sais pas si les mauvais rêves sont la cause d’amnésie. Car le Bénin et Amos ont voté sans la Lépi pendant ses deux décennies de démocratie. Pourquoi Amos s’invite-t-il alors si gauchement dans un débat qui ne tolère aucune blague funèbre ? Le changement a-t-il si horreur de l’absence de la Lépi pour que le conseiller politique zélé en vienne à brandir la menace du suicide collectif ? Que pense-t-il alors d’une Lépi précipitée et contestée ? Il est évident que la Lépi tronquée est plus dangereuse que l’absence de la Lépi. Amos qui ne peut pas se targuer d’avoir fait l’expérience d’une Lépi nage impunément dans les eaux troubles du superficiel et de la diversion. Le papotage pousse le griot du changement, réputé pour son imagination belliqueuse et son retournement de veste, à semer la peur. La polémique vicieuse sur la réalisation de la Lépi n’a plus besoin de l’immixtion d’oiseau de mauvais augure, ni d'opportuniste assoiffé du pouvoir qui les nourrit depuis leur tendre enfance. Et si Yayi arrête les agitations de ces cigales qui craquettent en provoquant l’ennui et le dégoût ? Le maréchal Henri de Turenne disait à un officier bavard : "Si j’ai un avis à vous donner : toutes les fois que vous voudrez parler, taisez vous". Cet avis vaut pour Amos Elègbè, l’homme de tous les régimes condamné à la boulimie de la parole maladive. Et qu’il se taise donc !
Héribert-Label ADJOVI