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Bénin: Jacques Chirac lance un appel contre les faux médicaments
 
 
LEMONDE.FR avec AFP | 12.10.09 | 19h43  
 

elon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), un médicament sur quatre est faux dans les pays en développement et 200 000 décès pourraient être évités chaque année. L'ancien président français Jacques Chirac a lancé, lundi 12 octobre, à Cotonou une campagne internationale contre les médicaments contrefaits et a appelé à une conférence mondiale en 2010 à Genève en vue d'une "convention internationale de lutte contre les faux médicaments".
 

 

"De toutes les inégalités, la plus blessante est l'inégalité devant la santé", a déclaré Jacques Chirac en lançant son "appel de Cotonou" devant un parterre de présidents africains : Bénin, Togo, Sénégal, Burkina Faso, Congo Brazzaville, Niger, Centrafrique. Au nom de la fondation qui porte son nom, il a appelé à "la mise en place, sur le terrain, d'instruments efficaces de lutte contre le trafic [des faux médicaments] ; avec des personnels formés et des dispositifs répressifs adaptés à la réalité du trafic des faux médicaments".

 

L'AFRIQUE, CONTINENT LE PLUS TOUCHÉ


 

Selon l'OMS, le trafic des faux médicaments correspondrait à 10 % du marché pharmaceutique mondial, soit quelque 45 milliards d'euros. Il y a eu 300 morts au Panama en 2006 à la suite de l'utilisation d'un excipient contrefait. Près de cent bébés sont morts au Nigeria en 2008, après avoir absorbé du faux sirop au paracétamol. Au Bénin, royaume de la contrefaçon médicale, au moins 250 morts et 340 cas de maladies chroniques ont été enregistrés entre avril 2007 et juin 2008 pour le seul Centre national hospitalier et universitaire de Cotonou, selon une étude réalisée dans le cadre d'une thèse de médecine. L'Etat semble absent et impuissant face au fléau de ces "pharmacies par terre".

 

"La plupart du temps, nous nous fournissons au Ghana ou au Nigeria voisin et à la douane nous payons des taxes comme pour n'importe quel produit", explique Chérifath Adimi, une "pharmacienne" autoproclamée. "Une fois sur le marché, nous payons la patente à la municipalité qui s'élève à 72 000 FCFA (115 euros) et nous obtenons une autorisation de vente de la Sogema (Société de gestion des marchés)", ajoute-t-elle. "Il y a même des ONG qui viennent nous vendre des médicaments, assure-t-elle. Nous nous approvisionnons parfois dans des pharmacies dites officielles. Nous ne faisons rien d'illégal."

 

PLUS RENTABLE QUE LE TRAFIC DE DROGUE

 

"Il est de notoriété publique que le trafic de faux médicaments est florissant et extrêmement rentable", a déclaré à l'AFP le professeur Marc Gentilini, délégué général pour l'accès aux médicaments de qualité de la Fondation Chirac. "Il est en train de passer devant le trafic de drogue." Amor Toumi, directeur de la pharmacie et du médicament à l'OMS, note qu'un comprimé de faux Viagra coûte 0,05 dollar à fabriquer et que le bénéfice est de 6 000 à 20 000 %, selon qu'on le vende sur Internet (3 dollars) ou sur le marché officiel (10 dollars). "Quand il s'agit de faux Viagra ce n'est pas trop grave, mais quand il s'agit d'un médicament touchant une affection potentiellement mortelle comme des antipaludiques ou des antibiotiques, c'est particulièrement redoutable", relève le professeur Gentilini. Selon lui, 30 à 70 % des antipaludiques en circulation en Afrique sont de faux médicaments, totalement ou partiellement. "Le sous-dosage est catastrophique", dit-il.

Ces faux médicaments recèlent le plus souvent peu de principe actif voire, selon le docteur Robert Sebbag, vice-président de Sanofi-Aventis, "des substances hautement toxiques". Les faux antipaludiques ou antibiotiques se trouvent dans les pharmacies de rue ou de marché en Afrique ou en Asie. Selon Faustin Kabeya, président du Conseil provincial de l'Ordre des pharmaciens de Kinshasa, il y a dans la capitale de la RDC "4 000 officines portant le nom de pharmacie", pour seulement 70 autorisées. "Le circuit de distribution officiel n'est pas respecté, l'importateur-distributeur n'est pas contrôlé, on ne sait pas à qui il vend et un médicament périmé ou faux peut rentrer dans le circuit et se retrouver partout", dit-il encore.

L'Afrique semble le continent le plus touché par ce trafic, que "l'on favorisera au détriment de la santé des malades, tant qu'on ne saura pas proposer de médicaments à bas prix dans des pays pauvres", souligne le professeur Gentilini. L'OMS a essayé de renforcer la coopération mondiale avec la mise en place du réseau
Impact. En 2008, l'opération Storm a abouti en Asie à la saisie de 6,6 millions de dollars de faux antibiotiques et de faux traitements contre le sida. L'opération Pagéa, menée par Interpol contre le trafic de médicaments sur Internet, a permis des saisies de médicaments contre le diabète, l'impuissance et l'obésité.



Tag(s) : #EDITORIAL
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