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04/06/2012

 

BENIN: Et si les béninois revenaient au bénévolat en politique comme pendant la période révolutionnaire ?

L'Auteur

bonimarcus

 
 
Par ces temps de crise économique et de crise d’éthique en politique, il serait peut-être beaucoup plus judicieux de revenir au bénévolat en politique. Rien de nouveau sous nos cieux, en réalité. Qu’on se souvienne, aux heures glorieuses du président Mathieu Kérékou pendant la révolution au Bénin, la chose a été expérimentée, mais très vite abandonnée. Au motif que le fait de ne pas rétribuer la fonction politique incitait les responsables à se servir directement dans les caisses de l’Etat chaque fois qu’ils le pouvaient ou encore à la corruption. Soit.

L’attribution de salaires pharaoniques aux politiques par rapport aux conditions de vie des Béninois n’a pas réfréné les ardeurs de ceux qui exercent des fonctions politiques à quelque niveau que ce soit. Elle n’a pas non plus arrêté la corruption. Bien au contraire, elle a aggravé ces phénomènes. Les salaires politiques et la corruption ont attiré beaucoup plus d’aspirants à la fonction politique dont généralement c’est d’ailleurs la seule motivation. Et le Bénin a progressivement créé une caste de « politiciens professionnels », c’est-à-dire des gens qui n’exercent aucune autre profession que de jouer à des intrigues politiques à longueur d’année. Certains objecteront que les salaires politiques ont pour effet de ne pas susciter des délits d’initiés ou des conflits d’intérêts, etc. Ce qui est archi-faux, comme on le constate dans la vie de tous les jours. Les nombreux scandales politico-financiers qui ont émaillé la vie du pays en est une illustration patente.

Pourtant, à entendre souvent ceux qui se lancent en politique, ils disent toujours vouloir servir le peuple ou le pays. Profession de foi cependant que dans les actes, c’est encore eux qui se servent plutôt et oublient ce peuple ou ce pays qu’ils disent tant aimer. La politique étant devenue la plus grande et la meilleure pourvoyeuse d’emplois, normal qu’on voit même les cadres les plus brillants déserter leurs professions pour y accourir, laissant ainsi leurs domaines de compétence végéter dans la médiocrité. «Qui est fou» ? disent les Béninois. C’est la métaphore de la biche et de la rivière de l’ex-président Nicéphore Soglo qui disait: «la biche reviendra toujours à la rivière». En effet, la biche a beau aller très loin, parcourir de long en large la forêt, elle retournera toujours à la rivière dès qu’elle aura soif. Elle ne peut donc jamais se fâcher contre la rivière.

Du temps du bénévolat en politique de l’ex-président Mathieu Kérékou, les acteurs politiques ne recevaient que des indemnités liées à leurs fonctions et ne gagnaient que le salaire qu’ils méritaient dans leur profession d’origine. Il faut avouer que ce n’est pas une mauvaise idée. Elle relève du bon sens d’une part, de l’esprit de patriotisme et de sacrifice que devrait engager l’action politique d’autre part. Tous les hommes politiques clament sur tous les toits qu’ils aiment le Bénin, qu’il sont des patriotes, qu’ils veulent défendre les intérêts du peuple béninois en s’engageant dans l’action politique. Comment savoir qui est qui?

C’est en revenant au bénévolat des fonctions qu’on saura vraiment ceux qui y vont pour réellement servir le peuple et leur pays. D’autant plus que la version officielle dit que le président Boni Yayi a montré l’exemple en faisant don de son salaire à l’Etat béninois. Ce qui a suscité une vive polémique au sujet de la provenance des revenus sur lesquels vit le chef de l’Etat. En tout cas, par ces temps difficiles, ce n’est que pur euphémisme, les pays africains devraient plutôt s’engager sur cette voie. Mais si cette idée ne plaît pas à ceux qui ont déjà pris goût aux salaires politiques mirobolants, alors il faudrait dorénavant exiger que pour occuper une fonction politique, l’on soit un politicien professionnel. Ce qui suppose un passage par une école à créer et où l’on étudie l’exercice de la politique, où l’on apprend à être un homme politique et à exercer les fonctions, à être purement et simplement un professionnel de la politique. Et je suis sûr que beaucoup de nos hommes politiques seront recalés à l’école.

Ce ne sont là que des alternatives pour réduire les charges de l’Etat et les affecter à d’autres besoins des populations dont les professionnels de la politique n’ont certainement que faire. Mais si des pays riches peuvent se permettre d’offrir des salaires conséquents à leurs hommes politiques, voire des retraites dorées, les pays pauvres comme ceux du Bénin et d’Afrique ne peuvent pas se permettre ce luxe. Aussi, doivent-ils avoir le sens de la logique et de la raison pour se dire qu’un homme ne doit vivre que du salaire de son commerce. Or, la politique n’est pas un métier. Dont acte!

 

Marcus Boni Teiga

 
 
Tag(s) : #EDITORIAL
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