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Les Français de plus en plus allergiques
 
LE MONDE | 20.04.10 
 


ternuements, nez qui coule, yeux qui piquent, urticaires... pour des milliers de Français, l'arrivée du printemps n'est pas qu'une bonne nouvelle. Environ 25 % de la population est allergique, contre 4 % il y a quarante ans, soit 18 millions de personnes, dont 12 millions de rhinites allergiques et 3 millions d'asthmatiques. Un Français sur deux pourrait être touché en 2015, selon l'Association de recherche clinique en allergologie et asthmologie (Arcaa). L'allergie, classée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) au quatrième rang des maladies chroniques, a doublé en vingt ans.
 

 

Comment expliquer cette hausse ? Principaux facteurs explicatifs, l'environnement extérieur, notamment la pollution atmosphérique, le mode de vie, avec des appartements plus confinés, le tabac, les acariens, les composés organiques volatiles (COV), substances chimiques présentes dans les peintures, meubles, etc.

Les allergies alimentaires progressent elles aussi. Elles touchent 6 % des enfants de moins de 15 ans, entre 2 % et 3 % de la population générale. Les symptômes sont variés : troubles digestifs, cutanés (urticaire, oedème de Quincke, eczéma), respiratoires (rhinites, asthme), jusqu'au choc anaphylactique (qui peut entraîner la mort). "Les formes sévères sont en augmentation", explique le pneumologue Frédéric de Blay, président de la Société française d'allergologie (SFA). Certes, la plupart des allergies sont légères, mais on compte 2 000 morts par asthme tous les ans, rappelle l'allergologue Isabelle Bossé, présidente du Syndicat français des allergologues (Syfal) et de l'Arcaa.

 

La croissance des allergies alimentaires trouve ses causes dans "la grande diversification des aliments et leur industrialisation qui ont augmenté la présence d'additifs", selon l'allergologue Dominique Château-Waquet, auteur de Et si c'était une allergie (Presses du Châtelet). Certains avancent aussi une diversification trop précoce de l'alimentation des bébés. "Les gens vivent dans un environnement de plus en plus propre et désinfecté. Du coup, on n'a plus de parasitose, c'est une hypothèse", avance Jean-Pol Dumur, allergologue à Aix-en-Provence.

 

Beaucoup d'allergiques s'ignorent : une personne sur trois ne serait pas soignée. On peut le devenir à tout âge. "Le message à faire passer est qu'à partir du moment où l'allergie est tellement présente qu'elle est une gêne, il faut consulter un allergologue et se faire dépister", prévient Isabelle Bossé. D'autant plus qu'une rhinite allergique sévère peut altérer la qualité de vie : difficultés à se concentrer, fatigue, irritabilité, etc.

 

Il faut faire un bilan allergologique : le spécialiste doit déterminer les antécédents - un enfant qui naît de deux parents allergiques a 80 % de risques de l'être lui-même -, l'environnement, les symptômes, les circonstances qui les déclenchent. Une fois passé cet entretien, les tests cutanés et biologiques sont pratiqués. "Il est important d'être précis, il faut être sûr, surtout chez les enfants", insiste Frédéric de Blay. Une fois l'allergène identifié, il faut ensuite essayer de l'évincer.

 

Une grande partie des allergies alimentaires chez l'enfant cesse avec l'âge. En revanche, "seulement 20 % des allergies aux arachides disparaissent", selon le docteur Dumur. Les médicaments antiallergiques (antihistaminiques) ne sont pas toujours suffisants. Il vaut mieux éviter l'automédication, et, pour les allergies respiratoires, consulter une fois par an, si possible avant l'arrivée des pollens. Le seul traitement spécifique consiste à effectuer une désensibilisation, qui ne peut toutefois être pratiquée sur tous les allergènes, comme les aliments par exemple. "La désensibilisation consiste à administrer de petites doses d'allergènes, progressivement croissantes, pour induire une tolérance. Le traitement peut être pratiqué par injections hebdomadaires, puis mensuelles, mais on utilise de plus en plus les gouttes sublinguales quotidiennes. Le traitement doit durer environ trois ans", explique le docteur Sophie Silcret-Grieu, allergologue.

 

Son effet dure en général plusieurs années. Il varie selon les personnes, en fonction de l'environnement mais aussi des caractéristiques immunitaires individuelles. "Tous les allergiques ne méritent toutefois pas une désensibilisation", indique le docteur Bossé.

 

Point préoccupant, il y a de moins en moins d'allergologues en France : 550 exclusifs et 2 200 pneumologues, dermatologues... qui font aussi de l'allergologie. "Les actes devraient être mieux rémunérés", estiment plusieurs médecins.

 

 

 

Pascale Santi

Les allergies croisées ne cessent d'augmenter
 
 

Les allergies croisées toucheraient près de 2 % de la population française. L'association pollens et fruits ou légumes est la plus commune, par exemple l'allergie aux pollens de bouleau, noisetier, peut ressurgir lorsque la personne mange des pommes, poires, fruits rouges, noisettes, cacahuètes, amandes, kiwis... L'allergie aux pollens d'ambroisie (une plante sauvage) s'accompagne parfois d'une allergie au céleri et à certaines épices. Près d'un tiers des victimes d'allergies aux pollens connaissent les mêmes désagréments face à certains fruits. De même, un allergique aux acariens peut l'être aussi aux escargots. Les allergies alimentaires concernent souvent plusieurs aliments.

L'existence de structures moléculaires communes expliquerait ces allergies croisées entre des plantes, des aliments, le latex qui sert à fabriquer le caoutchouc, des animaux, des médicaments.



Article paru dans l'édition du 21.04.10



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