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vendredi 24 décembre 2010, par dp 24 H
Investiture du candidat de l’U.N. au Bénin: Les aveugles ont vu et les sourds ont entendu Me Adrien HOUNGBEDJI !
 
 

Le Stade de l’Amitié de Kouhounou était devenu un peu juste pour contenir le monde qui ne voulait pas se faire conter l’événement de l’investiture du président Adrien Houngbédji par ses pairs. C’est, de mémoire d’homme, le pape Jean-Paul II qui aurait pu mobiliser autant de monde au Bénin. Oui, il s’agissait bien du pape de la politique béninoise que le peuple était venu voir et écouter religieusement ce samedi 18 décembre 2010 ; l’homme qui a reçu le plus de coups sans en donner volontairement ; l’homme qui a beaucoup donné et à qui on a compris qu’à présent, il faut donner.
 

Le maître de cérémonie, le ministre Gaston Zossou a bien raison lorsque, parlant des leaders de l’Union fait la nation, il les appelait des hommes de valeurs, des hommes de cœur, des hommes de bonne volonté parce qu’il faut bien, au minimum, toutes ces valeurs-là réunies pour rendre possible un rassemblement humain d’une telle ampleur. Il ne fallait effectivement pas moins que cela pour démentir les faux prophètes qui prédisaient depuis bientôt trois ans l’effritement d’une union politique qui leur donnait en fait des insomnies. L’événement était à la mesure de la cause. Aucune radio ni aucune télévision ne saurait malheureusement retransmettre fidèlement l’émotion, et la ferveur qui se dégageait de la marrée humaine et que chacun ressentait comme annonçant la fin d’une période douloureuse, très douloureuse même.

 

Le rideau est donc levé ! La machine à broyer le yayisme et tout ce qui y ressemble est incontestablement en marche et tant pis pour ceux à qui son annonce faisait déjà peur. Il y a bel et bien un candidat unique de l’opposition. Il s’appelle Maître Adrien Houngbédji ; il va devoir conduire les destinées du Bénin pendant cinq ans et ainsi poser les jalons du développement humain durable. C’et bien pour cela que il s’est assigné comme mission de restaurer la maison Bénin tant celle-ci a été bien ébranlée par des pratiques des apprentis sorciers des temps modernes qui ont pensé que l’on peut se jouer tout le temps des masses populaires en les manipulant et en les infantilisant. La jeunesse est venue massivement exprimer aux vrais leaders politiques de notre pays de la sauver du naufrage collectif vers lequel la mènent ceux qui prétendent la gouverner aujourd’hui. Elle est donc venue écouter le discours et partager l’enthousiasme salvateur de ses leaders.

La boulimie manifestée par Boni Yayi pour contrôler toutes les institutions républicaines, et plus particulièrement celles de contre-pouvoir l’a mis à nu. Les Béninois avaient cru devoir laisser faire pour savoir ce qu’il en ferait et ainsi jauger son aptitude à filer droit. On a fini par comprendre que le catapultage au sommet de l’État peut donner le vertige. On a fini par comprendre qu’on ne peut gouverner efficacement que si on est réellement porteur d’un projet. On a fini par se rendre compte que ceux qui prétendent diriger le Bénin depuis avril 2006 n’ont fait que le mettre dans le trente-sixième dessous.

 

Le fameux slogan "ça peut changer, ça va changer et ça doit changer" est devenu un cauchemar, parce que les jeunes qui avaient massivement opté pour ce changement dont ils n’avaient jamais pris connaissance du contenu ont vu que tout a changé dans le mauvais sens pour eux. Les promesses faites à ces jeunes se sont révélé être des leurres et ils crient partout leur ras-le-bol. Ils expriment le sentiment que Boni Yayi avait cherché à conquérir le pouvoir d’État plus pour répondre à un caprice d’enfant que pour promouvoir leur mieux-être. La meilleure preuve de mes propos réside dans le fait que Boni Yayi n’a fait que rester sur le pas de la maison Bénin qu’il est sensé diriger ; il ne pouvait donc pas la connaître et il a dû le confesser dans son discours à la nation le 31 juillet 2010. Il ne peut alors s’inscrire dans aucune dynamique de progrès de la maison tant il ne peut en comprendre les règles de fonctionnement et il l’a bien prouvé, le 9 août 2010, à travers la lettre qu’il avait fait envoyer au président Bruno Amoussou et au président Lazare Sèhouéto.

 

La Directrice de Cabinet de Boni Yayi y demandait à ces deux députés "d’utiliser toutes les voies qu’offrent les textes en vigueur pour prendre congé du Parlement et vous mettre à la disposition de la Justice en vue de la clarification de ces différents dossiers dans l’intérêt supérieur du peuple béninois". La réponse lui fut adressée sous forme d’une leçon élémentaire de droit qu’on donnerait à un néophyte. Inculture, indélicatesse ou intimidation, pourrait-on se demander. Si après plus de quatre années d’exercice de pouvoir, on en est encore là, Boni Yayi ne connaîtra pas plus la maison Bénin qu’il n’avance ! Il nous faut absolument l’en débarquer ! Le président Valéry Giscard d’Estaing n’avait pas fait autant entorse à la bonne gouvernance en France entre 1974 et 1981 pour que son successeur eût à lui suggérer, en son temps, de ne pas se représenter.

 

Un haut responsable politique de chez nous m’avait confié, en juin 2008, qu’un journaliste suffisamment digne de foi lui avait rapporté que Boni Yayi avait dit avoir fait son deuil de l’élection de 2011, mais qu’avant de partir, il règlerait des comptes. On pourrait penser qu’il est capable, politiquement parlant, de jeter le manche après la cognée, mais que l’on ne s’y trompe pas ! L’appétit vient en mangeant, celui de gouverner vient en exerçant le pouvoir d’État. Boni Yayi respire par tous les pores le plaisir de gouverner.

 

Jamais autant d’actes politiques qui froissent le bon sens n’ont été posés que sous ce régime dit du Changement puis jamais autant de grenouillages, de propos malencontreux voire injurieux n’ont été enregistrés que sous ce régime-ci. Jamais les Béninois n’ont autant porté leur région ou leur ethnie comme un drapeau. La rumeur publique enflait un moment, faisant état de ce que Boni Yayi voudrait imposer la tenue d’une autre conférence des forces vives de la nation afin d’obtenir une immunité personnelle avant de quitter le pouvoir. Un bon chrétien, me semble-t-il, doit savoir respecter les règles du jeu et se montrer fair-play et non chercher à régler des comptes quand il se sent en difficulté. Il n’est pas étonnant qu’il se soit saisi de l’idée de refondation de la République que ses adversaires politiques se proposaient de suggérer à nos compatriotes après le désastre causé par sa gestion des affaires du pays. Mais il a fini par prouver qu’il n’en connaissait pas le contenu et donc, venant de lui, cela ne pourra rester, comme le changement et l’émergence, qu’une idée jetée en l’air. Il nous faudra absolument restaurer la maison Bénin !

En tant que citoyen assumant le dialogue avec l’opinion publique qui partage la vision de l’Union fait la nation, je voudrais ici lancer un vibrant appel à tous mes concitoyens qui ne souhaitent pas une rectification fallacieuse de notre démocratie. 2011 est un rendez-vous très important à ce sujet. Il s’agira probablement cette fois-ci du couplage des deux élections majeures. Elles ne se gagneront pas seulement par des conciliabules ni par des démonstrations publiques de forces intellectuelles, mais il sera surtout nécessaire de labourer le pays profond, de ne laisser nulle place où la main ne passe et repasse, c’est-à-dire de communiquer abondamment sur ce qui fonde le projet politique dont nous sommes porteurs.

La stratégie de la tranchée où on s’enterre et on attend ne paiera pas : il faut dès maintenant occuper constamment le terrain et expliquer, convaincre puis séduire. Nous devrons nous battre de toutes nos forces, même si ce n’est que pour une seule voix. Cette conviction d’un chemin à explorer, une échappée vers le possible qu’il faut évidemment étayer oblige forcément à un travail de fourmis dans la mesure où il doit aider à dégager l’horizon et à empoigner l’occasion. Puisse le peuple entendre l’appel de celui qui avait pensé que le Bénin était face aux espérances en 2006 !

 

Jamais la paix n’a été autant menacée au Bénin. Nous avions eu, un moment, des inquiétudes quant à la tenue à bonne date de l’élection présidentielle de mars 2006 sans avoir jamais craint les crépitements d’armes ; Boni Yayi nous fait vivre depuis un moment des frayeurs quant à la tenue et à l’issue des scrutins de mars 2011 au point où les trois anciens présidents de la République vivants ont cru devoir aller à son cabinet à la mi-août 2010 pour l’exhorter à trouver les moyens pour faire baisser la tension politique et psychologique dans le pays.

Peu de temps après, la doyenne d’âge de l’Assemblée nationale rapporta à l’hémicycle des propos d’une gravité extrême tenus par le président de la République chez elle, le 1er août 2010 ; "je vous cognerai tous et les députés aussi ! Je vais mettre le pays à feu et à sang !" aurait dit, entre autres, celui qui avait dit être prêt à "verser son sang pour le pays". Dans le même temps, vis-à-vis des lois électorales, la Cour constitutionnelle se comporte comme si elle devait se substituer aux parlementaires pour voter des lois au point où une parlementaire de la majorité présidentielle eut à rappeler que "les juges constitutionnels n’ont qu’à dire le droit et qu’ils étaient précédemment dirigés par des femmes qui n’avaient jamais outrepassé leurs prérogatives".

 

Veuille le Tout-puissant nous sortir des griffes de ce régime terriblement miné par ses contradictions mais également épuisé par ses faiblesses. Il faut donc mettre le cap sur 2011 pour sortir des impasses.

 

Ismaël Kaffo, essayiste sociopolitique


Tag(s) : #EDITORIAL
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