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28/09/2010 

BENIN: Le mort de trop…

 

Dangninvo n’aurait pas été sauvé par l’exceptionnelle mobilisation de ses parents, collègues et amis. Tous les espoirs anéantis par la lugubre représentation post-mortem du 27 septembre 2010 en banlieue de Cotonou à Womè. Les cafouillages et les hésitations du chef d’orchestre du moment, le ministre de la Justice, Grégoire Akoffodji sont loin d’avoir édifié l’opinion. Un garde des sceaux qui parle de principal accusé alors que le dossier est encore en phase d’instruction ; qui envoie un coup d’accélérateur aux supputations en évoquant une affaire de gros sous et des commanditaires ; qui n’a pu expliquer les circonstances de la procédure d’inhumation. Des couacs qui mettent en mal le recueillement, la sobriété et la dignité qui conviennent à pareilles circonstances. La découverte du corps de ce cadre de l’administration dont la disparition était déjà devenue un événement d’envergure nationale en échos à une tension sociale récurrente et à une crise politique sous-jacente devrait être un soulagement et une délivrance pour tout le pays, c’est-à-dire l’occasion de faire le deuil et de tirer leçon.

L’histoire retiendra que c’est le ministre de la Justice qui a choisi de jouer au polémiste pour des desseins dont il est seul à maitriser les contours. D’abord en commençant ses premiers propos à l’endroit des Béninois par des hommages aux forces de l’ordre sans une pensée pour la victime elle-même et ses proches. C’est un exploit de police qu’un citoyen se fasse enlever depuis plus d’un mois pour être retrouvé sans vie et le corps en putréfaction ; que des complices supposés puissent continuer à courir et que le scénario du drame lui-même ne puisse être révélé. Des congratulations par anticipation aux allures d’une autosatisfaction. En effet des lauriers pour la police, la gendarmerie et les forces de l’ordre en général équivaut naturellement à des fleurs aux autorités de tutelle ; une voie royale vers le gouvernement et naturellement son chef pour avoir tout mis en œuvre pour retrouver le cadavre en décomposition avancée de Dangnivo. En attendant peut-être d’apprêter les dossiers d’élévation à la dignité nationale au niveau de la grande chancellerie de tous les héros de ce haut fait d’arme.

  

Les extras de Akoffodji au sujet de fortes sommes d’argent sous-entendent une commande ferme d’un mystérieux tiers pour l’exécuteur présumé identifié d’ailleurs comme « principal accusé ». Quelqu’un aurait donc demandé à ce « principal accusé » de faire disparaitre la victime contre récompense en numéraire. Or, le scénario du 27 septembre n’est pas une découverte mais une procédure d’exhumation en bonne et due forme organisée, planifiée en présence des autorités judiciaires, municipales, des parents, de la presse et des collègues. Cela signifie que l’étape de la découverte a été franchie après audition et arrestation d’un ou de plusieurs prévenus. On est curieux de savoir depuis quand les enquêteurs dont les mérites sont vantés par le ministre retiennent dans les liens de la prévention le « principal accusé » sans pouvoir lever le mystère sur l’identité des commanditaires. Ne pas oublier qu’il existe encore des suspicions à apaiser à l’instar de cette rumeur tenace qui continue de faire croire aux Porto-Noviens qu’un plan de dissimulation du cadavre du disparu, en catimini, au domicile d’un opposant politique a été déjoué grâce à la vigilance de plusieurs anonymes mobilisés autour du domicile en question durant plusieurs jours.

 

Des satisfécits anticipés à la flicaille en attendant toute la lumière. C’est clair à présent que les efforts sécuritaires auraient dû être concentrés sur les lieux potentiels de crime et de non droit que sont les abris obscurs d’un charlatan qui plus est un repris de justice au lieu de distraire les forces de surveillance et de renseignement à épier les faits et gestes des adversaires politiques. Pendant que Bio Tchané se faisait pister par des barbouzes désœuvrés durant ses séjours au pays, d’anciens bagnards échappent à tous regards et peuvent narguer, invectiver, séquestrer et assassiner d’honnêtes citoyens. Il a fallu agitations, pressions et clameurs populaires pour que la machine officielle se mette en branle pour enfin constater l’irréparable.

 

Le mérite du gendarme (ou du policier) après le crime…

 

arimi choubadé



 
 
Tag(s) : #EDITORIAL
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