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L’intrus dans la chaîne de bouffe des change-menteurs
 
 
jeudi, 9 avril 2009 / Arimi CHOUBADE

Soulé Mana Lawani s’est retrouvé à l’endroit où il n’aurait jamais dû se trouver. Du moins, à un endroit où il ne devrait pas durer si longtemps. Près de deux ans en plein au cœur de la nébuleuse des véhicules d’occasion, c’est énorme ! Presque un record. Quatre ministres des Transports, quatre directeurs généraux de la douane, quatre directeurs généraux du Port autonome de Cotonou. Il n’y a que le ministère des Finances qui semble avoir relativement été épargné par la valse de cadres : deux seulement d’avril 2006 à avril 2009. Koukpaki que l’on disait indéboulonnable n’y a séjourné qu’un an. Et voilà que Soulé Mana s’incruste sans lâcher prise.

 

Une chaîne de véhicules d’occasion qui ne garde que deux permanents depuis sa reprise en main par les émergents : Yayi lui-même et son beauf précédemment à la Bceao. Ainsi verrouillé, le système parait à l’abri de toute fuite préjudiciable. Le reste est constitué d’halogènes qui ne gênent pas tant que leur passage demeure éphémère et sans grande conséquence. Voilà que Soulé Mana ne part pas aussi vite qu’on l’aurait souhaité. Avec le risque qu’il infiltre chaque jour davantage les circuits de dispatching de la manne réputée être la pompe à fric des marches de soutien, de meeting de remerciement, de mouvements sollicitant la candidature du docteur-président pour la présidentielle de 2011, des marchandages de clé des villes rebelles, etc…

 

Grâce à cette minutieuse précaution, personne n’a jamais su avec précision tout ce qui s’est tramé autour de cette filière pendant les années où les fonds ont été tenus en dehors de tout circuit budgétaire réglementaire. Ce n’est pas pour rien que des gars les plus avertis du G13 multiplient les dénonciations de l’Ormeta tissée autour d’une activité sensée retournée à la douane mais qui est soustraite de la procédure budgétaire normale. Même la publication d’un rapport de l’Inspection générale des finances sur le sujet devient un enjeu politique de haute importance. La présence d’un supposé intrus dans ce cercle relativement bien gardé jusque-là devient de plus en plus risquée. Soulé Mana devrait donc rendre le tablier.

L’acharnement contre l’argentier national se comprend donc aisément. Un grand naïf qui pensait se mettre au dessus des combinatoires grâce à la compétence, la probité et la neutralité. Ceci jusqu’au jour où lui et ses proches découvrent la dureté de la lutte politicienne au sein d’un régime d’affairistes, de bondieuseurs et de jouisseurs. On a tôt fait de lui coller au dos des élans de traîtres au projet de rempilage du grand chef à cause d’ambition pour lui-même de tenter le fauteuil présidentiel. Pour sortir de l’engrenage et sauver son poste, Soulé Mana n’avait eu qu’à franchir le rubicond en s’improvisant tribun, pas pour son propre compte mais afin de rallier ses frères du village (Zinvié) à la cause du docteur-président.

 

On se doute bien de l’efficacité de cette subite reconversion. D’autant plus que les souliers d’obscur conseiller aux questions monétaires commence par devenir trop étroit pour le beauf fraîchement retraité de la Beceao. Pendant ce temps, l’intrus de la chaîne prend de l’ampleur et de l’étoffe auprès d’une partie de l’opinion publique. Il pourrait se révéler plus tard un témoin très gênant si les « G » et « F » parvenaient à mettre à exécution leur vœu de voir les émergents répondre un jour de la gouvernance de rente et de prébendes instituée depuis avril 2006. La bataille autour de la configuration de la Haute cour de justice se nourrit aussi des fonds de véhicules d’occasion.

 

Pour Soulé Mana, le compte à rebours défile déjà son compteur ; jusqu’à quand ?



Tag(s) : #EDITORIAL
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