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Chronique du jour

Le baroud d’ honneur de Boni Yayi


Le quatrième gouvernement est un mélange de Edith Piaf ; " Je ne regrette rien " et de Julio Iclésias : " Je n’ai pas changé ". Ce gouvernement est dit de combat, c’est à croire que le combat a été de tout le mandat puisque le 4ème ressemble au troisième dans sa philosophie, dans le choix du profil politique. Le dernier acte d’une mauvaise pièce entre tragédie et comédie.

 

Boni Yayi a usé d’un droit constitutionnel ; la constitution de notre pays en son article 54 édicte : " le Président de la République est le détenteur du pouvoir exécutif. Il est le chef du gouvernement, et à ce titre il détermine et conduit la politique de la nation…il nomme après avis consultatif du bureau de l’Assemblée nationale, les membre du gouvernement, il fixe leurs attributions et met fin a leur fonction. Les membre du gouvernement sont responsables devant lui ".Le troisième remaniement d’envergure opéré par Boni YAYI laisse songeur.

 

Mais le chef de l’Etat a d’ores et déjà gagné son premier pari. A elle seule, l’idée d’un remaniement redore le blason du Docteur- Président. Elle lui offre une virginité. Et on peut dire qu’il a pris tout son temps. L’attente aura été longue. Le suspense entretenu autour de l’illusion d’une vaste redistribution des cartes a nourri les espoirs les plus fous. Les fameuses kermesses de consultations maculées et des simulations les plus fantaisistes ont traîné en longueur. Grâce aux médias, des brouillons du gouvernement s’épanouissent dans les têtes pour être aussitôt démentis. Pendant des mois, la magie du remaniement a fonctionné. De quoi faire courir dans les couloirs de la Marina.

C’est donc ça l’équipe mille fois annoncée pour sortir le pays de tous les maux. Il paraît que c’est un gouvernement de combat, une équipe de campagne pour la réélection de Boni YAYI. C’est donc à cela que servent les ministres de la République. Le ministre apparaît sous le régime du changement comme une prise de guerre destinée à déstabiliser l’adversaire.

 

Les marchandages d’épicier qui ont présidé à ce réajustement gouvernemental discréditent l’opération. Les convives au banquet gouvernemental y vont pour jouir des honneurs et des avantages du cocon ministériel. Candide AZANNAI devient ministre de l’industrie. Lui qui a rompu les amarres avec son ex-protecteur. L’espoir est ainsi restauré lui le truculent Secrétaire Général de la Renaissance du Bénin qui se targue d’être le seul à pousser les Soglo à la retraite.

 

AZANNAI comme Bernard Lani Davo, c’est l’ère des recalés. Mais aussi, celle de tous les adolescents, tous ces illustres inconnus poussés à l’air et au soleil. Personne ne sait toutefois jusqu’où pourront aller ces nouveaux visages dans leur devoir de reconnaissance envers leur nouveau maître. Il y a tous les autres et il y a le ministre d’ouverture Modeste KEREKOU . Il hérite d’un porte -feuille taillé sur mesure. Sa nomination fait sensation, c’est le méga transfert de la saison. A lui tout seul, il sauve le Mercator politique. Cet homme dont l’ouvrage trace le métier est une épitaphe : un homme entier qui se bat pour l’ honneur et la dignité des siens . Boni Yayi s’est également débarrassé de sept infortunés, blancs becs occupés à s’empiffrer, usés par les multiples campagnes de sensibilisation, les poses de pierre sans lendemain à tour de bras, les tournées à n’en point finir. Certains ne pouvaient guère survivre à un remaniement. Des feuilles mortes en cet automne politique…

 

Boni YAYI a toutefois rendu une meilleure copie que la dernière fois. Le Chef de l’Etat a visiblement tiré leçon des bras d’honneur de Valentin Aditi Houdé et de Basile AHOSSI. Il n’y aura donc pas des émergents ternes et empruntés appelés en urgence pour combler les vides de la photo de famille sur le perron du palais de la Marina d’Octobre 2008. Ce sera à nouveau trente ministres, pas moins pour plomber le trésor public.

 

C’est un remaniement cosmétique. L’essentiel de la machine du changement demeure. On a juste changé la charpente, les poutres de l’édifice resteront.



21-06-2010, Sulpice O. GBAGUIDI


Tag(s) : #EDITORIAL
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