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Bénin: La lueur du désert

Du désert nigérien nous vient une lueur, en guise de leçon, et il faut prendre le temps de l’accueillir par amitié pour un peuple voisin mais aussi par sagesse, pour notre propre sort. Face à un président Mamadou Tandja en proie à la folie de son pouvoir au point de perdre la raison dans ses basses manœuvres, compromettant ainsi le destin d’une jeune démocratie, la résistance unanime de la nation nigérienne est à féliciter. L’Assemblée nationale, la Cour constitutionnelle, certains ministres qui ont poussé l’honneur à démissionner, les politiciens et surtout la société civile nigérienne, et qui plus est, son armée, continuent de prouver que le peuple nigérien est plus mûr que son président ! Ce peuple frère mérite l’admiration et le soutien des autres forces civiles et politiques de notre sous-région, qui devraient se montrer même plus actives à ses côtés.
La situation nigérienne doit faire davantage réfléchir le Bénin où les pièces isolées du puzzle des prochaines élections ne permettent pas à l’observateur distrait de voir le panorama général des risques que nous prenons. Avec les dernières élections communales et municipales dont les contentieux se prolongent au point d’être oubliés par l’opinion publique, nous savons que quelque chose a changé au Bénin et pas pour le meilleur. Mais ceux qui en sont sceptiques encore ou qui pensent que les élections locales représentent une situation exceptionnelle, n’ont qu’à observer les dérives dans les campagnes et les tractations lors des élections pour le renouvellement ou l’installation des institutions comme la Haac et le Ces. D’un cas à l’autre se confirme une boulimie démesurée de contrôle de tous les pouvoirs, insatiable dans le contrôle de tout, de tous, et à tout prix. 


La même recherche d’hégémonie s’est puissamment mise à l’œuvre dans le contrôle de la toute récente Commission politique de Supervision (CPS) du Rena et de la Lépi. Et la crise actuelle qui fragilise davantage la Société civile béninoise n’en est qu’une conséquence. De la même manière dont la Société civile a perdu des voix comme Roger Gbégnonvi, Lionel Agbo et Reckya Madougou, elle est en train de perdre beaucoup d’autres membres aux niveaux décentralisés. Une des chances de notre voisin du désert, c’est que les forces sociales y ont réussi à se maintenir relativement ensemble, malgré leur diversité. Cette force, la Société civile béninoise ne l’a plus, dès lors que dans ses rangs d’aucuns s’enivrent dans les amas du pouvoir.

Abbé André S. Quenum

 

Source: La croix du Bénin - 03 juillet 2009 


 

Tag(s) : #EDITORIAL
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